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Les playlists, ce n’est pas pro : et c’est reparti

Après les notes de bas de page, les cartes, voilà que maintenant, les suggestions de playlists mises dans certains romans sont considérées comme n’étant pas « très professionnelles ». Certain·e·s lecteurices referment même le livre parce qu’il y a l’existence d’une playlist… Vous pouvez juste l’ignorer et vous concentrer sur le roman, en fait.

Vraiment, là, il va falloir m’expliquer. On ne vous met pas le couteau sous la gorge, il s’agit juste d’une suggestion, d’un bonus. D’une annexe, quoi. Et si vous faites partie de la team qui pense que c’est parce que « l’auteurice se la montre », ou que « l’auteurice n’assume pas qu’iel a pensé son histoire comme un film ou une série et ça se ressent », mais…

Vous êtes au courant qu’il n’y a aucun rapport avec le fait de proposer une playlist ? Écrire en musique, beaucoup d’auteurices le font, en fait. D’autres écrivent en silence, il faut de tout pour faire un monde.

Si vous avez l’impression que le roman que vous lisez n’a pas un format de roman, mais plutôt de scénario, c’est dû à la construction du récit. Ce n’est donc pas parce que l’auteurice suggère une playlist. C’est vraiment n’importe quoi.

Merci de ne pas décrier les autres formats

Vous êtes au courant quand même que les films et séries que vous regardez sont tirés de romans, à la base ? L’inverse peut aussi se rencontrer… Dans tous les cas, cela ne change rien au fait que votre réflexion est éclatée au sol.

Un roman a un certain format, comme je l’ai dit. Il peut s’agir d’un scénario développé, oui. Je vais vous apprendre quelque chose : le format par chapitres n’est pas le seul qui existe dans la façon d’écrire un roman ou une saga. Il y a aussi le format par épisodes. Oui, oui, les séries littéraires, là.

Oups.

Et non, ce ne sont pas des films/séries « non assumées », ce sont juste des histoires qui ont été racontées sous tel format. Et une histoire peut se décliner en divers médias : roman, film, série, pièce de théâtre…

Re oups.

D’ailleurs, Evana en est la parfaite illustration : ce projet, je l’ai pensé comme une pièce de théâtre, à la base. J’ai choisi le format du roman par chapitres, parce que je le sentais bien. Alors, certes, il y a une division en trois actes, qui sont des vestiges du format théâtre.

Rien ne m’empêche un jour de reprendre ce format-là, ou de transformer Evana en long métrage. Sérieusement.

Bien entendu, si jamais cela arrivait, je réécrirais ce projet en conséquence, selon l’un ou l’autre format, pour l’adapter. Oui, adaptation. Vous connaissez ce mot, ou ça se passe comment ?

Vous me fatiguez, à la fin.

L’accessibilité et l’aspect ludique des annexes, dont la playlist, c’est pour les chiens ?

Vous remettez en question l’utilité des annexes alors qu’elles ont pour but de rendre un aspect du roman accessible. Par exemple, les cartes servent à synthétiser au lieu de faire de longs pavés descriptifs dans le cadre du worldbuilding, indigestes. Je dis ça alors que j’adore les descriptions, hein. Les notes de bas de page servent à expliquer un mot qu’il serait également lourd d’expliquer dans le texte même, et est plus facilement accessible qu’un glossaire. Bref, je parle de tout ceci dans mon article Vade, retro, annexes, je ne vais pas me répéter.

Pour le cas de la playlist, au niveau accessibilité, quelle est son utilité ? Eh bien, vous pouvez vous construire votre playlist à écouter selon l’exemple de la première si celle-ci ne vous convient pas tout à fait. Ou tout simplement, la playlist permet à certaines personnes de mieux s’immerger dans l’ambiance, ou donner une idée. Bref, quand on cherche bien, on trouve.

Vous remettez en question l’utilité des annexes alors qu’elles proposent des bonus, une ouverture vers l’univers de l’auteurice.

Vous adorez les jaspages, les dorures, etc., qui occasionnent un coût supplémentaire au livre (attention, je ne bashe pas sur leur existence, je me suis suffisamment expliquée dans mon article Le livre : une histoire ou un objet ?). Par contre, les playlists, c’est le mal absolu, alors qu’elles n’augmentent pas le prix final du livre contrairement à l’ajout d’illustrations, dorures, jaspage ?

Il faut remettre les choses en perspective à un moment donné.

Et les romans avec des formats/produits dérivés, oh la la !

Qu’allez-vous dire devant des romans qui proposent un album musical composé spécialement pour ledit roman en question ? C’est le cas d’Evana, et de tous les livres de ma ME Le Labyrinthe de Théia. Et en plus, l’autrice de Le Temps de l’Eau, une des dernières sorties de la ME en cours de financement sur Ulule, a également développé un jeu vidéo dérivé de son univers ! Beaucoup de ME développent des goodies liés à l’univers des romans qu’elles publient. C’est le cas du Labyrinthe de Théia (chaque roman a sa bougie par exemple). Et c’est aussi le cas avec SolÉditions ! On a carrément développé des produits au crochet, par exemple, complètement liés à l’univers de mon roman Un pétale par sourire.

Donc tous ces exemples, que je viens de citer, ce ne sont pas de vrais romans. Vous ne leur donnerez jamais aucune chance, alors que vous pouvez vous contenter de lire juste le roman ? Alors que, contrairement aux grandes ME, les moyennes et petites proposent des ebooks à un prix décent et ultra abordable (c’est le cas des brochés, aussi, d’ailleurs) ?

On va où, là ?

Vraiment ?

Faire le tri de ce que vous désirez lire, OK, aucun souci, mais basez-vous sur des données factuelles. Je ne sais pas, le résumé du roman, le genre, voire les avis de quelques lecteurices ? Pas sur le fait qu’il y ait une flutain de playlist, des notes de bas de page, une carte, ou autre.

Merde.

Désolée, ça avait besoin de sortir.

En tant qu’artiste, je suis tellement heureuse de voir un projet être décliné sous plusieurs formats. Que ce soit mon projet ou ceux des autres. J’adore que l’on me propose des bonus, soit en terme d’accessibilité (les notes de bas de page notamment, plutôt que le glossaire), soit en terme d’immersion dans l’univers.

Travailler avec Joxan Desjasmin, le compositeur de l’album lié à Evana et des albums liés à chacun des livres publiés par Le Labyrinthe de Théia, a été un véritable plaisir. C’était une collaboration, où j’ai pu donner mes indications, où j’ai participé activement à l’élaboration de ces musiques. Tout comme j’ai participé activement en tant qu’autrice au travail éditorial d’Evana, ou d’Un pétale par sourire.

Le jour où je vais vous pourrir de musiques que j’écoute ou ai écoutées lors de l’écriture de mes romans, vous n’êtes pas prêt·e·s.

Au moins, les personnes qui resteront seront les meilleures, celles qui auront une belle ouverture d’esprit.

Voilà.

Gnagnagna, ce n’est pas très pro

Oui, oui, des personnes l’ont sorti. L’argument d’autorité ultime.

Très bien, donc beaucoup de ME ne sont pas pro. Beaucoup d’auteurices ne le sont pas non plus.

De mon côté, on le sait depuis longtemps que je ne suis pas une autrice pro. Eh oui, je ne suis pas linéaire, je ne rentre pas dans les codes. En plus, j’ai l’outrecuidance d’être une femme qui fait plus jeune que son âge.

Et puis bon, l’on m’a sorti il y a peu de temps que ce n’était pas parce que j’étais autrice en ME et que je faisais partie d’un comité de lecture (oui, j’en reparle dans mon article sur mes journées-types, qui sort courant novembre) que j’y connaissais vraiment quelque chose au monde de l’édition, au travail éditorial et compagnie…

C’est vrai que je ne discute jamais avec les éditeurices et les auteurices des ME dont je suis le travail. Je n’ai jamais discuté non plus avec les éditeurices des deux maisons d’édition dans lesquelles j’étais avant qu’elles ne ferment leurs portes, ou même avec mon éditrice actuelle, mes différentes directrices éditoriales… Nooon, absolument pas, j’ai aucune idée du travail que tout ce monde accomplit. Moi, je suis juste l’autrice diva qui s’imagine que tout se fait en un claquement de doigts. Je suis l’autrice qui ne participe pas du tout au travail éditorial, aux corrections, au maquettage, à la lecture du BAT et du BAN. Pas du tout, pas du tout.

Il est vrai également que je ne connais pas le fonctionnement interne de sélection des manuscrits. Ben oui, mon expérience n’en est pas une. Le barème auquel nous nous référons pour sélectionner les manuscrits n’est propre qu’à ma ME, évidemment (non, pas du tout, c’est un barème classique).

De par ces deux expériences, je ne connais vraiment rien au monde de l’édition. Oh, et bien sûr, avec mon travail effectué avec SolÉditions sur Un pétale par sourire, où j’ai travaillé avec plusieurs prestataires de service (bêta-lectrices, correctrice, maquettiste, illustratrice…), je suis une ignare finie. Et bien entendu, pour avoir travaillé avec plusieurs auteurices autoéditæs, dont j’ai fait soit la bêta-lecture, soit la correction (je vais revenir sur ce point précis plus loin, car là, je ne me prétends pas pro), soit les deux, je ne sais absolument pas comment fonctionne le monde de l’AE qui, par certains aspects, se rapproche de ce que je fais pour SolÉditions.

La seule corde qui me manque, c’est être éditrice. Je n’ai jamais prétendu mieux connaître leur travail, et je discute assez souvent avec plusieurs d’entre elleux pour avoir une bonne idée du boulot qu’iels ont.

Pour en revenir au point « corrections » : je n’ai pas le certificat Voltaire, même si ce n’est pas un diplôme, attention. Je suis autodidacte. J’apprends d’ailleurs encore seule dans mon coin, y compris en achetant des ouvrages spécialisés parfois. En fait, je suis plus celle qui va énormément fouiller la toile pour trouver des ressources, dicos fiables, etc. Donc, je ne prétends pas être professionnelle dans le sens diplômée et payée.

C’est la même chose pour la bêta-lecture, au passage. Je fais également de l’alpha-lecture, domaine où j’ai moins d’expérience que les deux autres. Bref. Quoi qu’il en soit, je continue d’apprendre aussi. Je ne me prétends pas pro.

J’ai également été prête-plume. Oui, oui, ne me regardez pas comme ça. Ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse, donc c’est une expérience encore plus restreinte que les autres, j’ai donc aussi moins de compétences là-dedans.

Après, des auteurices amix ont voulu se tourner vers moi, car très content·e·s de mon travail en tant qu’alpha-lectrice, bêta-lecteurice ou correctrice. Quant au paiement, eh bien là, c’est un échange de services du coup. Je les corrige, et en échange, iels me bêta-lisent par exemple. Voilà. Je ne procède à ce système qu’avec des gens sûrs, et certainement pas à tire larigot. Je suis contre le travail gratuit, le dumping, vous le savez depuis le temps que vous me suivez. Ici, c’est de l’entraide, échanges de services et de l’apprentissage entre gens précaires, vous voyez de quoi je parle.

C’est grâce à cela, et en travaillant également avec les correcteurices qui ont bossé sur mes romans publiés (et elleux, rémunéræs par les ME ou par moi-même en ce qui concerne Un pétale par sourire), que j’ai appris énormément de choses, que je me suis fait des cours, etc. Idem pour la bêta-lecture, l’alpha-lecture…

Je parle de tout ceci dans ces deux articles : Bêêêê, ta lecture, et L’envers de la bêta-lecture et de la correction.

Qui vous dit qu’un jour, je ne chercherai pas à valider mes compétences en tant que correctrice (via le certificat Voltaire et d’autres moyens) et ne déciderai pas de me lancer, en plus du reste ? Je pourrais faire exactement la même chose pour la bêta-lecture, aussi. Pourquoi pas. Un jour.

Mais bon, c’est vrai que toutes ces données ne font pas de moi quelqu’un qui connaît le monde de l’édition.

Ouais, désolée, ça me reste là, bien en travers de la gorge, à tel point que j’en suis à vous dire d’aller vous faire cuire le cul.

Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise.

OK, je n’ai « que » 5 ans effectifs avec un pied dans l’édition, mais je bosse avec des auteurices depuis plus de 10 ans. Et j’écris depuis plus de 15 ans.

Allez, rions ensemble de toutes ces inepties.

C’était un total hors sujet, mais je trouvais qu’il y avait suffisamment d’éléments pour le lier au reste, notamment avec le fait que « faire ceci n’est pas pro », « faire cela est absolument amateurice ».

Eh bien écoutez, je ne suis pas une autrice pro et je n’y connais rien au monde de l’édition, voilà. Les gens avec qui je bosse non plus, allez.

Et tant qu’on y est, je me fends d’un second hors sujet, là maintenant, parce que la majorité des remarques que je viens d’exposer viennent… d’hommes !

Oh, les hommes, vos mecxplications et votre gaslighting, là !

Ne me sortez pas le NotAllMen, c’est bon. Si vous vous sentez visés, c’est pas mon problème.

Parce que c’est en grande majorité des hommes (même s’il y a quelques Karen dans le lot qui se pointent de temps en temps) qui viennent mecxpliquer, me gasligher, me troller… Vous me faites chier. Je le dis clairement. Vous êtes insupportables. En plus, vous racontez des conneries. C’est bon, je n’ai pas votre temps !

Je ne suis pas la seule personne perçue comme femme à avoir ce problème. Arrêtez de faire ça, votre ego s’en portera mieux.

Sur ce, je vais continuer à bosser dans ce milieu où je n’y entends pas grand-chose. Hmmm, en travaillant mes textes et en lisant les derniers manuscrits reçus en tant que membre du comité de lecture. Ou je vais m’occuper de la bêta-lecture d’unæ auteurice, ma foi, je finirai bien par me décider.

Quant aux playlists, un jour, je sortirai des chansons chantées de mon cru liées à certains de mes projets, et puis ma foi, ça en rajoutera un peu plus à mon CV d’autrice pas pro qui se la raconte et qui sait moins bien que les hommes.

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