Oulah, qu’est-ce donc ? De la « lecture détestée » ? De la « lecture où on rage dessus » ?
C’est plus ou moins le principe.
Qu’est-ce donc, alors ?
Le hate read est une pratique où unæ ou plusieurs lecteurices lisent un livre qu’iel(s) vont détester, ou détestent déjà. Ensuite, il y a une dimension en plus : ces lecteurices décident de cracher sur ledit livre, de le démonter sur les réseaux sociaux. Oui, oui, vous avez bien lu – ah ah. Voilà encore un dessous du Booktok et du Booksta. C’est magnifique, n’est-ce pas ?
Détester un livre, OK, il n’y a aucun problème. Les goûts et les couleurs, tout ça… Je pense qu’on est d’accord là-dessus. En revanche, vous amuser à faire une lecture publique sur les RS où vous crachez sur le roman, sans objectivité, sans critique constructive, juste pour rire ou vous défouler…
Je peux être une garce, parfois, être odieuse, mais jamais gratuitement. Il faut vraiment qu’on me poignarde dans le dos. Être une garce juste pour être une garce, aaaah non, non.
Le hate read, c’est la même chose que dénoncer des œuvres/des auteurices problématiques ?
Alors attention : le hate read n’est pas à confondre avec le fait de dénoncer un livre parce que le contenu est offensant, problématique. Ce sont vraiment deux pratiques différentes. Lorsqu’on dénonce quelque chose dans un ouvrage, on analyse avec objectivité pourquoi. Dénoncer un ouvrage/unæ auteurice problématique sur les RS (ou ailleurs), c’est nécessaire. Il y a des choses qu’on ne peut pas cautionner, qu’il faut dénoncer. Le hate read, non. C’est cruel, et il n’y a aucune justification à le faire, à part prendre plaisir de démolir une œuvre gratuitement…
Le hate read, une forme de harcèlement
Oui, pour moi, pratiquer le hate read est un comportement d’harceleuxe.
Je mets à part le fait de faire une lecture publique d’un livre WTF, souvent parodique, et d’en rire avec autrui. Et encore, pour moi, ce doit être fait sans malveillance ni méchanceté derrière.
Après, si vous êtes un groupe de lecteurices voulant absolument lire un livre que vous détestez (ou détesterez), personne ne vous en empêchera, mais le poster sur les RS, eh bien… c’est juste cringe ? Pourquoi ? Puis bon, le mot « hate » veut tout dire. Et les personnes qui prétextent qu’elles parlent du livre et pas de l’auteurice… Vous savez très bien que ce n’est pas comme ça que ça marche.
Bien sûr, je n’ai pas besoin de dire que les auteurices victimes du hate read font souvent partie des minorités (personnes racisées, handis, queers, etc.) – et d’un autre côté, les mêmes lecteurices iront défendre un roman/unæ auteurice problématique en brandissant en étendard la liberté d’expression.
Il y a de quoi grimacer, ouais.
Personnellement, j’ai une PAL immense. En premier lieu, je ne vais pas m’amuser à lire des livres que je vais savoir détester, et encore moins le faire en direct sur les RS pour cracher mon venin. J’ai autre chose à faire, et je n’aime pas être méchante gratuitement, ce n’est pas mon état d’esprit.
Le hate read et la loi
Petit rappel qui me semble important : une lecture publique d’une œuvre entière non tombée dans le domaine public est condamnable par la loi. Vous risquez une plainte, vous le savez. Oui, vous lisez de manière publique un ouvrage où vous n’avez pas eu l’autorisation de l’auteurice. Voici un lien qui résume la loi à ce sujet. Et quand bien même vous auriez obtenu l’autorisation de l’auteurice, je doute que vous lui ayez expliqué que ce serait pour une hate read…
Imaginez deux secondes, mettez-vous à la place de l’auteurice : je sais que les retours faits sur son ouvrage sont avant tout pour les lecteurices, mais quand même. Comme je l’ai dit plus haut, le hate read est un comportement d’harceleuxe, l’auteurice peut en être victime puisqu’iel pourrait se prendre une vague de haine.
Le hate read, c’est NON
Nous sommes en 2024, il faut arrêter cette pratique scandaleuse. Croyez-moi que si je tombe sur un post ou sur un live où du hate read est en cours, j’ouvrirai ma gueule pour dénoncer cette pratique et signalerai pour harcèlement.
Vous êtes prévenux.