Cet article est le fruit de nombreuses cogitations au cours de la fin août. Vous n’êtes pas sans savoir que mon roman Evana est sorti depuis le 24 juillet 2023, chez Le Labyrinthe de Théia, dans Les Clés d’Hécate. Lors des retours que j’ai reçus, il est revenu à de nombreuses reprises le fait que mon style, mon écriture, soient lents, qu’il y a un « manque d’action ».
Ce n’est pas la première fois que l’on me fait la remarque, et Evana n’est pas le seul projet où ce côté est assez présent – il s’agit même du projet où ce côté est développé à fond.
Cependant, je vais poser une question : est-ce un défaut d’écriture ?
Il y a quelques années, je me serais affolée et j’aurais pensé qu’écrire de cette manière est mauvais, notamment parce que certaines personnes faisaient circuler ce genre d’idées.
Aujourd’hui, j’ai bien plus d’armes.
Evana est perfectible ; même s’il est passé entre les mains d’une équipe éditoriale, il ne sera jamais parfait. Aucun roman ne le sera jamais, en fait, peu importe duquel l’on parle. En revanche, le fait que l’action ne soit pas au cœur de mon style d’écriture ici porte un nom : Evana s’inscrit dans la littérature contemplative.
Heeeeeein ? Mais c’est quoi ça encore ?
Revenons à la définition du terme (même s’il est très difficile de trouver sur Internet tellement c’est mélangé à d’autres concepts…) : la contemplation est le fait d’observer, aimer, ressembler même. L’écriture contemplative s’inscrit dans le fait de se glisser dans les pensées d’un ou de plusieurs personnages. Læ lecteurice ressent à travers eux, mais pas seulement ; il y a aussi ce côté immersif, lent, qui prend son temps. Il s’agit de se poser et de regarder certaines réalités, dans un tel état d’esprit. On pourrait presque dire qu’il s’agit d’une forme de méditation. Il peut y avoir aussi un côté répétitif.
L’article de Julie creuse plus la définition du contemplatif, que ce soit dans l’art, la littérature, la vie même.
Les haïkus sont un exemple de littérature contemplative. En France, nous pouvons citer bon nombre d’œuvres néo-classiques s’inscrivant dans ce courant. D’ailleurs, un fort lien existe entre les écrits contemplatifs et… le romantisme. Alors attention, le romantisme, ce n’est PAS de la romance !
Quand on regarde la définition du romantisme en littérature, Evana rentre dans ce champ aussi. Vous voyez désormais dans quoi s’inscrit ce roman. Il s’agissait d’un des courants les plus populaires et ne se cantonnait pas qu’à la littérature, d’ailleurs. Tous les romans romantiques ne sont pas forcément contemplatifs. En gros, le contemplatif est un sous-courant.
Il est vrai qu’aujourd’hui, la littérature contemplative est effacée, peu mise en avant. Le fait d’avoir ce style aussi particulier peut donner lieu à des réactions assez variées.
Dans certains cas, pour le contemplatif, il y a une dimension spirituelle, religieuse. Ce n’est pas le cas d’Evana ici ; enfin, ce lien est plutôt indirect. Je questionne un peu sur l’existence de croyances, mais c’est tout.
Revenons simplement à l’écriture contemplative. Comme je vous l’ai dit Evana en est un exemple criant et clivant. Ce n’est pas un roman d’action. Ce n’est pas non plus un page-turner, et jamais il n’a été présenté comme tel. Je ne pourrai jamais en faire une histoire fourmillante d’action, parce que ce n’est ni sa prétention ni son but. Je dénaturerais complètement son essence, et je ne le veux pas.
Dans Evana, le romantisme se traduit tout simplement dans le côté un peu horrifique que le projet prend parfois et merveilleux.
Un sacré mélange tout ceci, non ? De la poésie, de la fantasy fantastique, un soupçon d’horrifique et de merveilleux. De la psychologie, une dimension propre au théâtre, de la philosophie… Le tout se recoupe sous le contemplatif et le romantisme.
Comprenez-vous maintenant à quoi vous avez affaire ?
J’ai toujours dit qu’Evana serait difficilement publiable. Le Labyrinthe de Théia lui a donné sa chance. Son équipe et plusieurs de mes proches m’ont poussée à ne plus renier, à développer au maximum le côté contemplatif de ma plume, de même que la poésie, le lyrisme et l’onirisme. S’il fallait un projet pour le faire, c’était celui-là.
Si vous souhaitez lire de moi des romans où il y a de l’action, il va falloir attendre un peu. La Mouverêve pourrait convenir, et encore : il y a par moment des passages où le style contemplatif sera toujours là, tout comme le côté poético-onirique de ma plume.
Je ne peux pas m’en débarrasser, ils font partie de moi.
Ce ne sont pas des défauts d’écriture, mais des spécificités.
J’ai beaucoup parlé d’Evana ici, mais le contemplatif se retrouve dans plusieurs de mes projets, plus prononcé dans certains que dans d’autres. Dans Un pétale par sourire, certain.e.s d’entre vous ont remarqué qu’il était présent, dans des proportions moindres, de même que le côté poético-onirique.
Je parviendrai un jour à attirer le public-cible, même si cela se fera encore par tâtonnements, même si je vais encore beaucoup galérer. Je suis avant tout autrice, et me vendre, ce n’est pas ce que je fais de mieux. Mon côté introverti n’est pas du tout d’accord et ne désire qu’une chose : écrire.
Après, l’on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie. Il y aura des moments où je baisserai les bras, où je serai dure avec moi-même, mais je vais continuer à me battre pour aimer ce que je fais et défendre ma plume.
Elle n’est pas exempte de défauts, j’ai encore beaucoup à apprendre. Seulement, je ne pourrai jamais la dépouiller de sa poésie, son côté contemplatif, et je dois être la première à croire en elle si je veux que d’autres y croient également.
PS : Je profite de ce #JustArticle pour vous annoncer que le 12 septembre, les abonnæs à La Lettre Scripturiste recevront la lecture audio du chapitre 1 de la première partie d’Evana ! Oui, ce contenu est exclusif à ma newsletter. Vous savez ce qu’il vous reste à faire :).
Le romantisme / romance je l’ai eu aussi y a pas longtemps…ça m’a gavé -_- y a des gens qui confondent tout :S
Super billet ♥.♥
Merci :3.
Là, ce qui me fait grimacer, c’est que j’ai l’impression que les romans dit « lents » ne sont pas autant appréciés que ceux où il y a de « l’action » x).