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Tacler autrui sur son expression écrite et orale

Voilà un autre sujet brûlant, encore, où je vais être salée… encore.

Avant de commencer : merci de cesser de me dire que je ne changerai pas le monde, que je me prends trop la tête, etc. Systématiquement, j’ai une remarque de ce type, et au bout de presque 35 ans d’existence, je vous demande d’arrêter.

Vraiment.

La prochaine fois, je mords, c’est compris ?

Si moi, je ne peux pas changer le monde – et encore, si nous sommes plusieurs à nous insurger, au bout d’un moment, nous formons un groupe fort –, une chose est encore plus certaine : vous ne pouvez pas me changer non plus.

Je l’ai déjà dit et redit : j’ai essayé de changer seule, pour me conformer au monde. Ça n’a pas marché. Alors maintenant, soit vous m’acceptez telle que je suis, soit vous partez.

La seule chose que je peux changer en moi, c’est au niveau de la déconstruction. Pour être une meilleure personne chaque jour, en accord avec moi-même. Parce qu’être une meilleure personne juste pour « glow up », ça ne marche pas non plus. Il faut se hisser vers la lumière en acceptant ses ténèbres et le néant, voilà tout.

Maintenant que ma digression est terminée, je vais parler d’un phénomène qui m’énerve tout autant que la psychophobie systémique, le validisme global, l’acephobie, le sexisme… et bien sûr, les autres sujets où je ne suis pas concernée, mais où je m’insurge aussi : racisme, transphobie, etc. (cette phrase est beaucoup trop longue, pardon).

Et donc, qu’est-ce ?

Tout est dans le titre de cet article.

Ainsi, quand je vous vois tacler quelqu’un sur ses fautes d’orthographe à l’écrit (ou de conjugaison, ou de grammaire, bref, vous avez compris), sur sa manière de s’exprimer à l’oral, je vous vois comme ça : des gamins en maternelle. Et encore, ce n’est pas gentil pour les gamins.

Si le propos de votre interlocuteurice est incompréhensible, pour X raisons, ben… Dites-lui simplement qu’il y a un problème dans son expression. Factuellement. « Désolæ, je ne comprends pas tes propos, il y a trop d’erreurs à l’écrit et je ne déchiffre pas/ peux-tu reformuler autrement ? »

Vous voyez : ce n’est pas sorcier, il n’y a rien d’offensant.

En revanche, s’amuser à humilier en corrigeant votre interlocuteurice ou en lui sortant des phrases validistes comme « si on veut être crédible, autant écrire sans fautes/ parler le français », c’est inutile, méchant et validiste. Vous ne savez pas si cette personne est dys, ou est atteinte d’un autre problème, ou si elle ne pratique le français que depuis peu de temps, etc.

Le fait d’attaquer la forme du discours de la personne à qui vous vous adressez ne vous rendra pas génialissime. D’ailleurs, je vous renvoie au concept de la cible de Graham, expliqué notamment par Le Chat Sceptique.

En revanche, je dois avancer un petit contre-argument (mais vraiment petit) à ce que j’ai dit plus haut : si vous décidez d’attaquer quelqu’un sur la forme de son discours… eh bien, soyez irréprochable vous-mêmes. Si vous décidez de relever les fautes chez quelqu’un, soyez unæ pro du zéro fautes. Voilà.

Personnellement, j’ai décidé de ne pas m’amuser à ça. Si je dois débattre, je m’efforce d’identifier le cœur du problème, de m’attaquer au fond, c’est tout.

Des gens qui font exprès de mal écrire et mal parler représentent une minorité. Cessez donc de traiter toute personne qui a des soucis à s’exprimer à l’écrit ou à l’oral comme si elle ne faisait aucun effort, le faisait exprès, ou que sais-je. C’est validiste.

Pour rappel, définition du terme, via Le Robert : Système faisant des personnes valides la norme sociale. Par extension : Discrimination envers les personnes en situation de handicap.

Répétez après moi : nous sommes dans une société validiste. De toute évidence, vous partez du principe que tout le monde doit savoir faire ceci, cela. Si ce n’est pas le cas, c’est par flemme. Ou c’est par manque de volonté, etc. Vous n’aimez pas les personnes non valides. Eh oui, vous n’aimez pas les personnes non normées, et ça se voit au bout d’un moment.

Quoi, vous en avez marre de voir le terme « validisme » fleurir partout dans mes textes ? Alors, le jour où vous ne vous sentirez plus offusquæs de le voir, c’est que vous aurez ouvert les yeux. Vous aurez entamé un vrai travail de déconstruction. C’est une utopie à laquelle j’aimerais croire. Je sais, on ne vit pas dans le monde des Bisounours.

Allez, je vais vous faire rager également en vous affirmant que tacler autrui sur son expression écrite et/ou son expression orale est classiste. Que vous le vouliez ou non, tout le monde n’a pas un accès équitable à l’écriture, la lecture, etc.

Oui, il y a des outils, des choses mises en place gratuitement. Cependant, cela ne suffit pas. Tout comme il ne suffit pas de regarder des tutos YouTube pour réparer sa voiture.

Petite définition du mot « classisme », tiré du site Femmes de droit : Le classisme désigne toutes les formes de discriminations fondées sur l’appartenance à une classe sociale. Donc, ces discriminations peuvent se faire selon différents critères : les vêtements, les loisirs, l’éducation (les diplômes, les langues parlées, la culture générale…), les réseaux, le lieu de résidence, la facilité à accéder à différents services (la justice, la santé…) etc.

Je vous invite chaudement à lire l’article en entier, histoire que vous voyiez bien de quoi je parle.

Maintenant, revenons à nos moutons. Vous oubliez que la manière d’enseigner le français – ou toute autre langue ou domaine – fait toute la différence. D’ailleurs, Le Donjon du Savoir a à cœur de permettre à chaque personne de se former autrement, d’apprendre là où l’école classique a échoué.

Enfin, critiquer quelqu’un qui n’est pas un pro du français en insinuant que c’est quelqu’un de bête, pas intelligent, c’est psychophobe. Je vous renvoie à mes articles sur la psychophobie systémique et sur le fait qu’avec le validisme, c’est l’ultime test où tout le monde échoue. D’autant plus qu’il existe diverses formes d’intelligence. Il serait temps de vous renseigner sur le sujet, largement développé par des scientifiques, neurologues et consorts.

Parmi vous, il y en a qui par ego, ou que sais-je, refusent de mettre fin au débat parce que vous voulez avoir le dernier mot. Et ce dernier mot, parfois, c’est de tacler votre interlocuteurice sur son expression écrite et/ou orale. Je trouve cela affligeant, personnellement, après, ma foi…

Désormais, c’est simple : je vous vois tacler autrui sur son expression écrite/orale, je ne vous raterai pas. Et si cela ne vous plaît pas, c’est pareil. Si vous avez besoin de cela pour croire gagner le débat, vous ne valez pas grand-chose.

Voilà donc ma conclusion : si vous vous attaquez à la forme d’un propos en taclant sur l’expression écrite et/ou orale, en plus d’être dénuæ singulièrement d’intérêt et hors débat, vous êtes classiste et validiste, au minimum. Et pour bien débattre, il faudrait à mon sens se remettre en question.

Cet article a 4 commentaires

  1. Maritza

    Super article ♥.♥ D’ailleurs je ne sais pas ce que tu penses du terme ethnophobe pour ne pas dire « racisme » qui signifierait qu’il y a en effet des « races », je l’ai entendu à travers le podcast diversi’thé de fabiola et je commence à l’utiliser. Parce que finalement c’est un peuple/les autres qu’on discrimine.

    1. Justine_CM

      Merci ♥.
      C’est un terme intéressant, comme je t’ai dit, à voir avec d’autres personnes racisées s’il pourrait s’utiliser de la même façon du coup !

      1. Cha

        Totalement d’accord avec toi. À préciser aussi que le français est une langue très élitiste. L’académie française l’a volontairement et inutilement complexifiée pour la rendre seulement accessible à l’élite bourgeoise. D’ailleurs je pense que celleux qui taclent sur l’expression orale/écrite sont les mêmes que celleux qui chouinent devant iel et l’écriture inclusive (qui aurait cru que classisme/validisme/élitisme allait de pair avec sexisme et transphobie ? /sarcasm)
        Bref, merci pour cet article <3

        1. Justine_CM

          Haha, je pense aussi oui !
          Au mois de décembre, il va y avoir un article complet sur l’écriture inclusive, et un autre sur ce qu’est la littérature… Les élitistes en sueur ptdr ! Je te promets…
          Merci pour ton commentaire :3.

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