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Ces petites phrases comme…

Oui, en tant qu’artistes, auteurices, vous les avez déjà entendues, une ou plusieurs fois. Elles vous agacent, vous titillent, et vous en ignorez exactement la raison. Ce sont des phrases en apparence bienveillantes, mais qui sont assez problématiques. Oui, vous voyez ? Mais si, des phrases comme :

– Ah, c’est pas mal pour un premier roman/Je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi bien.

– C’est bien dessiné/écrit/chanté, même si on voit que c’est amateur.

– Vous vous débrouillez bien, même si à votre place, je n’aurais pas fait comme ça. J’aurais utilisé telle technique…

– Moi aussi mes 1ers jets ressemblaient au tien (précision : alors que votre œuvre n’est pas un 1er jet…)

– Mais vous comptez en vivre/Ah, vous en vivez ?

– Oh, mais vous cherchez à devenir comme l’artiste/ l’auteurice A/ Votre œuvre, c’est comme « œuvre connue »/ Tu écris/dessines du « œuvre connue » ?

– C’est une belle qualité (de papier et couverture) pour de l’AE.

– J’ai beaucoup aimé, je ne comprends pas que les ME n’en ont pas voulu.

Vous ne comprenez vraiment pas les points communs qu’ont toutes ces phrases ? Faisons un petit récapitulatif, si vous le voulez bien.

Déjà, revenons sur le côté débutant vs confirmé. Dire à quelqu’un que « Pour un début, c’est plutôt bien », pour vous, c’est encourageant. Cependant, il y a un aspect inconscient qui, selon la personne à qui vous le dites, peut créer deux effets : soit lui mettre la pression de manière positive, si elle aime le challenge, soit lui mettre la pression de manière négative…

Je vais tout de suite enchaîner sur le côté amateur/professionnel. Revenons sur la définition d’amateur : dans son sens le plus large, c’est juste l’idée que l’on ne vit pas de ce que l’on fait, ou du moins, que l’on n’est pas rémunéré pour. Oui, la précision est importante : unæ artiste/auteurice qui gagne de faibles revenus et a un travail alimentaire à côté, par exemple, eh bien c’est unæ pro. Parce qu’il y a une rémunération. Voilà.

Donc dire à unæ pro que c’est amateur même si c’est bien, non. On rappelle qu’un métier artistique, littéraire, ce n’est pas « juste une passion ». Quant au fait de chercher à en vivre… Le système actuel est mal fichu, que ce soit pour les artistes, les auteurices, les personnes intermittentes du spectacle… Ce n’est pas à vous de décider si c’est bien ou non. Investissez votre énergie plutôt pour que cela change et que ce soit plus juste.

Sinon, quant à ce qui est considéré comme pro ou non, en ce qui concerne les pratiques, le comportement… Je vous renvoie à mon article « Être auteurice pro ». On peut également appliquer tout ceci pour tous les artistes.

Maintenant, j’aimerais parler du fait que vous expliquiez à l’artiste/l’auteurice à qui vous vous adressez que vous, vous auriez fait ceci ou cela. Il s’agit là d’un comportement problématique : les conseils non sollicités, c’est non. Ce n’est pas une question de « Oh, iel se croit unæ génie ». Est-ce que vous expliquez à votre boulangex comment faire son pain, ou à votre maçonx comment construire votre logement ? Eh bien pour les artistes/auteurices, c’est pareil. Iels ont eu une phase de travail/éditorial, se sont adressæs à des personnes qualifiées pour que leur œuvre soit la plus aboutie possible. Dès lors qu’elle est mise en vente, exposée en tant que produit finie, il n’y a plus lieu d’adresser des conseils.

Dans mon métier d’aide à domicile, il m’est parfois arrivé qu’unæ bénéficiaire ou quelqu’un de son entourage m’explique mon métier, sans que je l’aie demandé. C’est très désagréable, vraiment.

Ensuite, revenons sur le fait d’être comparæ à unæ artiste/autrice. Je reviens sur ce que j’ai dit pour le côté débutant/confirmé : c’est quitte ou double. Soit une pression positive, soit une pression négative… Cependant, je vais ajouter un avis qui est assez personnel : la comparaison ne doit pas être une fin en soi et ne doit pas enfermer l’artiste/l’auteurice dans un carcan. Elle ne peut pas l’aider sur le long terme à développer sa propre patte. Je ne parlerai pas du côté fanfiction/fanart, car là c’est un autre sujet, bien que relié. Enfin, en tant qu’artiste/auteurice, cela nous fait du bien que l’on nous apprécie pour ce que nous sommes, ce que nous faisons, et pas parce que nous ressemblons à telle célébrité/notre œuvre ressemble à une autre connue.

Enfin, abordons le sujet des artistes « bébé freelances », des autoéditæs, des auteurices éditæs en micro ou petites structures. Déjà, les outils et processus utilisés (la distribution, l’impression, le matériel artistique…) sont les mêmes que pour les grandes structures/ les célébrités. Il n’existe pas de « spécial AE », « spécial bébé freelance »… Enfin, vous voyez, quoi. Ensuite, pour les auteurices qui passent par le système d’impression d’Amazon : eh bien si, ce dernier a une qualité tout à fait honorable. De plus, il est plus abordable que les imprimeuxes classiques, plus accessible en termes de service client ou autre… Alors bon.

Pour les autoéditæs, le fait de se lancer en tant qu’AE n’est pas forcément par dépit. Je connais des AE qui n’ont jamais soumis en ME, parce que ça ne les intéresse pas. Vous avez du mal à le concevoir… De toute manière, il y a beaucoup de désinformation à ce sujet, et de bashing. L’éternel débat du AE vs ME, ah la la… Et les auteurices hybrides ? Eh oui.

C’est un article plutôt court, mais plutôt dense.

Et vous, quelles phrases vous a-t-on déjà sorties ?

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