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Les IA génératives : nouvelles conséquences perverses

Encore un article dessus ? Eh oui. C’est le quatrième, mais en même temps, le sujet évolue, et il y a toujours quelque chose à en dire.

Pour rappel, voici les trois autres articles que j’ai écrits sur les IA génératives : La création en détresse, Derrière, un reflet sale de l’humanité, et Je n’utilise plus les banques d’images.

Les mois ont encore passé. Toute proposition de régulation des IA génératives, ou encadrement, je n’en vois toujours pas l’existence, ou si peu. Les multinationales, sans surprise, se sont même emparées des IA génératives à travers le marketing et la communication : quand je suis dans la rue, la moitié des affiches publicitaires que je vois sont générées par des IA génératives.

À partir de là, le constat est sans appel.

Les gens qui viendraient chouiner que « Ouin, ouin, faut s’adapter au progrès » : allez, dehors. J’ai assez expliqué et débattu, vous persistez à comprendre mes propos de travers et à vous en foutre royalement des artistes.

Sur ces bonnes paroles, entrons dans le vif du sujet.

De nouvelles conséquences de l’utilisation de cette technologie, au demeurant désastreuse pour l’environnement (mais comme les grandes puissances s’en cognent, ben…), n’ont pas tardé à pointer le bout de leur nez : diffamation envers des artistes qui n’ont rien fait, climat de méfiance absolue envers les nouvelleaux qui voudraient se lancer sur le marché, détecteurs d’IA qui sont à côté de leurs pompes et participent à la diffamation de gens innocents, et confusion énorme entre les différents types d’IA, alors que ce sont les IA génératives qu’il faut pointer du doigt depuis le début.

La confusion entre les IA génératives et les autres types d’IA

Oui, j’insiste avec « IA génératives », parce que malheureusement, les autres types d’IA, qu’on utilise au moins depuis plus de 15 ans, sont décriées par les anti-IA à cause d’une grosse méconnaissance à leur sujet.

De mon côté, je suis anti IA générative, ça ne change pas. Et les articles que j’ai pu écrire à ce sujet ont toujours concerné les IA génératives, pas les autres.

Déjà là, il faut refaire un point urgent.

Et donc… C’est quoi les autres types d’IA, dont certaines qui sont utilisées depuis plus de 15 ans, ne volent le travail de personne et, au contraire, permet de faciliter des tâches ?

Il en existe deux types : les ANI et les Discriminatives AI. Grosso modo : les ANI se concentrent sur des tâches spécifiques et limitées, et les DAI sur la classification et la catégorisation des données. Toutefois, cet article vous expliquera tout ça bien mieux que moi : Les différents types d’IA.

Une fois que vous l’aurez lu, vous verrez donc que ça n’a rien à voir avec le fonctionnement des IA génératives. Et elles, je le répète, effectivement, c’est une véritable calamité à tous niveaux ! En tant qu’outil, l’IA générative provoque bien plus d’inconvénients que d’avantages, même si vous avez l’impression que d’un point de vue évolution, économie, etc., c’est le feu.

Pas vraiment, non. Des écologistes et économistes tirent la sonnette d’alarme. À défaut d’écouter les premiers, écoutez les seconds, hein.

Les fameux détecteurs d’IA : pas franchement au point

En premier lieu, pour en avoir testé plusieurs en ce qui concerne les images, ces détecteurs mettent parfois que certaines sont des IA… alors que pas du tout. Ça me l’a fait pour de vieux dessins de moi, faits entre 2010 et 2015. Donc bon…

Ensuite, pour avoir discuté avec plusieurs auteurices qui ont testé Chat GPT et ont poussé loin leurs expérimentations, eh bien il arrive souvent que les détecteurs d’IA qualifient du texte comme étant de l’IA, alors que cela n’en est pas. C’est ce que l’on appelle des « faux-positifs ». Voici un autre article sourcé qui explique comment fonctionnent les détecteurs d’IA et leur non-fiabilité aujourd’hui : La non-fiabilité des détecteurs d’IA et comment gérer les faux-positifs.

En plus de ce qui est évoqué dans l’article, il ne faut pas oublier que les IA génératives avalent des données, dont celles sur des styles propres, donc se les approprient. Le style d’unæ auteurice lui est propre, mais iel le construit à travers ses influences, ses lectures, etc.

C’est comme ça que ces détecteurs peuvent qualifier un style de plume comme étant de l’IA alors que pas du tout.

Et donc…

Des artistes-auteurices subissent de la diffamation

Alors attention : je suis la première à être vigilante. Cependant, je ne me fie pas qu’aux détecteurs ! Je prends vraiment tout en compte pour être sûre que je ne lance pas de fausses accusations. Quoi qu’il en soit, beaucoup d’anti-IA n’ont malheureusement pas ces scrupules et ont eu dans le viseur des artistes-auteurices n’utilisant pas l’IA générative pour leurs créations.

Exemples : l’on va pointer du doigt des personnes qui sont productives, donc forcément, « C’est fait par IA générative ». Ou alors, l’on va pointer un style soutenu, contemplatif, « issu du siècle dernier », que ce soit dans les fictions ou en poésie. C’est « forcément généré par IA, puisque plus personne ne peut écrire comme ça de nos jours », « n’est pas unæ génie qui veut ».

Euh… Ça va ? C’est quoi ces réflexions claquées au sol ? Donc Evana, je l’ai généré par IA si je suis votre raisonnement. Je suis archi sûre que vos détecteurs d’IA à la noix, ils détecteraient que certains passages, c’est de l’IA générative… En sachant que le roman est sorti en juillet 2023 et que je bosse dessus depuis 2011, que le travail éditorial a eu lieu en 2022, quand les IA n’étaient pas franchement au point… La grosse blague. Pourquoi je cite Evana ? Parce que c’est un roman contemplatif, avec un style « compliqué », que certain·e·s qualifieraient de « sans âme » (et vous savez quoi ? Allez vous faire cuire le cul au bout d’un moment). Et je ne prétends pas être une génie de l’écriture ou quoi. Qu’un style soit simple, riche, ou autre, il faut de la diversité, point barre, et chaque style a son public.

Ah, et autre bail : si vous respectez la typographie, avec l’utilisation de tirets cadratins, semi-cadratins, c’est forcément de l’IA générative. Euh… non ? Alors, je mets de côté le fait que savoir utiliser la typo, c’est pas toujours accessible pour tout le monde, pour des raisons dont j’ai déjà parlé dans plusieurs articles. Donc en fait, à partir du moment où vous savez produire quelque chose de correct, c’est de l’IA générative ? Et derrière ce genre d’allégations, des escrocs, des personnes qui en fait veulent vendre leur formations à deux balles. Et ça, ÇA, cela m’horripile à un point, mais… aaaaaaarg !

Les conséquences derrière tout ceci sont prévisibles : perte de confiance en soi, difficultés à rebondir, à avancer…

Et pour moi, je vois une conséquence plus vicieuse : certaines personnes sont tellement à l’affût par rapport aux IA génératives qu’elles perdent de vue le gros problème de fond.

Et ce problème de fond, c’est le fait que l’on n’a toujours pas régulé et réglementé correctement l’usage des IA génératives. Merci qui ? Merci les puissances mondiales, merci les multinationales, merci les politiques.

Que l’on ne vienne pas me dire que l’art et la littérature ne sont pas politiques. Le fait de laisser faire sur l’usage des IA génératives, voire de s’en servir pour sa propagande (coucou Trump et Musk) et la progression des fake news, du fascisme, c’est quoi selon vous ?

Oups, j’ai encore glissé.

Parlons d’une autre conséquence délétère.

Les nouvelleaux artistes auteurices : une méfiance accrue envers elleux

Les anti IA ne se tourneront plus que vers les artistes-auteurices sûr·e·s et ne donneront plus leur chance à de nouveaux artistes auteurices débutant sur le marché. Eh oui. Merci qui, encore une fois ?

Alors certes, l’art, dont la littérature, ne mourra pas. Je sais les vrai·e·s créateurices assez ingénu·e·s pour trouver comment contourner le système, défendre les valeurs humaines, comment continuer à être… engagæs. Ben oui. Excusez-moi.

« L’art l’est pas politique. »

*tousse*

J’ai lu récemment « 1984 », et comment dire… Ça fait froid dans le dos. Après sa lecture, continuerez-vous de dire que « L’art n’est pas politique » ? Brefouille.

Pourquoi cet article ? Pour vous secouer un peu, en fait.

J’espère qu’à la fin de votre lecture, vous aurez les idées un peu plus en place.

Sur ce, je retourne à mes propres créations, 100 % humaines, même si les pro-IA les trouvent hideuses, hermétiques, et pensent que de toute façon, je suis une aigrie woke qui mérite de se faire exterminer.

Cet article a 4 commentaires

  1. Maritza

    super article !
    C’est clair que je préfère me fier à mon flair pour détecter les textes IA que je reçois en échantillon, pour le moment c’est un sans faute pour mwa ! Faut dire, j’ai l’habitude… quand y a les mêmes formulations les mêmes verbes les mêmes enchaînements, sans âme, sans faute aussi. Ou une faute que j’appelle « anglitisme » en mode programme IA traducteur xD je crois qu’une amie avait testé ses couvertures et les miennes… donc tu seras ravie d’apprendre que je contrôle la situation est détectée IA alors qu’il s’agit…d’une illu avec des photos prises par nous-même de nos voitures et des paysages bourguignons… LOL. j’avoue sur le coup ça m’a fait rire, mais après je me suis dit, et si un jour y a des lecteurrices qui voient Rien ne sert de courir… qui disent non j’achète pas on voit que c’est de l’IA alors que c’est la chouette Anne-Sophie Hennicker QUI A FAIT MA COUVERTURE et Léo la maquette MAIS LOL. Je vais rager…

  2. Laurent

    Bonjour,

    Dès le début de l’IA, c’est un peu ce que je craignais, que des auteurs soient qualifiés d’IA à tort. Comme d’habitude, les gens sont dans l’excès. Ils rejettent un truc (normal) et s’en prennent à ceux qu’ils croient l’utiliser. Plus grave, c’est quand les sites utilisés par les distributeurs des auto-édités mettent en place des détecteurs d’IA et rejettent les livres d’un auteurs. Là, ce n’est plus un boycott qui ne sera respecté que par ceux qui suivent les réseaux sociaux, c’est carrément le système qui rejette l’auteur.

    J’ai vu passer la discussion tiret cadratin = IA. Sur le coup, j’ai halluciné. C’est le premier truc en typo que corrige Antidote. Et c’est vrai que j’écris comme au siècle dernier. Mais, je suis du siècle dernier.

    1. Justine_CM

      Les gens n’analysent pas. Ils ne recherchent pas, ne vérifient pas les infos qui leur sont servies.
      J’avoue, pour les sites dont tu parles… Ou même dans le milieu éditorial, en ME, les ravages que ces détecteurs pourraient faire. Vraiment, je trouve que c’est… aberrant.

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