La télé de la discorde

En 2019, je me suis occupée d’un père et de sa fille, âgés tous les deux, puis de la fille seulement lorsque son père est décédé. Je l’appellerai Mme E.

Pour elle, j’y allais pour les repas et un peu d’entretien.

Mme E avait la fâcheuse tendance à s’énerver assez vite si telle chose n’était pas faite comme elle le souhaitait, si ça traînait trop, etc. Par moments, elle était désagréable, lâchait des remarques assez méchantes, envers toutes les intervenantes qui venaient chez elle. Elle cherchait aussi à tout connaître de la vie privée des autres personnes.

Puis, il y a eu un soir, où je suis intervenue chez elle. Elle a dépassé les bornes. Moi, je sortais d’une journée difficile, avec plus de 8h de travail, trajets compris. Elle s’énervait sur moi, me disait des choses très limites… J’ai serré les dents. Pendant mes tâches, elle regardait la télévision. Je me suis assise un moment pour remplir le cahier de transmission, et j’ai jeté un coup d’œil machinal vers l’écran. Elle m’a alors crié dessus : « Ne regardez pas la télé ! »

Je suis tellement fatiguée et ai juste envie que l’intervention se termine que je n’ai pas relevé. En plus, cela aurait été contreproductif.

En revanche, je savais que j’y retournais le lendemain.

Après une bonne nuit de repos, j’étais d’attaque. Le midi, j’arrive chez elle, lui dis bonjour, puis je la regarde droit dans les yeux et lui lâche : il faut qu’on parle. Je ne badge pas pour l’instant (oui, on badge nos débuts et fins d’intervention), parce que j’ai des choses à vous dire.

Je lui ai sorti mes quatre vérités : il est inadmissible que vous me parliez de cette façon, que vous fassiez telle remarque ou telle autre. Vous êtes irrespectueuse, vous avez été beaucoup trop loin. Et le coup de la télévision, franchement, c’est inacceptable. Je ne suis pas une esclave, mais une employée qui a toujours fait son travail et toujours été courtoise, respectueuse avec autrui. Si cela se reproduit encore une seule fois, je m’en vais.

Elle a tenté de se justifier, a bégayé, mais tant pis. Elle ne s’attendait pas à ce que je la confronte, surtout pas le lendemain. Cela a eu beaucoup d’impact.

Il faut comprendre qu’avec moi, ça marche de cette façon : sur le moment, quand je suis agressée, je ne vais pas forcément réagir. En revanche, quand je finis par le faire, il vaut mieux pour vous que vous m’écoutiez. Je suis très gentille (je me répète), mais faut pas pousser.

Depuis ce jour, elle se montre adorable avec moi. Et quand j’y retourne parfois en remplacement, elle est toujours très contente de me voir.