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Validisme et psychophobie, l’ultime test où tout le monde échoue

Au passage, admirez ma petite Sora. C’est bon, j’ai toute votre attention ?

À l’heure où j’écris ces lignes – donc très tard –, je réfléchis à beaucoup de situations que j’ai pu voir ou vivre. Je réfléchis à beaucoup de posts que j’ai pu lire sur Internet, les réseaux sociaux. Et à chaque fois, en plein milieu, je vois des phrases qui pourraient paraître banales au commun des mortels. Pour moi, elles ne le sont pas.

J’aborde le sujet de la psychophobie systémique à travers cet article.

Là, à travers ce nouvel article, je voudrais dénoncer tout le monde, y compris moi-même.

Chaque fois que nous pointons du doigt quelque chose, chaque fois que nous mettons un sujet sur la table, ça ne rate pas : on sort un fucking propos validiste et/ou psychophobe. L’on dénonce le racisme, du sexisme, de la queerphobie ? Hoplà, une petite pique validiste et/ou psychophobe pointe le bout de son nez. Je vous invite à analyser la chose plus attentivement. Vous verrez les propos « iel est malade/taré », « iel devrait aller se faire soigner », « truc de zinzin », « espèce de décérébræ », « t’es deux de tension/t’as deux neurones qui se battent en duel », etc.

L’intersectionnalité, c’est OK sauf pour les fol⸱le⸱s ? Vous êtes au courant qu’à chaque fois, ces personnes sont les plus stigmatisées rien que par le vocabulaire employé, même si ce n’est pas votre but ?

Et NON : le fait que toutes ces expressions relèvent du langage courant, que c’est passé dans l’usage, n’est pas OK. Après, comme nous sommes dans une société validiste et psychophobe, tout le monde s’en fiche.

Je vais parler pour mon cas : je suis atteinte d’anxiété sociale et d’anxiété généralisée depuis des années. Neuf fois sur dix, dans n’importe quel statut sur les réseaux sociaux, ou même dans plusieurs articles sur internet, je peux lire des choses franchement dures à lire pour moi. Comme quoi, il faut apprendre à se contrôler, à faire attention à notre manière de dire les choses… Quel culot, quand on sait que vous, vous ne vous gênez pas pour les propos ouvertement oppressifs ! C’est quand même un comble de me dire à moi, qui n’aime pas blesser les gens sauf quand on ne respecte pas mes limites (ce qui est normal), que je dois me calmer, me maîtriser (et en gros, fermer ma gueule), que je pourrais contrarier les gens, que ce n’est pas approprié… Un culot monstre, vraiment.

Je donne cet exemple, je pourrais en donner mille.

Dans mon article sur la psychophobie systémique, j’ai dit quelque chose d’important. Quelque chose que je vais répéter ici. Lorsque l’on vous fait remarquer que vous avez eu des gestes, des propos non appropriés, on ne vous accuse pas d’être problématique ! Ce sont lesdits mots, lesdits gestes qui le sont… Tout comme une personne peut avoir des propos et actes toxiques sans être toxique elle-même.

Je ne vous pointe pas du doigt en mode « Bouuuuuuh » ! Je relève juste quelque chose de factuel, où je vous demande de faire attention, de vous sensibiliser sur ce sujet.

C’est la déconstruction, et c’est le travail de toute une vie. Le fait de vous braquer, d’arguer que vous en avez « marre des wokes », eh bien… Vous reprenez un discours colporté par des personnes vraiment haineuses et intolérantes – donc un discours d’extrême-droite – sans en mesurer les conséquences.

Je ne vous accuse pas, c’est factuel. En fait, je vous dévoile juste mon ras-le-bol. Je parle en tant que concernée sur la question de la psychophobie et du validisme.

« Et pas de : « Tu te prends trop la tête », non. Je ne veux pas l’entendre. J’ai le droit, moi aussi, de dire ce qui me dérange. J’ai le droit de dire ce qui me blesse, et cela n’a pas à être minimisé.

Aujourd’hui, je dénonce cet état de fait. Je ne vois pas pourquoi, moi, je devrais faire attention à ce que je dis, à ce que je fais. Eh oui : vous-mêmes êtes dans l’oppression sans vous poser de questions ! Vous chouinez parce que « on ne peut plus rien dire ». Il s’agirait en fait d’apprendre à s’exprimer correctement, dire les choses de manière factuelle, comme je m’efforce de le faire dans cet article.

Après, quand ce sont des personnes concernées – donc handi psy, même si ce n’est pas un token d’immunité – qui font preuve de psychophobie et de validisme, je ne sais jamais comment réagir. Prendre le temps de leur montrer, attendre qu’elles aient le déclic ?

Enfin voilà. Le shaming, c’est non ! Je suis vraiment fatiguée de lire des posts qui me paraissent justes, qui dénoncent quelque chose d’important, et là, patatras ! un propos psychophobe, validiste en plein milieu…

Voilà pourquoi j’ai l’impression que c’est l’ultime test où tout le monde échoue.

Y compris moi.

Oh, j’ai pas mal changé ma façon de m’exprimer, pour qu’elle soit plus juste et qu’il n’y ait pas de balles perdues envers les minorités sans que je le veuille. Mais je constate que là où, vraiment, il y a peu d’évolution sur la question, c’est sur la psychophobie et le validisme dans notre manière de nous exprimer.

Dois-je m’assouplir là-dessus, alors que j’ai ouvert les yeux et pris conscience du fort taux de validisme et de psychophobie rien que dans nos paroles, nos gestes, notre façon d’être ?

Pourquoi ce serait à moi de m’adapter face à des personnes qui ne veulent pas se remettre en question, en fait ?

Je vous laisse méditer là-dessus.

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