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Evana, un roman clivant à sa façon

Voilà encore un titre d’article assez étonnant, n’est-ce pas ? Je vais l’expliciter, ne vous inquiétez pas.

Evana a reçu ses premiers avis en août 2023. Nous sommes en mai 2024, il serait temps de faire une sorte de petit bilan sur l’ensemble des avis que j’ai reçus (chroniques, commentaires écrits ou oraux, etc.).

Je vais mélanger le positif et le négatif, sans donner la priorité à l’un ou l’autre. Nous sommes sur un article factuel, et j’espère bien que ce ne sera pas interprété autrement.

Evana, c’est tout ou rien. Je m’en doutais, je m’étais préparée à ce qu’il provoque autant de divergences d’opinions chez les lecteurices.

Il y a eu les classiques : « C’est lent, répétitif », « Il n’y a pas d’action », « C’est surjoué ». J’aborde déjà un peu cela dans Evana : ce qu’il n’est pas et ce qu’il est. Ces défauts qui n’en sont pas sont propres au côté contemplatif de ma plume. Dans Evana, la lenteur et l’absence quasi d’action sont inhérents à la construction de l’histoire. Nous plongeons dans la psychologie d’Evana et des autres personnages, il y a cet effet « Je plonge dans un tableau ».

La répétition de structure – dialogues, réminiscences, etc. – permettent aussi cette plongée, et permettent également d’appuyer là où ça fait mal. Il s’agit de montrer les effets de l’emprise, de la manipulation que subit Evana. Quant au côté surjoué, il faut savoir qu’à la base, dans ma tête, j’ai imaginé Evana comme une pièce de théâtre. C’est tout simple, et c’est aussi une caractéristique de la littérature contemplative.

À l’inverse, certaines personnes se sont retrouvées embarquées dans le roman alors que, pourtant, ce n’est pas ce qu’elles ont l’habitude de lire. C’est ce qui m’a permis de voir que j’avais gagné mon pari : toucher le public cible, oui, mais toucher des personnes qui ne sont pas le public cible, c’est quelque chose dont je suis vraiment fière. Un pétale par sourire avait réussi cet exploit, Evana l’a renouvelé alors que c’est le projet le plus atypique que j’ai jusqu’à présent !

Pendant longtemps, je n’ai pas su moi-même où classer Evana. Je le qualifiais d’OLNI, et certaines personnes le voient comme tel. Je n’avais pas tort, mais je n’avais pas raison non plus. C’est du contemplatif.

Pourquoi ai-je été incapable de savoir qu’Evana est du contemplatif ? La réponse est assez simple : je ne voyais pas assez loin ni au bon endroit. J’écris dans les genres de l’imaginaire, alors je classais Evana dedans en occultant sans le vouloir tout ce qui est mouvements littéraires : le romantisme, le contemplatif – qui est un sous-genre du romantisme…

Après, dans Evana, il y a une vibe fantastique. La troisième partie, elle, peut tenir de la SF avec la cité Arya, qui est futuriste. En sous-genre de la fantasy, Evana a des points communs avec le merveilleux et sa dynamique. C’est pour ça que c’est si compliqué, en fait.

De façon plus large, j’ai longtemps été incapable de définir correctement ma plume. C’est un style poétique, voire lyrique, d’accord. Encore une fois, je n’avais pas conscience à quel point le romantisme, dont le contemplatif, imprégnait ma plume. Quand j’étais plus jeune, je dévorais toutes les références à ces mouvements, aussi bien dans la littérature que dans les arts – la peinture, notamment. D’ailleurs, fait amusant mais pas si étonnant, dans mes toiles, il y a aussi ce côté contemplatif ! Il y a aussi le surréalisme qui m’a beaucoup influencée – et qui se retrouve dans certains de mes poèmes.

Revenons à nos moutons. Enfin, nos papillons, plutôt – euh, nos avis.

Dans Evana, on se focalise sur les personnages, sur leur psychologie. La plupart du temps, cela a été très bien perçu. J’ai reçu un avis inverse ; après, ça arrive, c’est aussi une remarque classique. Les goûts et les couleurs… Du coup, je ne m’étalerai pas.

En revanche, naïve que je suis, il y a bien un type d’avis que je ne m’attendais pas à recevoir : ceux où l’on m’invente des intentions.

Heeeeeein ? Qu’est-ce que tu racontes, Justine ?

Je ne suis pas là pour dénoncer ou taper sur les gens, hein. Après, il fallait quand même que j’en parle !

En vrac, j’ai eu droit à : ce roman est la réécriture de tel classique connu, c’est la retranscription féminine de tel conte, c’est une revisite de telle œuvre…

Il était temps que je donne enfin mon sentiment : ne faites pas ça, s’il vous plaît. Ce n’est pas une histoire de rester dans la critique constructive ou pas, mais en règle générale, les auteurices expliquent leurs intentions. Ne leur en inventez pas… Déjà, parce que c’est limite comme manière de faire, et ensuite parce que cela peut ruiner une œuvre. Je ne dis pas que c’est intentionnel, loin de là.

Évidemment, certaines œuvres – livres, peintures, etc. – m’ont influencée dans l’écriture d’Evana mais, à aucun moment, ce n’est une réécriture de quelque chose qui existe. Je ne prétends pas avoir inventé un récit de A à Z, bien sûr, mais encore une fois, non, ce n’est pas une revisite. C’est une histoire avec son propre univers, ses propres codes. Une histoire qui a eu droit à des fanarts et des fanfictions par contre, de la part de personnes à qui j’ai donné l’autorisation – ça date d’avant sa publication chez le Labyrinthe de Théia, quand la première partie avec Professeur était publiée en ligne. Eh oui !*

Sinon, il y a un type de remarques que j’attendais au tournant : celles sur l’écriture inclusive et l’existence de Creori. J’ai eu zéro retour négatif, alors que, pourtant, ça aurait pu. L’on aurait pu dire que c’est illisible, que voilà, autrement, l’œuvre est trop woke, mais pas du tout. Si j’ai eu des lecteurices contre ces choix, au moins, iels ont eu la décence de se taire ! Les retours que j’ai eus sont très enthousiastes, y compris de personnes non concernées par la transidentité, et vraiment, je suis heureuse.

Evana a reçu beaucoup de compliments sur l’album musical qui le complète et ont permis une très belle immersion. On y perçoit les différentes palettes d’émotions que peut connaître Evana ou même les autres personnages, ou installer une ambiance supplémentaire, une dimension en plus aux descriptions.

La couverture a suscité le même enthousiasme, et elle a permis aussi pour certaines personnes d’entrevoir le côté sombre du roman. Eh non, Evana n’est pas une lecture joyeuse, et mettre des couleurs vives – parce qu’Evana est couleurs en dépit de tout ce qu’elle vit – sans contrebalancement, ce n’était pas possible. Evana, c’est aussi du noir et du blanc, du gris.

Evana, c’est tout ou rien, c’est aussi tout et rien à la fois.

C’est un roman clivant à sa façon.

* NB : Alors attention, vous avez le droit de dire : « J’ai l’impression que c’est une revisite/réécriture de », « Ça m’a rappelé telle œuvre », etc. Là, aucun souci. Mais dire « C’EST une revisite/réécriture de » quand l’auteurice ne l’a pas dit explicitement, non. Il y a quand même une nuance entre les deux. Je souhaitais apporter cette précision.

Cet article a 2 commentaires

  1. Maritza

    J’adore ♥.♥
    déjà oui Evana est un OLNI. Parce que contemplatif, poétique, lyrique, que l’idée du fil rouge est juste géniale, mais que ça peut « perturber » en effet les personnes qui apprécient à fond l’action ‘-‘. J’ai adoré Evana.

    1. Justine_CM

      C’est clair qu’il a perturbé ;).
      Evana est atypique, comme moi :D.

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