You are currently viewing Chant, écriture, peinture : qui suis-je dans l’art ?

Chant, écriture, peinture : qui suis-je dans l’art ?

Ce mois de novembre fut assez marquant pour moi au niveau de mon art, enfin, plus précisément dans trois de ses déclinaisons. Autant pour l’écriture, je continue à me débloquer et je suis dans une phase où je parviens à peu près à accepter les compliments, autant pour le chant et la peinture, disons que des événements auxquels je ne m’attendais pas du tout sont survenus.

Je ne fais plus de disclaimer sur le fait que je vais partir dans tous les sens, on se sait hein.

Autre point important à souligner pour moi : autant pour le chant, qui est mon art premier, et pour l’écriture, je peux comprendre les compliments qui me sont adressés. Si je tabasse assez fort mon syndrome de l’impostrice, j’arrive à dire objectivement qu’avec mon expérience, le travail, c’est mérité et justifié.

Pour la peinture et le dessin, ce n’est pas le cas.

Maintenant, je vais revenir sur chaque art.

Le chant

Comme je l’ai dit, il s’agit de mon art premier. Au lieu de parler, je préférais chanter, dixit ma mère. A trois ans, je chantais du Whitney Houston. Depuis toute petite, c’est un moyen de communiquer pour moi. La voix est un instrument. J’ai eu des cours de chant, des profs différents, dont Gourou, dont je parle dans Mes écrits, entre rêves et traumas. Je suis passée par des hauts et des bas extrêmes : soit l’on me portait aux nues et l’on me comparait à de grandes chanteuses ; soit l’on me rabaissait, qualifiait ma façon de chanter criarde, fausse, sans émotions, au point de briser cet instrument et ma confiance en moi ; soit on me manipulait par rapport à cet art, cela a failli provoquer ma perte.

Il y a aussi le fait que comme pour l’écriture et la peinture, dont je parlerai plus loin, certaines personnes ne m’écoutent pas vraiment et restent hermétiques au message que je peux véhiculer. Soit parce qu’indifférentes, soit parce qu’elles pourraient potentiellement ressentir mon vécu et ne pas le supporter. C’est quelque chose dont j’ai pris conscience récemment.

En 2016, j’ai intégré une troupe de chant, portée sur le thème des années soixante. J’y suis encore actuellement, même si j’avais dit que je voulais arrêter et partir. Cela vient de plusieurs facteurs : je suis la plus jeune, je ne me sentais pas à ma place car je suis la seule soprane du groupe. Je ne trouvais pas ma place. Du coup, je n’osais plus rien, je me suis encore plus éteinte.

Puis, début novembre, il s’est passé quelque chose. Lors d’une répétition, la chef de la troupe nous a demandé de faire des essais sur la chanson L’envie d’aimer, issue de la comédie musicale les dix commandements. Nous avons été quatre à chanter dessus. Moi, je me suis mise dans un coin pour ne gêner personne. Cette chanson, je l’aime beaucoup, je la connais par cœur, pas seulement au niveau des paroles.

Je me suis retrouvée à chanter toute seule, la trouille au ventre. La chef avait demandé à tout le monde de se taire. À ma plus grande stupéfaction, elle m’a mise en soliste dessus et maintenant, elle se retrouve dans mon répertoire. Des solos, j’en ai fait en spectacle dans la troupe, mais petit à petit, je me suis retrouvée de plus en plus choriste, d’autant que les chansons concernées, je ne me sentais pas dans mon élément, car pas spécialement faites pour les voix sopranes. Cela avait participé à la perte de confiance en moi. Pour les morceaux où j’étais choriste, je ne pouvais utiliser ma voix soprane que rarement aussi.

Là, qu’elle me laisse chanter l’envie d’aimer et qu’elle me laisse aussi la chanter comme moi je la sens – sans copier les interprètes –, ça a été un premier déclic. Je ne vais pas dire que le blocage est terminé, va falloir du temps pour ça. Je suis toujours terrifiée quand je commence à chanter. Ensuite, il y a quelques répétitions en arrière, la chef m’a donné carte blanche pour rajouter des chœurs, des improvisations en tant que choriste sur certains morceaux. On va dire que c’est un deuxième déclic. Le troisième déclic, il est antérieur aux deux précédents, et porte plutôt sur ma capacité à composer des chansons. Du coup, je vais plutôt aborder ça pour la partie écriture.

La prochaine étape : chanter une de mes propres chansons. Après, ce ne sera pas pour demain, je suis beaucoup trop nouée. Il faut encore que je répare beaucoup de choses en moi pour ça.

L’écriture

En ce moment, je travaille sur les corrections éditoriales de mon projet Evana, qui sera publié chez Le Labyrinthe de Théia. Bon, à l’heure actuelle où sera publié l’article, j’aurais sans doute terminé et le manuscrit sera entre les mains de la correctrice. Evana est très personnel et hybride : c’est un roman avec des parties poétiques et quelques chansons. C’était le projet que je pensais être le moins susceptible d’être édité. J’ai hâte de voir la concrétisation de tout ceci, au second quadrimestre 2023.

L’écriture est l’art qui m’a beaucoup de fois échappé. Je me tapais de mauvaises notes en rédaction en 6ème, parce que toujours hors sujet, avec une imagination trop débordante. Par la suite, j’ai fini par obtenir de beaux avis et des notes excellentes (après, cela dépend aussi beaucoup des profs).

Comme je l’ai dit, j’écris des chansons. Des gens ont trouvé un potentiel dedans. Moi, je ne sais pas si j’arriverai à chanter mes propres textes un jour.

Enfin, je vais parler d’un compliment récurrent qui contrebalance tout ce qui a pu meurtrir ou briser ma plume : j’écris comme je chante. Que ce soit des poèmes, des romans, des chansons, le rythme, la fluidité sont là. Certaines personnes n’aiment pas et trouvent que je suis alambiquée, que j’en fais trop, que c’est sans émotion. Souvent, ces personnes restent en surface et ne franchissent pas cette sorte de « barrière » que je peux instaurer malgré moi. C’est présent dans n’importe quel art que je pratique. Peut-être est-ce une sorte de blocage dans ma façon de communiquer aussi, parce que l’écriture, le chant ou même la peinture sont des moyens de communication pour moi. Et je le fais de manière atypique en plus.

Si avec ça je ne suis pas NeuroA… surtout qu’on m’a répété toute ma vie que je ne « faisais rien comme tout le monde ».

J’essaie de ne retenir que le positif. Même si je suis loin de tout connaître côté écriture, même si je ne suis pas une virtuose, j’ai une plume autant que j’ai une voix, et je sais exprimer mes émotions même si souvent, je me cache. Je n’ai pas à rougir de mes écrits, j’ai un beau bagage côté techniques, expérience, en plus de l’émotionnel.

C’est en poésie où je pourrais me revendiquer en tant qu’escrimeuse de la plume et rabattre le caquet de certain.e.s. Ne venez pas cracher sur la poésie classique ou la poésie en prose avec moi : je vous démontre en moins de deux que vous vous trompez de combat. J’avais fait une expérience très intéressante une fois, à ce sujet… Les puristes sont les pires.

Profitez que j’accepte de voir les qualités de ma plume, c’est à marquer d’une pierre blanche. Vous me le rappellerez le jour où je me détruis sans aucune pitié.

J’essaie désormais de conserver et travailler ce côté lyrique dans ma plume, que j’ai longtemps combattu en écoutant les mauvaises personnes. Il aura fallu que d’autres personnes me poussent au contraire à ne pas le renier pour l’accepter petit à petit, notamment lorsque j’ai travaillé avec la DE et la correctrice qui se sont occupées de Un pétale par sourire.

La peinture et le dessin

Qu’on s’entende bien : je dessine et peins depuis petite aussi, j’ai toujours aimé cet art. Seulement, je ne me suis pas autant investie que pour le chant et l’écriture. Pour moi, c’est « juste comme ça ». Puis, à mes dix-huit ans à peu près, une artiste locale qui faisait de la peinture à huile a jeté un coup d’œil à mes gribouillis à la gouache. Elle m’a poussée à me lancer dans la peinture à huile.

Non, je n’ai pas commencé par le plus facile, je sais. XD.

C’est plus tard que j’ai essayé l’aquarelle et le pastel sec, puis l’encre à dessiner. Puis je me suis dit un jour : allez, un petit mélange de ces techniques, ça peut être sympa. J’essaie de m’améliorer côté proportions, les techniques, même si j’ai beaucoup de mal et que je suis obligée de faire autrement. Comme pour l’écriture ou même le chant… Décidément.

J’ai peu peint cette année. Je suis rentrée dans une grosse phase où j’avais de nouveau honte d’oser montrer mes créations. Surtout que je suis des artistes que j’admire beaucoup, dont certaines peuvent voir passer mes horreurs.

Un soir, j’ai fait une sortie au restaurant avec ma mère. Le patron est un ami à elle. Il m’a demandé si je peignais toujours. Il m’a aussi dit qu’il aimait vraiment beaucoup ce que je faisais, que j’avais du potentiel. Sa dernière remarque fait écho à ce qu’on m’a pourtant déjà dit : quand on voit une de mes peintures, on sait que c’est moi, on reconnaît mon style. Pas dans le sens « Mon Dieu, c’est laid, c’est une horreur », au contraire.

Bon, évidemment, j’ai déjà eu des remarques comme quoi on n’aimait pas mon style, qu’il était « enfantin ». D’autres à ce sujet ne sont pas du tout d’accord et trouvent qu’au contraire, c’est assez sombre même si j’essaie de planquer cette noirceur avec beaucoup de couleurs. Oups…

Les premiers restent en surface, les seconds ont creusé mes coups de pinceaux et ont deviné beaucoup de choses. Tout comme pour le chant. Tout comme pour l’écriture.

Je ne suis pas tant un livre ouvert que ça.

Donc on reconnaît mon travail et la beauté de mes toiles. Mais pas moi.

Aïe, ça coince.

Je ne me sens pas légitime à me revendiquer artiste-peintre. J’ai moins d’expérience que pour le chant et l’écriture même si cela fait aussi longtemps que je pratique cet art. Je n’ai pas acquis autant de techniques, je n’ai pas autant travaillé mes coups de pinceaux. Du coup là-dessus, je reste toujours dubitative.

Voilà donc où j’en suis actuellement, et je peux vous dire que je reviens de loin. Outre mon ex beau-père, j’ai cassé plus d’une fois mes outils et instruments. Je me suis longtemps sentie honteuse d’oser toucher à l’art… Pour l’instant, tout est en cours de réparation… jusqu’à la prochaine fois.

Cet article a 3 commentaires

  1. cora85

    Les cours de chant que j’ai suivis m’ont assez traumatisée ; c’est un art qui m’a toujours passionnée, mais je ne chante pas toujours juste, à mon très grand regret, et l’un de mes profs m’a humiliée en me traitant de « sourde ». Autre problème : personne ne m’a jamais expliquée ce qu’est une tonalité ce que signifie chanter juste, ce genre de choses. Oui, j’aurais du poser ces questions, mais j’avais toujours l’impression que j’allais me faire jeter ! Depuis ces cours, il y a quinze ans, je n’ose plus chanter en public…
    Merci pour cet article très intéressant, et bravo pour tous ces talents !

    1. Justine_CM

      Ce qu’a fait ton professeur est immonde, je ne cautionne pas.
      Je peux comprendre le traumatisme derrière, et le fait que tu n’aies jamais osé poser de questions…
      Courage à toi !

Laisser un commentaire