TW : validisme, élitisme (pas de ma part, mais des propos entendus/lus que je retranscris dans l’article), légère violence systémique, certains propos sont injurieux même si ce ne sont pas des gros mots, possible condescendance de ma part, même si elle n’est pas voulue.
Disclaimer : la carte est dessinée par moi-même et est là pour illustrer ce que je dis dans l’article. Normalement, pour les personnes dotées d’un lecteur d’écran, comme toutes les images sur mon site, elle est décrite via l’alt. Si ce n’est pas le cas, merci de le signaler.
Il faut qu’on parle.
Récemment, j’ai encore vu des remarques injustes, relevant le plus souvent du goût personnel que de l’objectivité, à propos des notes de bas de page. De temps en temps, j’en vois aussi passer sur les annexes, les glossaires… Bref, tous les « à côté » qui peuvent apporter un bonus au roman.
Comme je l’ai déjà dit des centaines, que dis-je, des milliers de fois : le fait de ne pas aimer, de préférer telle chose à telle autre, ce n’est pas un problème. Ce que je dénonce, c’est de toujours juger, imposer votre vérité. Alors je sais, vous ne le faites pas consciemment parfois. Le problème est qu’au lieu de dire « Je n’aime pas », en expliquant pourquoi, vous vous perdez dans des « C’est nul ». Vos arguments se résument à : c’est de la merde, il ne faut surtout pas faire ça, c’est chiant, c’est inutile, et vous ne lirez pas le roman à cause de ça ou, pire encore, s’il y a ça, ben en fait c’est parce que l’auteurice veut des cookies, se faire mousser, etc.
Qui êtes-vous pour balancer ce genre de propos, déjà pour commencer ? D’accord, vous n’aimez pas les notes de bas de page. Cependant, cataloguer l’auteurice et/ou le roman à cause de leur présence, non. Qualifier l’auteurice de pro ou pas sur ce critère, c’est stupide. Oh, ce n’est pas ce que vous avez dit. Mais à côté de ça, vous vous permettez de dire que s’iel fait ceci ou cela, c’est pour prouver quelque chose. Hum. Nous sommes loin de la critique constructive…
Quant à tacler les personnes qui n’auraient pas compris vos propos alors que « normalement, ils auraient dû être compréhensibles », ou dire qu’elles sont à côté de la plaque… Sérieusement1 ?
Bref, je m’égare. Et oui, je vais vous pourrir d’annexes pour cet article, parce que j’aime bien être une emmerdeuse, moi aussi, pour dénoncer certains comportements que je trouve problématiques.
Maintenant que j’ai poussé ma gueulante, je vais expliquer de manière plus posée en quoi ce type de remarque est vraiment problématique, au-delà de leur côté blessant et injuste.
Précision : je me concentre sur les annexes pour les lecteurices, pas ceux pour les auteurices (fiches personnages, synopsis de travail, brouillons, etc.)
Les cartes, c’est trop cliché ?
On croise ce genre d’annexe dans les romans de fantasy, surtout. Personnellement, je regarde très peu les cartes, et si je le fais, c’est pour mieux me situer (oui bon, c’est le but). En gros, les cartes, s’il y en a pas, ce n’est pas grave pour moi. Cela m’est déjà arrivé de me demander si pour tel roman, telle saga, la carte était vraiment utile.
Grossière erreur. Pourquoi ? Déjà, tout le monde n’est pas comme moi : il y a des personnes qui ont besoin de ces cartes, pour mieux s’immerger dans l’univers de l’auteurice. Cela tient en un point : l’accessibilité2.
Autant je n’ai pas forcément besoin de me situer géographiquement parlant, autant il y a des lecteurices pour qui c’est un passage obligé. Les cartes sont là, c’est cool, et l’auteurice s’en sert pour ne pas avoir à expliquer dans son récit la géographie de son monde.
Il n’existe pas qu’une seule façon de faire, et ce n’est pas parce que nous sommes en littérature qu’il faut obligatoirement tout faire passer par l’écriture. Il est préférable d’avoir un roman avec une ou plusieurs cartes, à consulter selon votre envie plutôt qu’un roman où l’auteurice explique la géographie de son monde via des descriptions qui seraient beaucoup mieux passées sous forme de cartes. Vous excluez une partie des lecteurices en conséquence.
Les notes de bas de page, pas en fiction ?
Répétez après moi : l’auteurice sait écrire un roman malgré la présence de notes de bas de page. Tout vouloir inclure dans son récit, ce n’est parfois pas possible, ou alors, vous vous retrouvez avec des pavés indigestes. Les notes de bas de page ne sont pas réservées aux thèses ou autres livres de non-fiction.
Je les utilise pour donner la définition de mes néologismes, ou alors, pour apporter de très courtes explications sur telle ville que j’ai nommée et qui n’est pas connue, sauf par les gens locaux. Le glossaire/lexique pourrait remplir ce rôle mais, encore une fois, vous oubliez une partie des lecteurices.
Je choisis désormais d’inclure le lexique et les notes de bas de page, en limitant ces dernières. Le lexique, j’y mets des informations dont n’a pas besoin læ lecteurice directement tant que ça ne gêne pas la compréhension de l’histoire.
Ce que je mets en note de bas de page, je le remets en lexique aussi.
Tout simplement parce qu’il y a des lecteurices qui n’aimeront pas les notes de bas de page et qui trouveront appréciable que le lexique reprenne les termes inconnus du livre.
Quant aux lecteurices qui préfèrent les notes de bas de page, iels les ont à portée de main, et voilà.
Est-ce que pour autant, je suis une autrice qui ne sait pas écrire ? Vous voyez bien que ça n’a rien à voir. Vous comprenez aussi que pour une partie des lecteurices, les notes de bas de pages sont utiles.
Personne ne vous oblige à les consulter si vous n’aimez pas. Point.
Quant au fait que dans certains romans, les notes de bas de page sont là pour expliquer l’univers par exemple, alors que cela aurait pu aisément être fait dans le récit : et alors ? Est-ce que pour autant, tous les romans sont ainsi ? C’est comme si vous disiez que puisqu’il y a des gens touchant des allocations qui profitent du système, toutes les personnes concernées (donc qui touchent ces alloc’) sont des profiteuxes3.
Oups, elle était gratuite celle-là, pardon.
Revenons à nos moutons, euh, nos annexes.
Bien sûr, il y a des auteurices qui utilisent les notes de bas de page pour le style, donc c’est encore une autre façon de faire, mais ce n’est pas là-dessus que je voulais étayer mon propos, mais juste sur l’accessibilité qu’offrent les notes de bas de page, donc je ne développerai pas ici.
Le lexique, ça fait dictionnaire ?
Il y a des lecteurices qui sont intéressæs, qui aiment bien retrouver les termes inconnus et en relire la définition, que ce soient des néologismes, des noms de villes/villages, des références, etc. Donc vous voulez exclure ces lecteurices parce que vous voulez lire un livre de fiction, et pas vous taper un dictionnaire au début ou à la fin ?
Comme je l’ai déjà dit : vous n’êtes pas obligæs de le lire, ce lexique. Vous zappez, vous concentrez sur le roman, et voilà. Je vous jure, tout se passera bien, il n’y a pas mort d’homme.
Sérieusement, une chronologie ?
Cette annexe ne se prête pas à tous types de romans. Après, elle est pertinente quand il y a beaucoup de dates, d’événements. Cela peut concerner tous les genres de romans/sagas. Pareil, je n’ai pas forcément besoin de les consulter, mais je peux comprendre que pour certaines personnes, qui ont besoin de se situer de manière spatio-temporelle, ce soit nécessaire. Nous n’utilisons pas notre cerveau de la même manière, je le rappelle : il y a des personnes plus visuelles que d’autres.
Oh bordaile, un arbre généalogique…
Dans des romans où il y a des familles, et ce peu importe la classe sociale ou le rang, la présence de l’arbre généalogique est un réel bonus, au-delà d’être une annexe immersive qui rend d’autant plus vrais les personnages et leur histoire.
Grâce à l’arbre généalogique, notre schéma mental s’améliore, aussi. Eh oui. Ça m’arrive de les consulter, quand je ne sais plus quel lien il y a entre deux personnages de la même famille et que je n’ai pas envie de tout relire pour trouver ce lien. Et c’est totalement OK, et ce n’est pas parce que l’auteurice a mal écrit… Quand il y a beaucoup d’informations, surtout concernant les personnages, c’est normal de ne pas tout retenir.
Les annexes sont bienvenues pour faire des rappels, que ce soit l’arbre généalogique quand il y a lieu, les notes de bas de page, le lexique, les cartes (oui, oui !) etc. Eh oui, voilà un autre usage des annexes qui peut servir à tout le monde, même aux lecteurices qui ont une mémoire d’éléphant !
Les illustrations, faut pas abuser, j’ai pas besoin de lire un livre avec des images !
Je vous jure que j’ai déjà vu ce genre de hot take. Au-delà de dire que c’est n’importe quoi, le fait d’avoir des illustrations donne une dimension supplémentaire à votre histoire ! C’est un média tout aussi cool que le film/la série, le jeu vidéo… Les illustrations ne sont pas de simples goodies. Alors oui, si l’on s’imaginait les paysages, les personnages, de telle façon et pas d’une autre, OK, vous pourriez éprouver de la déception. Après, les illustrations ne sont qu’une vision desdits paysages, personnages. Vous avez le droit d’avoir les vôtres.
Par exemple, pour Evana, trois artistes me l’ont illustrée (Dany Petit Pois, Minea Line, Obsydienn), à leur façon, selon leur vision, tout en respectant les éléments que je leur ai donnés. Et je trouve ça tellement bien, tellement riche… Moi-même ai dessiné et peint Evana…
Les Trigger Warning et votre wokisme, là.
Je ne me fatiguerai pas à réexpliquer pourquoi ils sont utiles et le fait que comme les autres annexes, vous pouvez les zapper, parce que je le fais déjà quand je parle de diabolisation et d’accessibilité.
Les remerciements, c’est privé.
Pourquoi ? Je veux dire, pour moi, les remerciements, j’aime bien les voir. L’auteurice montre qu’iel n’a pas travaillé dans son coin, isolæ, et qu’à leur façon, des personnes l’ont soutenux directement ou indirectement.
C’est là que l’on peut parler de l’éditeurice si le roman n’est pas autoédité, des bêta-lecteurices, alpha-lecteurices, correcteurices, etc.
La préface, c’est prétentieux/un fourre-tout.
Mais enfin ? De vous à moi, la préface est vraiment la seule annexe que je ne lis quasiment pas. Pourtant, c’est un tort. Chaque préface est unique, et selon qui s’en occupe, elle n’apportera pas la même plus-value. Oui, parce qu’une préface peut être écrite soit par l’auteurice, soit par quelqu’un d’autre (éditeurice, agent.e littéraire…). Elle peut être là pour présenter l’auteurice, ou apporter des éclaircissements sur le roman, etc. D’ailleurs, selon la fonction qu’on lui donne, on la nommera plutôt avant-propos, préambule, etc.
En quoi est-ce prétentieux, parce qu’elle est centrée sur l’auteurice ? Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas toujours le cas. Et non, la préface n’est pas non plus un « fourre-tout ». Elle a un rôle bien précis que ne remplissent pas les autres annexes. Elle doit rester concise, aussi. Alors certes, cela ne vous intéresse pas, mais cela peut intéresser d’autres lecteurices. Vous n’aimez pas les préfaces ? Faites comme moi, zappez.
J’ai trouvé un article qui explique très bien le rôle de la préface et comment en écrire, je vous le conseille chaudement : Que faut-il écrire dans la préface d’un livre ?
Parlons des annexes insoupçonnées…
Puisqu’on en est là, puisque vous êtes dans la position « Le roman, et uniquement le roman ! », alors exit le résumé, l’illustration de la couverture… Baaaah oui, hein ?
Franchement, qu’en pensez-vous ? Suis-je provocatrice ? Un peu, oui. En même temps, à force que vous soyez premier degré, je finis par l’être aussi…
Plus sérieusement, la couverture, l’illustration, ne sont pas inutiles, ne donnent pas l’impression que ce n’est pas pro. Vous me direz même : au contraire ! Pourtant, ce sont des « annexes ». Certaines lecteurices s’en fichent de la couverture, d’autres du résumé. On ne les entend jamais râler sur leur présence, pourtant…
Pour conclure de manière frontale :
À travers les annexes, l’auteurice partage le fruit de ses recherches pour donner des clés supplémentaires. Ce sont comme les… quêtes annexes d’un jeu vidéo. Râlez-vous de leur présence ? Ce mépris envers les recherches est quand même problématique. Parce que si, même si vous ne le faites pas consciemment, vous donnez une connotation élitiste à vos propos.
Vous partez du principe que læ lecteurices doivent de toute façon savoir sans avoir besoin des annexes, et/ou que l’auteurice doit être assez douæ (alors que ça n’a rien à voir) pour infuser sa science à travers son histoire.
C’est impossible sans tomber dans les travers que vous dénoncez : finir sur une histoire où vous reprocherez à l’auteurice de ne pas avoir assez donné d’éléments sur l’univers (parce qu’absence d’annexes), et s’iel l’a fait sans passer par les annexes, se retrouver avec un pavé indigeste malgré tout son talent, sa plume incroyable, etc.
Alors oui, il y a des lecteurices qui préféreront chercher dans leur coin sans passer par les annexes. Parfois, c’est ce que je fais. Cependant, tout le monde n’est pas comme elleux. Il y a des lecteurices qui trouveront les annexes bien appréciables, ou seulement certaines, notamment s’il y a des difficultés liées à un TDAH pour ne citer que cet exemple (parce qu’il en existe bieeeeen d’autres…). Puis, quand on a pas envie de rechercher une information donnée dans le roman, je le répète, les annexes sont utiles.
Pour faire une autre comparaison : C’est comme si dans la pharmacie où vous vous rendez pour chercher vos médicaments, vous trouviez inutile, pas professionnel, etc., qu’il s’y vende des attelles pour les poignets parce que vous, vous n’en avez pas besoin. Pour autant, allez-vous boycotter la pharmacie toute entière parce qu’il y a ces attelles ?
Sinon, autre exemple, c’est comme si vous bashiez les maisons avec des ascenseurs/escaliers pour aller à l’étage. Il y a un accès pour les valides, un accès pour les handi, mais faut automatiquement pourrir l’un ou l’autre.
Ah ! Alors, qu’avez-vous à redire à cela ?
Pour les romans, c’est pareil. Il y a des annexes, vous n’êtes pas obligæs de les consulter. Vous zappez, et voilà. Sinon, vous êtes validistes, parce que vous partez du principe que l’on peut faire « sans ».
N’excluez pas une partie des lecteurices par validisme et/ou élitisme, s’il vous plaît.
Notes de bas de page :
1 Quand on balance une hot take pétée compréhensible seulement par certaines personnes, faut pas chouiner si ça interpelle et énerve les autres. C’est validiste et élitiste, en plus. Déjà, non, tout le monde n’utilise pas les annexes (toutes confondues) de la même manière.
2 Gros mot dans la bouche de certaines personnes. Plus sérieusement, droit, possibilité à quelqu’un d’avoir accès à quelque chose (définition du Larousse)
3 Ne venez pas me dire que c’est la majorité, c’est une phrase de facho d’ED. Merci.
Glossaire :
Agenx littéraire : mot inclusif de mon cru (pour agenx) pour qualifier toutes les personnes qui facilitent la relation entre auteurices et éditeurices et conseillent l’auteurice pour leur roman.
Auteurice : mot inclusif pour qualifier toutes les personnes qui écrivent des histoires. Même logique pour alpha-lecteurice, bêta-lecteurice, éditeurice, lecteurice – je ne vous ferai pas l’affront de réécrire la définition à chaque fois 😉.
Accessibilité : droit, possibilité à quelqu’un d’avoir accès à quelque chose (définition du Larousse)
Bordaile : je préfère cette écriture-là, c’est tout. Elle n’existe pas pour la Langue Française, mais c’est mon article, je fais ce que je veux 😊.
Élitisme : Je vous remets gracieusement le lien vers mon article Élitisme, un mot connoté de façon négative. Vous y trouverez la définition du mot de toute façon.
Isolæ : mot inclusif qui qualifie toutes les personnes isolées. Même logique pour les autres mots terminant par la terminaison æ, singulier ou pluriel.
Hot take : commentaire délibérément provocateur qui repose presque entièrement sur une moralisation superficielle (Petite explication en anglais ici).
Validisme : Système faisant des personnes valides la norme sociale (définition de Le Robert)
Cet article, pour des raisons évidentes, ne se dote ni d’une chronologie, ni d’un arbre généalogique, ni d’une préface 😉.
Et oui, le fait de référencer les différents mots inclusifs de mon article dans un glossaire était un autre tacle gratuit envers les détracteurices de l’écriture inclusive. Détracteurices, qui est un mot inclusif pour qualifier toutes les personnes contre quelque chose et qui cherchent à en rabaisser le mérite, la valeur, le besoin.
J’aime j’aime j’aime !!!!! ♥♥♥♥♥
Ouiiiiiii ♥♥♥♥♥