Pfouh, je ne pensais pas qu’il me faudrait autant de temps avant de réussir à m’y mettre, pour rédiger cet article sur Un pétale par sourire ! J’en mourais d’envie, mais par quel bout le prendre ? Il y a tellement de choses à dire… Enfin, commençons.
Update : les passages en violet sont des rajouts, entre temps, j’ai repéré d’autres choses. Autant les avouer.
Il y a peu, j’ai parlé sur les RS d’un échange intéressant que j’ai eu avec une lectrice vivant au Japon. Elle m’a relevé des erreurs qui, en vrai, ne sont pas pénalisantes pour le roman, mais qui remet sur le devant de la scène cette histoire de « roman Ownvoice ». Pour rappel, un roman Ownvoice est écrit par une personne concernée par tel sujet abordé dans ladite histoire. Evana et Le Joueur de cristal sont ownvoices par certains aspects aussi. Pour Evana, j’ai fait appel à des Sensitives Readers pour le personnage de Creori. Bref, revenons à nos moutons, ce n’est pas le sujet :).
Un pétale par sourire l’est par certains côtés – la dépression, le fait d’être victime d’un manipulateur atteint du trouble de la perversion narcissique, le chômage, et cetera –, je vous en avais parlé. Cependant, s’il y a bien un aspect sur lequel il ne l’est pas, c’est sur le Japon et ses légendes, même si l’intrigue se passe en France.
Parlons ensemble de ces erreurs. Oui, j’assume parfaitement. C’est difficile, mais c’est nécessaire.
– Déjà, parlons d’une erreur somme toute bête : j’ai écrit le terme « Okabe ». Sauf qu’il s’agit de « Obake ». Là, il s’agit d’une bête, d’une méchante coquille basique, une inversion entre deux lettres. Le zéro faute n’existe pas, et je sais qu’il en reste dans mon roman de manière générale. Vous le savez aussi, même si vous avez été adorables et m’en avez signalé en privé certaines avec bienveillance.
– Parlons aussi du terme « Nihon », utilisé à de nombreuses reprises par le yōkaï prisonnier de mon histoire. Je pensais vraiment que ce terme était assez ancien pour être utilisé… eh bien non. C’est un terme moderne en fait ! Jamais il n’aurait pu en avoir connaissance, en plus – je ne spoile pas. Autant j’ai beaucoup travaillé dans mes recherches autour du folklore japonais, les mythes, malgré mes imprécisions et mes erreurs, autant j’ai trop cru en moi pour le terme « Nihon » et ça n’a pas loupé.
– Parlons du terme « Bakemono ». Je l’ai employé, utilisé de façon à désigner les yōkaïs animaux métamorphes dans mon histoire. En réalité, « Bakemono » n’est pas un « « type » de monstre, ce sont des monstres, tout simplement. Pourtant, ce n’est pas ce qui est ressorti de mes recherches personnelles – ni des romans qui abordaient les Bakemonos, ou alors j’ai très mal interprété…
– J’ai utilisé le terme « basané », ou du moins « peau basanée », pour un personnage tertiaire du roman. Un mea culpa que j’ai fait sur Twitter. Comme beaucoup de personnes, je l’ai utilisé sans vérifier dans le dictionnaire et cela n’a pas loupé : ce terme a une connotation péjorative et raciste. Autant vous dire que comme j’ai récupéré mes droits, je vais fissa-fissa retirer ce mot.
– Il y a un passage précis dans Un pétale par sourire où je retranscris une conversation entre deux personnages tertiaires dans un café. Héloïse et Lyna y sont. Quand je l’ai relu, j’ai grimacé. Franchement, je vais le retoucher, il est problématique. Lyna emploie un mot psychophobe, la façon dont je veux retranscrire le racisme d’un des personnages tertiaires pour dénoncer, c’est bof. Enfin moi, ça me gêne maintenant.
– Update mai 2023 : Il y a des passages psychophobes et validistes. Oui, aïe. GROS aïe. J’ai fait un bon nettoyage de mon fichier, j’ai également développé ce que j’ai voulu dire à travers mes personnages. Outre le fait que la psychophobie et le validisme font mal, en littérature, c’est une grosse facilité de juste se cantonner à écrire ces phrases, ces mots qu’on sort tous les jours malgré nous. Par exemple, du côté d’Héloïse, j’ai déroulé le fil de ses pensées au sujet du fait qu’elle pense à un moment donné qu’elle est atteinte de troubles psys, j’ai creusé… et je l’ai fait arriver à la conclusion qu’en vrai, sa famille lui a implanté de mauvaises idées sur la folie. Du coup, voilà.
Vous me direz, et vous auriez raison : mais Justine ? Tu n’as pas demandé à des Sensitives Readers de relire Un pétale par sourire ? Bah, en 2020 (oui, je rappelle que ce roman a été édité le 01 juillet 2020), ce n’était pas aussi démocratisé. J’étais « novice » sur les RS, je ne les utilisais pas du tout de la même façon qu’aujourd’hui, et j’avais peur de déranger les gens. La voilà, la vérité.
Maintenant que les choses sont dites, que j’ai craché le morceau, il se pose une question : est-ce mauvais de parler de ses couacs, de ses « erreurs de parcours » ? Est-ce que ça va ternir votre « image » ?
La réponse est non. Il n’y a pas de raison que cela s’applique à moi aussi.
Je suis un être humain, tout comme vous. J’ai le droit à l’erreur, et toujours montrer sur les RS que l’on réussit, que l’on va toujours bien (aussi), ce n’est pas forcément une bonne chose. Alors attention, je ne parle pas de toujours poster des coups de gueule, d’aller jouer les rebelles ou de toujours s’apitoyer sur son sort, hein ! Ne faites pas ça. Faut un juste milieu.
Il s’agit juste d’être soi-même.
Je ne peux pas combattre cette partie de moi qui me susurre parfois que je ne vaux rien. Je suis quelqu’un de profondément honnête, sincère, qui ne supporte pas l’injustice. J’ai horreur d’être traitée de menteuse, surtout que quand j’essaie, j’y parviens très, très mal. Seules des personnes nuisibles, médisantes, rancunières, aigries – je ne vais pas faire toute la liste – en viennent à me dépeindre comme une manipulatrice, hypocrite, orgueilleuse, et j’en passe.
Pour moi, ne pas vous parler des bêtises que je fais en tant qu’autrice, c’est vous mentir. Voilà pourquoi je souhaitais parler à cœur ouvert de celles que j’ai écrites dans Un pétale par sourire. Tant pis si cela ne plaît pas à certaines personnes, si j’en déçois d’autres. Ma foi, c’est fait, et c’est aussi un autre pas pour mieux m’accepter moi-même. Je ne commettrai pas les mêmes erreurs la prochaine fois, ou alors pas de la même façon.
Alors, je n’écrirai jamais aussi bien qu’une personne concernée par le Japon et/ou spécialiste. Jamais cette prétention m’a effleurée. Je vous promets de combattre mon sentiment d’être illégitime à écrire sur un pays que j’adore, notamment au niveau de son histoire, ses légendes…
Je vais aussi aborder un point sur laquelle cette lectrice et moi avons échangé et sur lequel nous sommes tombées d’accord : Bernard. C’est THE personnage qui, à un moment donné dans l’histoire, va sortir des clichés gros comme une maison sur le Japon moderne. Ce personnage a profondément énervé cette lectrice. Bernard est une caricature vivante, j’ai beaucoup forcé le trait. Cependant, le reste du roman est là pour contrebalancer ces points et montrer que non, le Japon, c’est pas comme il le décrit ^^.
Aline et Martial n’ont jamais vécu au Japon, ils ne peuvent pas se comporter d’une autre manière qu’ils ne le font dans le roman. Bernard, lui, n’y a vécu qu’en tant que « touriste », plus ou moins. Forcément, leur conversation sera émaillée de grossières erreurs. Quant à Héloïse, la plupart du temps, elle ne donnera même pas son avis sur le sujet ^^. À ce moment-là, elle se posera des questions, vu ses échanges avec le yōkaï qui plus est…
N’ayez pas peur d’avouer vos torts. N’ayez pas peur d’être authentiques. En tout cas, moi, je ne sais pas fonctionner autrement. Ce n’est pas faute d’avoir essayé pendant tant d’années… Ce n’est pas faute de toujours, aujourd’hui, de me suradapter. Oui, c’est paradoxal hein ? D’un côté, je dis que je ne sais pas faire semblant, de l’autre, je vais faire en sorte de me fondre dans la masse, sans jamais y parvenir tout à fait.
En revanche, même si j’ai fait des erreurs, à aucun moment dans Un pétale par sourire, elles ne reflètent des pensées racistes, xénophobes. Bon, vous allez me dire « Mais tu n’es pas raciste Justine, de toute façon ! ». Certes, je ne suis pas raciste, tout comme beaucoup d’entre vous ne l’êtes pas non plus. Cela ne nous empêche pas d’avoir des comportements, des pensées qui, elles, le sont. Il faut juste en prendre conscience et se déconstruire. C’est un vaste sujet qu’il faudra que j’aborde un jour… Ah la la.
Après, même si j’affirme que dans mon roman il n’y en a pas, cela ne veut pas dire que j’ai raison. Bon, il y a un personnage tertiaire qui, à un moment donné, fait preuve de racisme – entre autres. C’est un « personnage caricature », un peu comme Bernard. Il ne reflète pas ce que je pense moi. Il est mis en scène pour que son comportement soit dénoncé. Après, comme je l’ai dit plus haut, je vais reprendre ce passage, qui est problématique, il faut le reconnaître.
N’ayez pas peur de reconnaître vos erreurs, même en tant qu’auteurice.
Là, j’ai récupéré mes droits pour ce roman, Livresque ferme ses portes en août. J’ai pris soin de corriger les erreurs simples qui m’ont été relevées. Je compte améliorer le style et retirer ce qu’il y a de problématique dans certains passages. Selon ce que je peux avoir comme retours de certains lecteurices, je ferai peut-être appel à unæ SR. Après, il ne faut pas oublier une chose : même dans ces moments-là, il faut se battre contre son perfectionnisme – le mien a été mis à rude épreuve après l’échange avec cette lectrice, parce les erreurs qu’elle m’a relevées ne concernent pas seulement la forme ici !
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