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Cet article, je l’ai publié initialement sur La Passion Des Poèmes en 2013, sous le titre « Les femmes, leur image et l’appel au viol : un amalgame monstrueux ». Je l’ai un peu remanié ici, du coup mon avis a évolué sur certains point, merci. J’ai effacé certains propos problématiques que j’avais eus en 2013.

C’est un sujet qui m’a toujours beaucoup touchée, et avec le temps, une réflexion a mûri en moi. Je traite de façon indirecte le sujet, comme dans Un pétale par sourire ou Le Joueur de cristal.

Ma réflexion n’a en soi rien de féministe même si on la qualifiera sans doute comme telle. Elle est surtout logique si on regarde bien. Ces derniers temps, j’ai lu bon nombre d’articles, de témoignages, de revues qui traitent de ces thèmes : l’importance de l’apparence aux yeux des autres, l’image qu’un individu renvoie, la société hyper sexualisée dans laquelle nous vivons, les diverses formes de violences, y compris sexuelles…

En parallèle, lorsque je sors et que je discute avec des inconnus, ou même lorsque je parle avec mes proches, il y a souvent de petites phrases qui ressortent et qui paraissent anodines. Elles me font grincer des dents à un point… J’en citerai quelques-unes : « Ah, celle-là est habillée comme une salope » ; « Faut pas qu’elle se plaigne si elle se fait violer, tu as vu comment elle est ? » ; « Les femmes ne devraient pas faire ci, ou ça… ». Alors oui, je ne le nie pas : en tant que personne perçue comme femme, il vaut mieux éviter de sortir seule en pleine nuit, ou de s’habiller trop provoc’.

Mais pourquoi sommes-nous obligés de le faire ? Je veux dire… Nous ne devrions pas. Nous mélangeons deux thématiques qui n’ont rien à voir. De plus, les violeurs ne sont pas ceux que l’on croit… mais je ne débattrai pas là-dessus. Si vous désirez en savoir plus sur le sujet, je vous conseille un très bon blog. Un tumblr pour être plus précise, où bon nombre de témoignages sont publiés : Je connais un violeur.

Revenons à nos moutons. Je vais essayer d’être plus claire : la plupart de ces phrases citées précédemment, que je qualifierai de « sexistes », ont quelques équivalents masculins. Je vous en cite « Tu as vu celui-là, comme il s’est fringué ? Il ne va pas attirer les gonzesses comme ça ! » ; « Quel macho… Et après, on se demande pourquoi les personnes perçues comme femmes sont féministes et qualifiées de sexe faible. » ; « Celui-là, c’est un coureur de jupons, il ne pense qu’à baiser ». Si on regarde bien, à aucun moment, on ne dit « Lui, il mériterait de se faire violer à cause de… ».

C’est là que le bât blesse : d’un, le viol ne touche pas que les personnes perçues comme femmes. De deux, des personnes perçues comme femmes violeuses, ça existe aussi. D’un autre côté, le viol est plus tabou chez les personnes perçues comme hommes. Pourtant, à aucun moment, on ne va dire à une personne perçue comme homme « Tu devrais éviter de t’aventurer seul la nuit ». Ou encore « Ne t’habille pas comme ça, ou sinon tu vas te faire violer ». Ce qui signifie une chose : pour les personnes perçues comme hommes, on dissocie bien l’image qu’ils renvoient de cet acte qui est un des crimes les plus grands de l’humanité. Pour les personnes perçues comme femmes, ce n’est absolument pas le cas. On met allègrement les deux pieds dans le plat, et les horreurs fusent de toutes parts.

On ne devrait jamais dire de quelqu’un « iel mérite de se faire violer ». Jamais. Il est temps que l’on cesse de faire l’amalgame entre la tenue vestimentaire et/ou l’attitude d’une personne perçue comme femme, et le fait « qu’elle le mérite ». Pour moi, une personne perçue comme homme peut être tout aussi victime qu’une personne perçue comme femme. Si une personne perçue comme homme met en valeur son apparence de façon sexy ou son charisme comme pourraient le faire ces personnes perçues comme femmes que l’on traite si facilement de putes ou de salopes, on va se retourner sur son passage.

Peut-être que certaines personnes vont avoir des pensées comme « Je vais le violer sur place ». Voilà pourquoi lorsqu’on dit qu’une personne perçue comme femme est pleine de formes, et donc attire forcément les regards et ne devrait pas le faire parce qu’elle appelle au viol, je ne le cautionne pas. Le problème, c’est que la société a fait de la femme un objet hyper sexualisé. Encore plus que l’homme chez qui c’est plus discret. Donc l’amalgame est très vite fait pour elle…

Qu’on se le dise : je n’aime pas quand une personne s’habille au point de franchir l’atteinte à la pudeur et l’exhibitionnisme. La loi interdit clairement cela en plus, du coup, il n’y a pas à tortiller. Par contre, dire qu’elle mérite le viol, non. Ne mélangez pas tout. Une personne perçue comme femme a autant de libertés qu’une personne perçue comme homme d’utiliser son image. On a le droit de penser ce que l’on veut d’iel. Néanmoins, peu importe son genre, iel ne mérite pas le viol, ainsi que tout acte sexuel non consenti à cause de ce qu’iel a fait, de ce qu’iel porte, dit, ou que sais-je. Merci de m’avoir lue.