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Volonté, je te commande !

Aaaaah, la volonté… Article écrit en 2018, qui une sorte de prélude à tous les articles que j’ai écrits autour de ces sujets : le burnout, l’anxiété sociale, entre autres. Je vous renvoie également à l’article sur la tribalité dans les grandes lignes, rédigé par Julie Animithra.

Pour une fois, je ne parlerai pas directement d’écriture ou d’art. En revanche, ce que je vais aborder a un impact sur la créativité, l’imagination, le bienfait que l’on peut tirer de se plonger dans ses passions. Je voudrais aussi tirer la sonnette d’alarme et casser bon nombre d’idées reçues.

Il existe différents maux, avec des échelles de « gravité », qui peuvent toucher n’importe qui. Nous gérons tout.e.s à notre manière ces maux-là. Je les nomme : coup de blues, déprime, dépression, mal-être, anxiété, burn-out… Il en existe tant d’autres, mais tous ont plus ou moins la même origine.

Je ne vais pas définir chacun de ces mots/maux. Il suffit d’ouvrir un dico et de se renseigner aussi à l’aide d’articles sérieux. Non : ce dont moi, je veux vous parler, c’est le regard des autres sur ces mots/maux ; super jeu de mots, de la part d’une phobique sociale… Ne me répliquez-pas : ça n’existe pas, sinon on ne va pas être copaines. Bref. C’est pas le sujet, mais vous pouvez ajouter la phobie sociale au reste.

J’ai entendu beaucoup de choses ; à une certaine époque, j’en étais venue à en croire certaines. Heureusement aujourd’hui, ce n’est plus le cas – alléluia ! Énumérons ces propos ensemble.

« Tu es juste un peu déprimé(e), sors un peu et vois du monde. »

C’est la phrase toute faite qui me fait à moitié sourire. Déjà, si la personne en face de vous est introvertie, je ne pense pas que ce soit le meilleur conseil à lui donner. Ensuite, ce n’est pas un mal de chercher à s’isoler un temps. Il y a d’autres moyens de proposer son soutien que de lui sortir ce genre de phrases vides de sens, voyez-vous ?

«  C’est chiant, tu ne veux jamais rien faire. Après, tu te plains que personne ne t’aide ! »

C’est sans doute vrai. C’est sans doute dit sous le coup de la colère. Le seul hic, c’est que la personne, si elle en est arrivée à un stade où elle n’a plus rien envie de faire, ben… La fustiger, c’est une fausse bonne idée pour l’obliger à « se bouger ». De toute façon, j’ai envie de dire que tant qu’on ne l’a pas vécu soi-même, on ne peut pas comprendre. Je sais, c’est bête et méchant, mais ça me semble logique. Quand on ne sait pas, on se tait.

« Ce n’est qu’une question de volonté pour s’en sortir ! »

Je connais des personnes avec un caractère fort, des personnes battantes, qui se sont effondrées parce qu’elles avaient franchi leurs limites. De plus, si ce n’était qu’une question de volonté de ne pas déprimer, de ne pas avoir peur des autres, etc., y aurait peut-être pas autant de gens en détresse. Même les plus forts peuvent tomber. Même eux peuvent échouer à se relever un temps. Après, tant qu’on ne l’a pas vécu, c’est impossible à comprendre.

« Il faut aider les gens qui vont mal. »

Et ce sont les mêmes personnes qui, derrière, vont lâcher ce genre de phrases croustillantes comme quoi « Les gens qui vont mal ne font aucun effort. » Je ne voudrais pas dire, mais c’est horripilant. C’est irrespectueux, insultant. Certes, c’est pénible de voir un de ses proches dans un tel état ; certes, on se sent impuissant.e. Gardez à l’esprit que le jour où ça vous arrivera, vous ne réagirez pas forcément mieux.

« Les anti-dépresseurs, surtout pas ! C’est toxique ! »

Quand on n’est pas suivi sérieusement par un médecin, oui, cela peut être un danger. Après, eh bien si la personne qui souffre en a besoin, tout en étant accompagnée rigoureusement par le médecin, je ne vois pas où est le problème. N’importe quoi peut être toxique si on ne respecte pas les doses, si on ne fait pas attention… Je suis loin de prôner le fait qu’il faut devenir un consommateur de médocs ou courir chez le médecin ou à l’hôpital dès le moindre bobo, mais je tenais à clarifier certaines choses à propos de certains traitements.

« Ce sont les faibles qui font de la dépression/un burnout. Rayez la mention inutile. »

Je ne souhaite pas que cela vous arrive. Vous pourriez être tellement blessæs dans votre ego. Plus sérieusement, aller mal n’est pas une question de force ou de faiblesse, mais de limites. Tout être humain en a… A partir de là, tirez vos propres conclusions.

« Mais pourquoi tu ne te dépenses pas ailleurs, comme en sport/loisirs ? Ça te ferait du bien ! »

Oui, quand on n’a pas déjà franchi certaines limites… Lorsqu’on a atteint un certain stade de mal-être, deux possibilités : un blocage total sur ce qu’on aime faire, ou bien se sentir trop épuisæ pour faire autre chose que… dormir. Quand on y arrive, bien sûr. Ou ruminer. Ou en tout cas, n’arriver à rien. Du coup, cela rejoint mes propos du début.

« Tu ne parles pas, tu ne te confies pas. »

Chaque personne a une manière différente de réagir dans ce genre de situations. Certaines vont se renfermer comme des huîtres, d’autres vont pleurer continuellement, d’autres encore vont faire comme si tout allait bien. Aucune façon n’est « meilleure » qu’une autre. On réagit comme on peut. Pour le comprendre, faut faire preuve d’un minimum de psychologie.

« Tu n’as qu’à aller voir un psy si ça ne va pas ! »

Ce à quoi j’ai envie de répondre : « Tu n’as qu’à dire à ton patron que tu es épuisæ et que tu as besoin de repos ! » Ah, comment ça, c’est pas facile ? Bah voilà, tu as ta réponse. Même si ces deux questions n’ont rien à voir, la réaction est la même.

« Tu n’as pas envie de t’en sortir. »

Hey, les gens, mais le principe du coup de blues ou de tout autre mal-être, c’est d’être dans une mauvaise passe. Donc oui, c’est super difficile de rester positif et de se dire qu’on va faire ceci ou cela. Y a des moments aussi où on a beau agir et ou rien ne va. Quoi, c’est une question de volonté ? C’est pour ça qu’en ce moment, les gens vont si mal que ce soit au niveau professionnel ou personnel ? (On en parle d’actuellement, en 2023 ?) Zut, ce sont tout.e.s des faibles qui ne se bougent pas (ce sont tout.e.s des fainéants qui ne veulent pas se tuer au travail et osent réclamer une retraite décente à un âge décent ! Ooooooh…). Mince alors ! On est mal barræs…

Je conclurai par une phrase magnifique et légèrement provocante : Tu as le droit d’aller mal, mais faut pas que ça dure trop longtemps. Eh oui : voilà la mentalité des gens. Je ne dis pas que c’est la majorité, mais il y en a beaucoup qui adoptent ce mode de pensée. C’est juste dommage.

Je ne dis pas qu’il faut plaindre tous les gens qui sont malheureux. C’est pas ça. Simplement, évitez de sortir des flingueries.

Update 2023 : je vais quand même ajouter une petite précision : il y a des limites au fait de soutenir quelqu’un et l’aider. Attendez, ne partez pas, je n’ai pas retourné ma veste. Tous les propos ci-dessus, que j’ai écrits en 2018, sont toujours valables. Il y a juste un cas particulier où là, ce n’est plus possible : Quand on fait face à une personne qui demande toujours de l’aide, mais se trouve toujours des excuses et ne suit pas les conseils donnés. Au bout d’un moment, je ne vais pas gaspiller mon énergie et mon temps pour quelqu’un qui, finalement, n’en a rien à faire.

Eh oui. De plus, il y a bien d’autres personnes qui pourraient avoir besoin de mon énergie et de mon temps, si elles le souhaitent. Enfin, dans l’histoire, me sacrifier pour autrui, c’est quelque chose que je ne veux plus faire. Je dis ça en sachant que je pourrais malgré tout le refaire, hélas…

Cet article a 3 commentaires

  1. cora85

    Je partage entièrement ton avis ; merci d’en parler !

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