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L’envers de la bêta-lecture et de la correction

Cet article sur la bêta-lecture et la correction date de 2018. J’ai rajouté quelques updates actuels.

Ces dernières semaines, je suis passée par plusieurs états émotionnels concernant la bêta-lecture et la correction. Mon propos risque d’être long.

Il est vrai que je n’ai pas parlé de l’alpha-lecture, mais je pense que mes propos pourraient s’appliquer aussi. Pour connaître la différence entre l’alpha-lecture, la bêta-lecture et la correction, je vous conseille de regarder les vidéos de TataNexua.

Je n’ai jamais cessé de dire que ma plus grande crainte est de décourager la personne à qui j’ai offert mes services, voire pire. C’est d’ailleurs pour cela qu’à chaque fois qu’une personne vient me demander si je peux corriger/bêta-lire son texte, je lui demande ce qu’elle veut, si elle est SÛRE d’elle. Pourtant, ça ne m’a pas empêchée d’avoir connu une mauvaise expérience récemment avec une personne, qui ne m’a jamais dit avec sincérité que ma méthode ne lui convenait pas du tout. Ça m’a fichu un coup. Hélas, je ne suis pas devin. Je vais évoquer ça plus en détails, ainsi que d’autres points. C’est parti !

Je me rends compte plus que jamais à quel point il est important de lire attentivement la personne dont vous découvrez l’histoire (au sens de roman/nouvelle/novella). L’œil est retors : c’est souvent qu’il pointe chez l’autre des défauts qui pourraient se retrouver dans vos propres écrits. Oui, vous m’avez bien lue. Pourquoi ça ? L’adage « On voit toujours mieux la paille dans l’œil du voisin que la poutre dans le sien » vous dit quelque chose ? Voilà. C’est toujours plus facile de repérer les couacs chez les autres que chez soi, même avec beaucoup d’entraînement.

Des études diverses et variées ont été faites dessus. Je suis tombée sur cet article qui fait le tour de la question et donne des ressources intéressantes, donc si vous voulez vous renseigner, c’est par ici : Les fautes d’orthographe.

Après, ce qu’il peut se passer aussi, c’est que vous déceliez des couacs qui n’existent pas chez l’auteur ou l’autrice, mais qu’en réalité, ce soit les vôtres. C’est le même principe que de trouver qu’une personne est trop ceci ou cela sans accepter que nous-même on le soit. Ce mécanisme est assez complexe et surtout basé sur de la psychologie (je me rends compte que je pointe peut-être indirectement ce problème du doigt avec mon article Je suis odieuse et j’accuse, par rapport au fait de critiquer chez l’autre quelque chose que l’on est/fait, ou même dans Perfection de soi et l’Idéalisation d’autrui, L’Idéalisation, ou « ce n’est pas encore ça », ou encore L’Idéalisation : comment trouver mon équilibre ?. Il faudrait que j’écrive un article plus spécifiquement sur ce sujet…). Je ne dis pas que c’est systématique (loin de là), mais il faut y songer.

Autre chose : il est possible que votre cerveau ait imprimé un stade d’écriture passé de la personne que vous lisez et le plaque sur l’écrit actuel, donnant ainsi l’impression que la situation n’a pas changé, qu’il n’y a eu aucune évolution. Une de mes hantises serait d’infliger ça aux personnes que je bêta-lis et/ou corrige.

Une de mes autres peurs serait d’être incapable d’expliquer certaines choses. En français, beaucoup de règles sont difficiles et illogiques. On les reconnaît à l’usage, du coup pour les expliquer… Ce n’est clairement pas mon domaine, malgré toute la volonté du monde. Souvent, je donne à la personne des liens où elle peut retrouver ces règles et les explications qui vont avec, ou les définitions.

Cependant, la situation où elle viendrait me demander un jour pourquoi cette règle, je serais bien en peine de répondre. Je ne suis pas linguiste. Je peux expliquer/vulgariser certaines choses logiques. Cependant, notre langue étant truffée d’exceptions, je suis infichue de dire pourquoi elles le sont. Est-ce un tort ? Je l’ignore, mais très sincèrement, ça me fait flipper. J’aurais l’impression de passer pour une incapable ou une personne dénuée de pédagogie. J’aurais l’impression d’être une impostrice. Oui, c’est très fort comme ressenti.

Ça me renvoie aussi à une potentielle impuissance face à un élève qui me demanderait de lui expliquer telle chose. Je n’y arriverais pas soit parce que la notion est trop complexe pour lui, soit parce que je n’ai pas les connaissances. Me contenter de « C’est comme ça point barre », ce n’est pas mon truc. Après, il y a des moments où je me demande si ce n’est pas la seule réponse à apporter.

Il y a un autre problème qui se greffe à tout ça : en français, je sais instinctivement repérer le couac, dire que c’en est un. L’expliquer en termes techniques, non (je me suis beaucoup améliorée depuis). Je le sais d’instinct. Ce n’est pas le top, hein ? Du coup, je me renseigne à fond et vais chercher la règle qui correspond, et généralement ça suffit. Cependant, le jour où l’on me demandera d’expliquer le pourquoi de cette règle, sa construction… Arg, je me répète, mais voilà, c’est une peur profonde !

Je dis souvent que je suis un « dragon ». En fait, je suis pointilleuse, tatillonne. En 2018, j’ai cessé de BL une personne parce que ma méthode ne lui convenait pas. Je lui en demandais « trop », je pointais « trop » de choses chez elle. Pourtant, ce n’est pas faute de lui avoir demandé un nombre incalculable de fois si ce que je faisais lui convenait… Suis-je une mauvaise bêta-lectrice et une mauvaise correctrice ? Suis-je trop exigeante ? Est-ce que je ne m’adapte pas assez, suis-je rigide ? Voilà toutes les questions que je me suis posées à ce moment-là.

Je redoute le jour où une autre personne me lâchera pour les mêmes raisons, en me reprochant mon travail alors qu’à tout moment, je ne cesse de demander si tout va bien. Quelque part, cela m’insupportera parce que j’aurai l’impression que cette personne se fout de ma gueule. D’un autre, cela ne m’empêchera pas de douter de moi.

À l’inverse, j’ai la phobie de ne pas pointer toutes les erreurs de fond et de cohérence (bêta-lecture) et les coquilles (correction) d’un texte. Je me soigne, parce que je sais pertinemment qu’un texte parfait, ça n’existe pas. Il y en aura toujours, peu importe le nombre de bêta-lectures, de corrections… C’est comme ça. D’ailleurs, ironiquement, c’est souvent quelque chose que je dis aux personnes que je corrige ou BL, pour les aider à dédramatiser par exemple. Faites ce que je dis et pas ce que je fais. Le jour où j’arriverai à appliquer sur moi-même les conseils que je donne, il pleuvra des grenouilles…

Il fallait vraiment que j’aborde tout ça, que vous compreniez un peu mieux ma façon de fonctionner, que vous vous rendiez compte que je reste quelqu’un de profondément humain et que j’ai un petit souci de légitimité à régler. Bon, aujourd’hui, ça va mieux, même si j’aurai toujours des phases où, bref…

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