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Perfection de soi et l’Idéalisation d’autrui

Les trois articles qui suivront, celui-là compris, parleront de l’Idéalisation. Celui-là date de 2018.

Aaaah, l’Idéalisation… Comme toujours, alors que je commence à écrire cet article, j’essaie de rassembler mes idées. Là, il y a beaucoup de choses à dire, de thèmes à aborder. Faisons simple : parmi vous qui me lisez, il y a certaines personnes perfectionnistes, un atout comme une plaie parfois ; parmi elles, cela passe par ce que j’appelle l’idéalisation d’autrui. Qu’est-ce que c’est ?

Quand on admire des personnes, c’est normal. Nous le faisons à certaines périodes de notre existence, surtout lorsqu’on est très jeune. Qu’est-ce que l’idéalisation ? Le stade au-dessus, celui où nous glorifions de façon exagérée quelque chose, où l’on déforme une croyance pour mieux y croire. Quand nous idéalisons quelqu’un, nous le plaçons sur un piédestal, nous avons tendance à ne pas voir ou à ignorer ses travers.

J’ai un rapport compliqué avec l’idéalisation. Je vais essayer de vous expliquer en restant claire. Ici, via cet article, je vais parler de mon expérience personnelle, parce que je me sentirai plus à l’aise avec cette « base ». Évidemment, ça ne veut pas dire que je détiens la vérité absolue.

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours vécu en rêvassant beaucoup. Je suis toujours dans la lune, mais je m’efforce de transformer mes rêves en réalité. Avec ça, l’imagination s’emballe, et pouf, des histoires naissent dans ma tête. On peut lier ça avec le fait de « se faire des films ». J’avoue que cela m’arrive de temps en temps, mais c’est quelque chose avec lequel j’ai appris à vivre et j’en ai fait une force. C’est devenu un moteur pour l’écriture de manière indirecte, et aussi un moyen d’anticiper beaucoup de situations dans ma vie en règle générale – même s’il faut que je me calme là-dessus parce que, parfois, j’en fais trop. Bref, on va dire que j’ai un bon contrôle dessus. Peut-être trop de contrôle. Cela rejoint le désir de perfection, d’ailleurs…

Je n’ai pas toujours été aussi équilibrée de ce côté-là : quand j’étais plus jeune, j’étais plus fragile, affaiblie aussi par certaines circonstances. Je ne contrôlais rien, si ce n’est ma façon d’être pour être la plus effacée possible. La plus quelconque, la petite souris, la fille fantôme, la fille parfaite aussi. Paradoxalement ça ne marchait pas, il y a un je ne sais quoi chez moi qui, malgré moi, attire l’attention. Ce n’est pas moi qui le dis, mais les autres, que ce soient de parfaits inconnus ou des proches. Pourquoi est-ce que je m’acharnais toutefois à essayer de me faire oublier ?

Vivre avec un ex-beau-père PN pendant quinze ans laisse des traces… Oserais-je évoquer de nouveau mon article « Mes écrits, entre rêves et traumas » ? Oui.

Quand sans cesse, vous cherchez à contenter l’autre, à éviter toutes les situations où iel pourrait se mettre en colère, s’en prendre à vous, eh bien… vous anticipez tout (c’est de là que vient ma tendance poussée à tout vouloir contrôler). On m’a reproché il y a peu encore de ne pas être capable de le faire en période down et de ne pas me mettre à la place des autres (parmi d’autres balles perdues). Par moments, aussi, vous en venez à devenir un peu comme iel. Je m’explique : comme læ PN, vous développez un côté manipulateur, pas pour l’utiliser contre les autres, mais pour vous protéger du mieux que vous le pouvez. Tenter d’être quelqu’un d’autre comme je l’ai fait est une forme de manipulation (mais comme je l’ai dit, ça ne marchait pas vraiment, parce que je suis infoutue de mentir).

Hahaha, côté idéalisation, j’ai pris une sacrée baffe.

Par moments, vous avez aussi tendance à dramatiser. Après tout, vous avez un parfait professeur en la personne du PN pour ça, puisque iel-même s’amuse à dramatiser pour vous faire culpabiliser – alors que vous, si vous dramatisez, c’est parce que vous êtes en détresse, là est la différence. Un petit grain de sable devient un désert brûlant dans votre tête. Une dispute se transforme en cataclysme. Vous avez l’impression que l’on ne vous aime plus, d’avoir fait quelque chose de mal, d’impardonnable. Normal quand vous viviez sans cesse ce schéma chez vous, avec cette personne-là PN qui, de toute façon, est incapable d’aimer quelqu’un d’autre qu’elle-même !

Je divague.

Quant à l’idéalisation, eh bien… Ça marche sur le même principe. Lorsque vous idolâtrez une personne, vous mettez tout en œuvre pour lui ressembler, pour lui plaire, pour attirer son attention. Pour vous, cette personne est parfaite, même ses défauts sont magnifiques.

Dans le cas de læ PN, on a tendance à idéaliser cette personne parce qu’elle fait tout pour ça ! Là est le piège. Oh, à l’adolescence, je percevais les défauts chez mon ex-beau-père, mais voilà, période compliquée de base, alors j’ai oscillé entre crises de rébellion et désir d’être la plus irréprochable possible. Sur la fin, je ne supportais plus vraiment, j’avais l’impression que deux Justine différentes cohabitaient dans un seul corps. Deux Justine qui, au fond, sont une seule et même personne, mais voilà, le point de rupture était proche. (Non, non, non, pas que deux Justine… Non, non.)

De manière générale, pourquoi un tel mécanisme se déclenche ? Pourquoi on est poussés à glorifier l’autre et à vouloir atteindre son niveau à tout prix ? Ça peut être dans notre caractère, ou à cause d’une faible estime de soi, une empathie très forte, un vécu très difficile. On peut aussi combiner le tout…

Pour ma part, c’est un mélange. Mon vécu a eu un impact fort sur mon estime, ma confiance en moi. De caractère, je ne pense pas être quelqu’un qui idéalise naturellement même si je suis une rêveuse chronique. En fait, je pense que j’ai commencé à avoir cette tendance pour me protéger, parce que j’avais besoin d’avoir quelque chose à laquelle m’accrocher pour devenir la meilleure personne possible.

Le subconscient est très complexe, il nous pousse à avoir des comportements, des pensées contradictoires, étranges. La preuve en est mon expérience personnelle, que j’analyse depuis des années (et je sens que je n’ai pas fini). Si un jour vous vous sentez le courage d’examiner vos propres mécanismes psychologiques, sachez que la surprise sera au rendez-vous.

Aujourd’hui, je suis encore dans ce mécanisme d’idéalisation, et je pense que ça fera partie de moi toute ma vie. Je dois juste conserver un équilibre.

C’est la raison pour laquelle aujourd’hui, je n’ai jamais occulté les défauts de la personne que j’idéalise, son côté sombre. Oh, il y en a qui s’imaginaient – et s’imaginent encore – que je vis dans le monde des Bisounours, mais non. J’ai même pu faire peur à certaines personnes qui, en se rendant compte que j’étais totalement consciente de leur côté sombre et qu’en plus, je leur pointais sous le nez, en venaient à me traiter de manipulatrice. Des personnes que j’ai considérées comme des frères, des sœurs de cœur. Il y a même un père de cœur dedans. Ahahahaha… Je ris, mais jaune. Quant à l’empathie, elle a toujours été là, de même que l’hypersensibilité, l’hyperémotivité… Suis-je une personne faible ?

Le fait d’être fort ou faible n’est qu’une question de point de vue. Nos forces peuvent devenir nos faiblesses, et nos faiblesses devenir nos forces.

Il y a autre chose qu’il me faut aborder. Paradoxalement, quand j’idéalise quelqu’un, je ne suis pas la seule. C’est réciproque, alors que je ne fais rien pour ça ! D’ailleurs, les gens qui me traitent de manipulatrice et de tous les noms à la fin d’une amitié, c’est dû à une idéalisation mutuelle… Par contre, iels nient mes défauts jusqu’à ce que j’en sois criblée parce que je « déçois leurs attentes ».

Alors je dis que j’ai tendance à idéaliser certaines personnes ; pour autant, même à la fin, je ne m’amuse pas à les diaboliser. Quant à mon ex-beau-père PN ou d’autres personnes aux comportements toxiques (comme celles que j’ai considérées comme faisant partie de ma famille de cœur), je les ai cernæs depuis le début, mais je fais malheureusement partie des personnes adeptes de la 2nde chance. Je me soigne, promis.

Le fait d’idéaliser quelqu’un me pousse aussi à soit travailler dur dans le domaine où excelle la personne, soit à craindre de passer pour une idiote et à me renseigner à fond. Je vais donner deux exemples qui illustrent ces deux situations : le premier, en tant qu’autrice. Je ne suis pas la seule dans ce cas de figure ! Certains sont venus m’en parler… Depuis le début, je pousse très loin mes apprentissages. Alors oui, j’adore ça, mais il y a ce mécanisme de vouloir être aussi bonne que certaines personnes que j’admire qui entre en ligne de compte.

Le second exemple, c’est pour les mathématiques. Je déteste ça, hein, et jamais je ne serai bonne dans ce domaine. Pourtant, si je croise une personne que j’admire, je vais poser beaucoup de questions, je vais aussi faire jouer mon côté empathique pour montrer que même si je n’ai pas toutes les facultés pour comprendre, eh bien j’essaie quand même. Même si je n’aime pas ça. Cette personne réussit à rendre intéressant un domaine qui me rebute. Je suis bizarre, hein… J’en sais rien en fait.

Le fait d’écrire, d’être bêta-lectrice, correctrice, peintresse, chanteuse… en gros, artiste… Ce sont grâce à des personnes que j’ai idéalisées (ou idéalise encore) si j’en suis au niveau que j’ai acquis. J’ai cependant dépassé cette envie de « plaire ». C’est une phase dure à passer, mais c’est possible.

Du coup, le fait d’idéaliser autrui est dû à de multiples raisons chez moi. Je suis une personne compliquée de base, là je crois que je vous démontre que ce n’est pas qu’une façade et que je dois apprendre à vivre avec tous les jours.

Je voudrais aborder un autre sujet lié, qui encore aujourd’hui me fait souffrir : quand moi je pousse inconsciemment les personnes autour de moi à être aussi performantes que moi. Ça, c’est quelque chose dont j’ai horreur. Je ne demande à personne une chose pareille. Ce n’est pas faute de le dire et le redire souvent, il arrive toujours qu’à un moment ou à un autre, on me le reproche. Souvent, l’on pense que je fais de l’excès de zèle, ou mon intéressante, ou la maligne. Ou alors, mon rythme « force » les autres à me suivre sans quoi ils se sentiraient bien nuls.

Mon cœur se brise à chaque fois que je suis face à ces reproches. Ou alors, selon certaines personnes, c’est ma faute si on leur demande à elles d’être aussi efficaces que moi (je ne développerai pas pour ne pas m’attirer d’ennuis). Quand j’entends tout ça, je reste comme deux ronds de flan, complètement sidérée, ahurie. J’en viens à avoir honte de ce que je suis, et même à me dire qu’ils se trompent. Ou bien que je suis une tricheuse et qu’un jour ça finira par se remarquer… Ouais, ouais, c’est pas joli ce qu’il se passe dans ma tête, hein ? Ça, c’est une forme d’idéalisation inversée, je dirais.

Quand moi je me lance dans l’objectif d’être aussi bonne dans l’écriture que quelqu’un d’autre, par exemple, il ne me viendra jamais à l’esprit de le lui reprocher. Je m’impose ces contraintes toute seule, personne n’a à en pâtir. Mais bon, tout le monde ne fonctionne pas de cette façon, hein ?

De quoi ça vient, ça ? Du fait que depuis mon plus jeune âge, j’aie tout fait pour être irréprochable, invisible, quelconque, comme je l’ai dit plus haut ? Possible… Ou c’est quelque chose qui a toujours fait partie de moi (et qui du coup m’a beaucoup aidée à me suradapter ?), mais que je n’ai pas encore réussi à comprendre ?

Après, c’est quand même drôle tout ça. Là où les autres voient du zèle, du « Elle joue la fille parfaite », moi j’y vois des failles. Pour arriver à atteindre un but, je n’emprunte jamais le chemin que suivent la plupart des gens. Soit j’intervertis des étapes, soit j’en transforme d’autres, soit j’en rate mais ça ne se voit pas… Par exemple, pour l’écriture, ma plus grosse « faiblesse » réside en mon incapacité à ne pas savoir rédiger un plan détaillé. Alors pour arriver à écrire mes romans, je « triche ». J’ai appris à savoir quels conseils, quels fonctionnements je peux appliquer, même si ça a été très dur. J’ai aussi compris que ce n’est pas grave de ne pas savoir faire de plans. Comme pour un problème en maths, il n’y a pas qu’une seule façon de le résoudre et ça, on a tellement tendance à l’oublier…

Comme d’habitude, ma réflexion n’est pas linéaire (normal, je suis une artiste randopuzzlelière), ça part dans tous les sens. J’espère cependant ne pas avoir provoqué de l’égarement chez vous et que cela vous aura appris quelque chose. Qui sait, peut-être que vous souffrez aussi de l’idéalisation (et par ricochet, de perfectionnisme), qu’elle vienne de vous ou que ce soit ce que vous inspiriez aux autres.

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