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Le Donjon du Savoir

Deux secondes.

Non, le Donjon du Savoir n’est pas mon projet à moi, mais celui de quelqu’un d’autre, que je peux considérer aujourd’hui comme man adelphe de cœur, Julie. Ce projet n’est pas né d’hier, mais de longues années de réflexion, de nuits d’insomnie, de doutes, et d’un « Bon, c’est bon, même si la société ne m’aide pas, je me lancerai quand même ».

Nous avons voulu en premier lieu le financer via l’association Sociolution : cela n’a pas abouti… Un article présente le projet, je vous invite à le lire avant ou après avoir lu le mien, selon votre convenance : Le Donjon du Savoir. Nous tentons d’autres solutions, mais je vous avoue que j’aimerais sincèrement que vous ne passiez pas votre chemin.

Je ne vais pas vous parler d’un projet obscur sorti du dark web – sisi, avouez-le, cela vous est passé par la tête !

On parle d’un projet pour les personnes neuroatypiques, créé et porté par des personnes neuroatypiques. On parle d’un accès à la formation, tout simplement.

Parmi vous, il y en a qui sont en galère. Il y en a d’autres qui s’efforcent de se réorienter ou qui, tout simplement, s’efforcent de trouver leur voie. Apprendre par le jeu, est-ce un rêve qui paraît si inaccessible ?

J’ai envie de croire que si, c’est accessible.

Je suis une personne neuroA, avec un handicap psy – coucou mon anxiété généralisée, ou mon anxiété sociale dont je parle ici, ou même mon cerveau tout cassé comme je l’explique dans ce long article de la muerte –, voire un handicap physique – coucou mon endométriose qui, à tout moment, peut me mettre des bâtons dans les roues, ou tout simplement la pénibilité de mon métier d’aide à domicile qui peut me flinguer le corps.

Je suis une personne LGBTQIA+ qui, par exemple, aurait apprécié avoir des cours adaptés sur la sexualité. Des cours qui reconnaîtraient l’asexualité, n’est-ce pas ? Non, l’asexualité n’est pas une maladie ni un manque de libido. Bref, je ne suis pas là pour vous éduquer à ce sujet, même si des phrases de merde, j’en ai entendu, comme je l’explique dans mon article à ce sujet.

Sinon, j’ai eu un parcours de vie assez compliqué, et j’avoue qu’un projet comme Le Donjon du Savoir m’aurait aidée par le passé. Oh, je ne sais pas, au hasard : comprendre les probabilités en maths – j’ai fait S en étant poussée par mes profs et par un ex beau-père qui pensait qu’être en Littéraire, c’était « être une tafiole » (bonjour l’homophobie, entre autres) et que, de toute façon, moi, je n’étais pas une artiste et n’avais aucune passion.

Oups, j’ai légèrement dérapé, comme à chaque fois.

Et attention : je ne suis pas en train de dire qu’aller en filière scientifique, ce n’est pas être artiste. Les artistes se cachent partout, se sont retrouvés comme moi à prendre des voies qui ne leur ont pas forcément convenu.

Moi, il y avait les maths et la physique qui me posaient problème surtout. Alors que j’adorais la physique…

Bref. Apprendre autrement, via une personne neuroA, les Intégrales, les Limites en maths, ça m’aurait foutrement dépannée. Je m’en suis sortie avec un 7 au bac pendant l’épreuve de maths (coeff 7). Et encore, c’était un miracle tellement mon année de Première a été un désastre. Mon prof de Terminale n’a pas pu sauver tous les meubles, notamment parce que, malgré lui, il me collait des crises d’angoisse monstrueuses. C’était un bon prof, mais c’était le premier par exemple à foutre des interros surprises pour coincer les élèves qui, selon lui, « n’en avaient rien à foutre ». Moi, il ne m’engueulait jamais. Il savait que je me défonçais à fond. Cependant, cette punition collective n’a absolument pas arrangé mon rapport aux maths – ni mon anxiété…

Avec le Donjon du Savoir, mon rapport aux maths aurait pu être différent. Et encore, je parle des maths, mais je pourrais citer un autre exemple aujourd’hui : les langues.

J’estime que je ne suis pas douée dans ce domaine. Je comprends l’anglais, mais ça s’arrête là. J’ai fait la section européenne d’espagnol au lycée, j’ai été capable d’écrire mes cours en espagnol à la prise de note. Bon, d’ailleurs, c’était violent la façon dont on a été plongæs dans le bain ! Oui, dès le premier cours d’histoire en espagnol ! Je n’aurais pas été contre le fait que ça soit progressif…

Ces facultés, je les ai quasiment toutes perdues aujourd’hui. En arrivant à la Fac de bio, plus d’espagnol, plus rien. Je n’ai même pas pu aller en Espagne durant mes années lycée. La seule année où c’était possible de faire le voyage, c’était l’année du Bac… Ben… j’ai privilégié le Bac.

Les applications de langue pour apprendre ou réapprendre, ça ne me parle foutrement pas, désolée. J’avoue ne pas avoir le temps ni l’envie. Le côté ludique, je ne le perçois pas – alors que je n’ai pas de doute qu’il existe. Le Donjon du Savoir aurait peut-être une approche qui me conviendrait mieux, allez savoir ?

Après, j’ai parlé de choses scolaires basiques. Il y a aussi les apprentissages fondamentaux qui manquent cruellement à notre parcours en tant qu’écolier, collégien, lycéen, étudiant, stagiaire, etc. : l’initiation à l’esprit critique. La culture de la politique ? Sisi, je suis désolée, cela fait partie des choses qui devraient être abordées. Parce que c’est bien beau de dire de « penser par soi-même » ou de « bien voter seul.e comme une grande personne » ! Encore faut-il donner les outils et les bases pour ça.

Ou même : apprendre à bricoler, à décrypter un bulletin de salaire, à coudre, à cuisiner… Des savoirs qui étaient enseignés avant, mais ce n’est plus le cas, sauf par la famille. Et vous savez que cela peut être compliqué dans certaines familles. À tout hasard : celles avec des parents qui bossent du matin jusqu’au soir pour espérer faire vivre le foyer, celles dysfonctionnelles…

Nous ne sommes qu’une trop petite poignée de personnes à supporter le projet du Donjon du Savoir pour l’instant.

J’ai parlé de mon expérience personnelle ici, pour que ce projet vous parle mieux. Après, comme dit dans l’article de présentation, l’école publique n’est pas pour tout le monde et, à moins que vous ne soyez grandement privilégiæ, aveugle ou dans le déni, vous ne pouvez nier à quel point le service public tout court se dégrade d’années en années.

Vous le savez, j’ai voulu devenir institutrice. Cela ne s’est pas fait, et j’explique dans ma lettre ouverte, puis dans mon article sur mon premier burn-out, le pourquoi du comment.

Aujourd’hui, c’est encore pire que tout, et j’aurais pu faire partie de ces profs et instit’ qui auraient dégringolé à vitesse grand V. Oui, oui. Alors, vous me direz : dans ton métier d’aide à domicile, ce n’est pas mieux, tu ne cesses de l’expliquer ! Tu as même écrit un recueil sur certaines de tes situations vécues… Eh bien… oui. Et je vous le dis : ça arrivera, que je me casse la gueule, et bien comme il faut. Quand ? Je ne sais pas, mais ça arrivera, comme je l’ai dit plus haut. Et si ce n’est pas mon corps qui lâchera, ce sera peut-être mon mental, parce que ouais, il faut un mental d’acier.

Il faut être complètement hors de la réalité et privilégiæ pour penser que les gens comme moi chouinons pour rien et que nous n’avons qu’à nous réorienter. Ah ben oui, c’est vrai, France Travail va beaucoup nous aider. Spoiler : non, iels m’ont assez fait comprendre, du temps où iels étaient Pôle Emploi, qu’iels ne « pouvaient rien faire pour moi, car trop diplômée ». Le CPF ? Ah ben oui, surtout qu’on doit débourser 100 euros maintenant, vous êtes mignons. 100 euros, c’est un caddie de courses pour une semaine pour deux personnes, et encore, je suis optimiste.

Si vous n’avez pas l’argent, vous pouvez cordialement aller vous faire foutre. Les gens du fond qui ânonnent : « Ouiiii, mais y a les aides gneuh gneuh, et puis bon, vous les précaires là, avec les chômeurs et les gens au RSA, vous avez droit à tout ». Je ne répondrai pas à ce discours d’extrême-droite complètement décomplexé.

Donc…

Puisque la société n’en a rien à foutre de nous, des gens comme nous, alors nous prenons le taureau par les cornes. Nous nous sortons « les doigts du cul » pour parler crûment.

Je ne fais pas partie des gens les plus stigmatisæs par la société, même si j’ai eu quand même un parcours gratiné. J’éprouve pour autant le besoin de changement. J’ai l’envie de voir s’accomplir un projet pour potentiellement m’aider, mais surtout pour aider des adelphes.

Acheter une brique pour participer, vous vous dites : mais c’est quoi ça encore ? Et ces histoires d’ActiCoins, de BatiCoins, de machins… Holàààààà, doucement. On respire, ça va aller. Ce système, c’est juste pour vous permettre d’avoir un micro-revenu si vous êtes de l’aventure, si vous financez une ou plusieurs briques. C’est rien de plus, et cela montre aussi que vous croyez en ce projet.

J’ai acheté plusieurs briques, selon les salles qui m’intéressaient. Pour le faire, c’est par ici : je finance une brique à 1 euro symbolique.

Maintenant que vous avez lu mon pavé, j’espère sincèrement que vous voyez plus clair, et j’espère vous revoir en tant que soutien. Partagez, contribuez, parlez-en autour de vous… Faites n’importe quoi, mais n’opposez pas un silence assourdissant sur quelque chose qui, je sais, pourrait vous apporter beaucoup.

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