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Traumatisme : mécanismes complexes, multiformes

J’aurais dû rédiger cet article bien plus tôt, mais la fatigue, le manque de temps et le fait que ce soit un sujet assez délicat à aborder ont eu raison de moi.

Je parle ici de traumatismes psychologiques, très souvent sous-estimés (pour ne pas dire mésestimés).

Je ne prétendrai pas être exactement rigoureuse, même si je vais m’efforcer de sourcer mes propos. Évidemment, je ne vais pas rentrer dans des détails compliqués, je veux juste rappeler certaines évidences. J’ai toujours espoir que cela portera ses fruits.

Ce que vous ne verrez pas dans cet article : les arguments pétés dignes du New-Age, l’anthroposophie et compagnie. Comme quoi si une personne a de l’endométriose, c’est parce que sa mère lui a transmis ses traumas. Alors ça c’est non, et je combats ce genre d’idées.

Aujourd’hui, ce qu’on connaît de la psychiatrie en règle générale est ou devrait être réétudié, comme il faut. Y a des balbutiements, mais c’est pas encore ça. Nous sommes en retard et encore frileuxes avec l’idée de creuser le sujet, ou alors, quand c’est fait, c’est toujours au détriment de certaines personnes. Pour rappel : qualifier les femmes d’hystériques, la folie de dangereuse, ce n’est pas de la psychiatrie, mais de la psychophobie (et du sexisme dans le premier cas).

Revoyons la définition plus précise du mot traumatisme : « conséquences émotionnelles pénibles que peut entraîner le fait de vivre un évènement éprouvant » (source : ici). C’est quoi un événement éprouvant, vous allez me dire ? Eh oui : déjà là, il est compliqué de le définir. Ce qui n’a rien provoqué chez une personne peut déclencher une apocalypse chez une autre. Bien sûr, il existe des événements communs où l’on s’accorde à dire qu’ils sont éprouvants et provoquent de la souffrance.

On ignore pourquoi tel événement déclenche un traumatisme chez quelqu’un et pas chez une autre personne, ou pourquoi il faut parfois du temps avant que le PTSD se déclare. Cela fait partie des choses qu’il faudrait creuser (source : ici).

La souffrance ne passe pas toujours avec le temps. Oui, on l’enfouit, et paf, un jour, elle ressort, pour être de nouveau enfouie. Ou il y a un déni, ou un oubli. Ou on apprend à vivre avec. Dans certains cas, elle passe, mais c’est comme les antibiotiques : pas systématique. Il est quand même amusant de constater que l’on oblige autrui à être heureuxe (sans l’aider au passage), parce que les émotions négatives dérangent, alors même que le cerveau humain sera plus prompt à retenir surtout le négatif. S’agit-il là d’une dissonance cognitive ? Ah, je m’égare…

Lorsqu’une personne vit un événement difficile, par la suite, elle garde une certaine forme de trouble anxieux : le syndrome de stress post-traumatique (ou PTSD en anglais). Ou, dans le cas d’un traumatisme répété et prolongé, cela se transforme en traumatisme complexe (la dissociation, la déréalisation en sont des manifestations).

Au cours de la vie d’un individu, les traumatismes peuvent s’accumuler.

Les mécanismes d’un traumatisme sont multiformes, complexes. Le cerveau cherchera par tous les moyens à préserver l’intégrité physique et mentale d’une personne, et cela peut passer par de la sidération, de la déréalisation, de l’amnésie, de la dissociation… Le PTSD est là pour rappeler que la personne n’a pas soigné ses blessures psychologiques. Ce n’est pas agréable, loin s’en faut.

En avoir conscience est une première étape pour aller mieux. Ensuite, il ne faut pas se contenter de cerner les conséquences d’un traumatisme. En rechercher les causes est l’étape suivante, je dirais. Et ces causes, parfois, il faut les rechercher loin dans son passé.

Le fait de nier la souffrance d’une personne peut l’aggraver. Et non : à sa place, vous n’auriez sans doute pas fait mieux qu’elle. Cet article explique de manière plus complète ce que je vulgarise : ici.

Un traumatisme n’est pas confiné à l’exceptionnel. Dire que c’est galvaudé, c’est comme dire que les violences de manière générale le sont aussi. Je rue dans les brancards chaque fois que j’entends ce genre d’ineptie. C’est cruel, injuste, inexact. Non, la personne « n’en fait pas trop » ; non, elle « n’exagère pas » ; non, elle ne l’a pas « cherché ». Je le répéterai jusqu’à plus soif.

L’accès aux soins est de plus en plus compliqué, voire inexistant en ce qui concerne la psychiatrie. C’est pour cela que je ne blâme pas les gens qui n’ont pas un suivi psy. En plus, asséner à quelqu’un « va te faire soigner » est contreproductif. Vous, vous y êtes peut-être arrivæ. C’est bien, vous avez eu de la chance, et non, la volonté ne suffit pas, surtout quand on est une personne précaire/qui est phobique de tout ce qui a attrait au médical/qui vit dans un désert médical. Non, ce ne sont pas des excuses, mais des réalités. En plus, il arrive que l’on tombe sur du personnel médical maltraitant, psychophobe. On ne forme pas assez les gens sur ça, j’en suis désolée.

En tant qu’aide à domicile, je m’occupe de personnes handicapées, avec divers troubles psys. C’est grâce à des personnes informées sur la psychophobie et le handicap, concernées, que j’arrive à ne pas faire trop de la merde, pour parler crûment. Et le peu de formations qui existent pour s’occuper d’un tel public, eh bien il faut le dire : elles ne sont pas terribles.

Et moi, ai-je des traumatismes ? Oui, comme tout le monde – si si, je vous assure, et ce n’est pas une fatalité hein. Je parle de mon vécu dans Mes écrits, entre rêves et traumas.

Chaque personne réagit différemment, même si on peut dégager des schémas généraux.

J’espère qu’à la lecture de ce modeste article, vous aurez moins d’a priori sur le traumatisme.

Cet article a 2 commentaires

  1. Sunread26

    Très bon article, et oui, chaque événement peut être vécu différemment pour chaque individu ^^
    Parfois, on ne s’en rend même pas compte, ou alors que bien plus tard… Au final, on sait si peu de choses sur nous-même 😮

    1. Justine_CM

      Voilà.
      Après, vu la psychophobie des gens, ça a bien du mal à rentrer dans leur tête…

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