L’heure de silence

Depuis décembre 2020, je vais chez une bénéficiaire et son compagnon pour une aide à la toilette uniquement (1 heure le matin, 1/2h le soir). Je vais les appeler Mr et Mme F.

Mme a des troubles psy, a un passé d’alcoolique, etc. Elle est sous tutelle, mais c’est Mr F qui s’occupe d’elle, alors qu’à côté de ça, selon les termes de l’UDAF, « Il n’a aucun droit sur elle car ils ne sont pas mariés ».

C’est la tutrice qui a mis en place les interventions. Je ne vais pas décrire la situation plus que cela sans violer le secret médical ou donner des informations personnelles, mais elle est rocambolesque.

Mr F. ne veut pas de remplaçante, donc il n’y a que moi et ma binôme qui intervenons, et quand ni l’une ni l’autre ne sommes là, il n’y a tout simplement personne.

Actuellement, j’ai toujours mes interventions chez Mme F., mais en vrai, leur intérêt est vraiment réduit. C’est simple : le matin, elle dort. Donc on ne fait rien. Je ne plaisante pas. On (moi ou ma binôme) restons dans la cuisine, faisons un peu de vaisselle, de rangement, et c’est tout. La tutrice avait accepté de décaler l’heure du matin à plus tard et de la transformer en heure d’entretien, mais du coup, comme Mr et Mme F. dorment, ce n’est pas possible.

Il n’y a que le soir où il y a de l’intérêt à venir, à interagir avec Mme, et où la demi-heure est cohérente (parce qu’une heure le matin, juste pour une aide à la toilette…).

Je n’ai jamais compris pourquoi la tutrice impose ce rythme d’intervention. Oui, il faut faire en sorte que Mme F. garde un lien social, bien que ténu, mais franchement, l’heure du matin ne sert à rien en l’état actuel des choses.

Du coup, on verra bien comment la situation évoluera. C’est encore un dossier complexe. Moi et ma binôme sommes les derniers recours avant que ce dossier (et d’autres…) soit fermé. Je ne vous fais pas de dessin.

Grosse mise à jour de mars 2024 : la tutrice a enfin retiré l’heure du matin. En revanche, il y a beaucoup de flou autour du dossier de Mme F, des non-dits : Mr F nous soutient mordicus que deux heures de ménage ont disparu et que la tutrice dit qu’il a raison. Moi et ma binôme n’en avons jamais vu la couleur dans notre planning. Notre ancienne chef de secteur ne nous a jamais dit que ces deux heures seraient mises en place. Elle nous a soutenu que l’heure du matin servait à ça, puisque Mme dort. Sauf que faire le ménage chez des personnes qui dorment… surtout quand on risque de les réveiller, et dans le noir… Quand elle est réveillée, je ne dis pas, mais sinon…

Forcément, l’état de l’appartement s’est dégradé en deux ans. La tutrice voudrait faire intervenir une société de ménage. Mr F est à bout et, il faut le dire, à force que l’on nous répète toujours la même chose – vous ne venez que pour la toilette -, ma binôme et moi avions baissé les bras avant que ma chef actuelle fasse une visite au domicile de Mme F avec sa tutrice. Alors oui, nous n’avions plus d’initiatives. Oui, nous restions assises après la toilette de Mme.

Je me suis découragée parce que je voyais que la situation n’évoluait pas, que ça allait de plus en plus mal et que je me sentais complètement impuissante. De toute façon, on avait beau faire remonter, la tutrice ne réagissait pas, alors… De plus, les fois où je demandais ce que je pouvais faire, « Faites ce que vous voulez » n’est pas une réponse, car quand je prenais une initiative, souvent, Mr me disait « laissez tomber », « ne vous cassez pas la tête ». Alors prendre les initiatives, sincèrement, je n’en avais plus la force.

Oui, au fil du temps du coup, je suis devenue cette personne qui, après ses tâches, restait sur son téléphone, pour cette situation précise.

Enfin bon… Les choses ont enfin bougé, même si je ne sais pas ce que ça va donner. Nous n’intervenons plus que durant la demi-heure du soir à partir d’avril 2024. J’espère que nous pourrons tout.e.s repartir sur de bonnes bases. Cependant, si notre travail à moi et ma binôme ne convient pas, s’il est encore estimé que nous ne faisons rien, je ferai un droit de retrait.

La tutrice n’a jamais été très présente pour ce dossier, et les non-dits, les problèmes qui en ont découlé avec Mr et Mme F, j’estime qu’elle en est responsable.