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Les TW, entre diabolisation et accessibilité

Le ton est donné. Oui, on va parler de TW jusqu’à plus soif.

Diabolisation ? J’ai entendu tout et son contraire, et beaucoup de n’importe quoi. Je ne vais pas vraiment vous faire la propagande du « pourquoi les TW, c’est bien », sinon je suis archi-sûre que l’article ne sera pas vraiment lu. Le bien-fondé des TW, je préfère l’aborder pendant que je dégomme les « contre ».

Accessibilité ? Eh bien oui : les TW sont un des nombreux moyens de faire en sorte que certains textes soient accessibles aux lecteurices. Ah, vous ne l’aviez pas vu venir celle-là, hein ? J’espère pouvoir vous le démontrer.

Ça va être le grand foutoir, comme d’habitude, parce que je réagis à moitié à chaud, à moitié à froid, mais en mode « bordaile, j’en ai vraiment marre de ne lire que des conneries à ce sujet ».

Disclaimer : on ne cherche pas à vous IMPOSER de mettre des TW même si vous râlez qu’on insiste à ce sujet. Vous faites ce que vous voulez. Je ne vais pas vous sortir le « certaines personnes ne vous liront pas sans TW », parce que je pense que vous n’en avez un peu rien à foutre ; vous avez déjà votre public cible, vous estimez que les personnes qui vous lisent suffisent, vous n’avez pas besoin de voir des casse-gonades parmi vos lecteurices…

Ah ben bravo, on est au début de l’article et je verse déjà dans le sarcasme, alors que je voulais me contenir un peu. Bah tant pis, je serai une connasse.

Je vais commencer par verser mon sel sur les conneries que j’entends à propos des TW et CW… Ah, on me souffle dans l’oreillette qu’il faut que je donne la définition. Bon, allons-y :

TW : trigger warning

CW : content warning

Je fais exprès de rester très succincte, pour mieux cerner à quoi servent ces machins, qui ne sont pas du tout une « nouveauté » et encore moins une « lubie des wokes ». Non mais oui, j’ai vraiment entendu de tout. C’est pourquoi j’ai concocté un petit top 10 de ce qui circule souvent (pas de classement à proprement parler) et que je trouve ahurissant. Il y a des arguments contre les TW, que j’aborderai hors de ce top, car ceux-là peuvent être compréhensibles, et j’y répondrai avec beaucoup plus de tact. Quant aux arguments « pour les TW », comme je l’ai dit, je les donne en répondant aux « contre ». OK jusque-là ? C’est tipar !

1. « Les TW c’est pour les petites natures. »

La « petite nature » que je suis vous souhaite d’éprouver un jour un gros malaise au point d’en être malade face à une scène potentiellement traumatisante. C’est un moindre mal. Fini, les excuses, fini, le sentiment de culpabilité chaque fois qu’on me fait bien sentir que j’exagère, qu’il faut que je m’endurcisse… Bon, ça c’est dans la vraie vie. En littérature, en vrai, peu de choses me révulsent au point d’avoir un choc quand je tombe sur un thème traité de façon cru. Oh, vous n’auriez pas cru, n’est-ce pas ? Bon, peut-être un peu plus aujourd’hui, cela dit, maintenant que j’ai pris conscience de certains traumas que je me traîne. Bref.

Je ne suis pas la plus à plaindre et il est vrai qu’il y a quelques années, j’avais un peu ce discours-là : ne nous censurons pas en littérature/dans l’art, ne cherchons pas à plaire à tout le monde quand il faut y aller dans les thèmes durs, soyons parfois dans la provocation, soyons choc… Après, je disais aussi qu’il était nécessaire quand même d’avertir son public, de le préparer. Ne pas censurer, d’accord, mais prévenir. Comme pour les jeux vidéo, les films, les séries… Tiens, là, on a perdu la moitié des beuglers (je fais exprès de genrer au neutre, plus lisible que l’écriture inclusive). Ah ben oui, pourquoi ne pas faire ça pour les livres aussi ? Ah ben, parce que nous allons aborder ça en 2.

2. La littérature, c’est sacré. Il ne faudrait pas que cette « pratique » se généralise et dénature la littérature.

Non, non, non, NON. NOOON. NOOOOOOOOOOOOON. C’est bon, c’est retenu ? Je n’en peux PLUS d’entendre cette connerie dans tous les contextes possibles : littérature de genre, écriture inclusive, auto-édition parce que les livres auto-édités c’est pouaaaaah, sensitivity readers, etc. Je ne vais même pas argumenter plus longtemps tellement cet « argument-là » est claqué au sol. Mettre des avertissements de contenu dénature la littérature. Vraiment n’importe quoi. Ou alors allez-y, opposez-moi des justifications vraiment en béton comme quoi les TW dénaturent la littérature. Vous en avez vraiment ? Je suis tout ouïe. Au passage : arrêtez de sacraliser la littérature, l’art, quand vous n’êtes pas foutu.e.s de payer correctement les personnes autrement qu’en « visibilité ».

3. Y en a, quand même, ils exagèrent au niveau des TW. Genre, la nourriture…

Merci au passage pour les personnes qui souffrent de TCA. On ne met pas un TW « nourriture » juste pour dire que des personnages mangent. Ce sont des scènes dans un contexte précis, le contenu de la nourriture, bref, tout ce qui peut toucher aux TCA. Je vous conseille sérieusement de vous documenter là-dessus. Bon, j’ai pris l’exemple des TCA, mais ça peut être autre chose. Ensuite, exagérer au niveau des TW… Ben si vous n’êtes pas sensibles à certains thèmes, tant mieux pour vous. Ne cherchez pas à imposer votre norme aux autres. Oh d’ailleurs, à propos de ça…

4. Oui, mais vous cherchez à imposer la norme des TW, ça devient chiant.

Non, mais personne n’impose quoi que ce soit… Sauf les personnes anti-TW. Nous, on souhaiterait que cela se démocratise comme pour les autres médias, pour une meilleure accessibilité. Oui, voilà un autre vilain mot, mais il s’agit bien d’accessibilité à un certain type de contenu. En prévenant avec une liste de TW/CW, on ouvre une porte, on tend la main à des gens. Je ne vois pas en quoi c’est mal, de prévenir.

5. La liste prend la moitié du bouquin.

Quand il s’agit du glossaire ou de la généalogie des personnages, là vous ne pleurez pas. Donc… Je ne sais même pas trop quoi répondre, là. Bon, si, j’y réponds un peu, mais à une autre remarque similaire, plus loin.

6. Les TW, c’est de la cancel culture et c’est pour censurer.

Alors, euh… Censurer quoi ? On ne parle pas de ne pas écrire sur tel sujet, de retirer les thèmes/scènes qui peuvent choquer. On parle juste de « prévenir » de leur existence. Merde, qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans vos grocervo, là ? Expliquez-moi, j’ai dû rater quelque chose. Bon d’accord, je suis montée à l’envers, mais quand même ! Y a aucune logique, c’est un contresens absolu votre truc. Quant à la « cancel culture », bah même processus hein. On ne veut pas « canceller » des scènes/thèmes. Excusez-moi, je pars en fou rire et je reviens.

7. Les TW, ça me sort complètement de la lecture.

Personne ne vous oblige à les lire, comme les glossaires ou les notes de bas de page, ou même les cartes ! S’ils sont au début, tournez la page. S’ils sont en début de chapitre (pour cibler), zappez. Là, je ne peux pas mieux vous répondre. Après, sur la façon dont les TW sont mis, on y reviendra plus tard.

8. Læ lecteurice doit se renseigner un minimum en lisant le résumé. Il faut arrêter d’être con (sisi, la dernière phrase, je l’ai vu passer aussi…)

C’est faire preuve de condescendance que de sortir un truc pareil, d’autant plus que dans le résumé, on ne peut pas tout aborder. Sinon, ça s’appelle un synopsis. Ensuite, se renseigner grâce au genre, etc. Alors j’y reviendrai, plus bas, avec une remarque « anti-TW » qui est à mon sens plus compréhensive et constructive, justement.

9. Dans la vraie vie, y a pas de TW.

Je pense que tout le monde désire avoir sa meilleure expérience du Web possible. Dans le cadre de la littérature, je pense aussi qu’on aimerait avoir une expérience de lecture la plus agréable possible – on peut étendre ça à d’autres domaines. Bref. On le dit assez souvent, la vie réserve autant de bonnes que de mauvaises surprises. Ce n’est pas un tort de vouloir choisir ce qui nous fait du bien quand on peut en avoir la maîtrise. Ce n’est pas malsain. Enfin je ne sais pas, mais vous, quand vous voulez manger à un restaurant, la nourriture doit être bonne. Vous voulez savoir s’il y a certaines épices, parce que tout le monde n’en est pas fan. Vous choisissez votre menu, vous aimez savoir ce que vous mangez. Les TW dans un livre, c’est un peu pareil. Ben oui, hein.

10. Les TW, ça n’aide pas les gens qui ont subi des traumatismes.

Ce n’est pas à vous de décider comment on doit gérer nos traumatismes. Ce n’est pas à vous de dire si ça nous aide ou pas. Si vous aussi avez des traumatismes, vous ne détenez pas la sainte vérité, vous n’avez pas à parler pour tout.e.s les concernæs. En plus, les TW ne font pas toujours référence à des traumatismes, mais à des choses qui peuvent potentiellement nous mettre mal, comme ça a été mon cas.

C’est comme dire « Ça sert à rien d’aller chez le psy pour se soigner ». Ou même mieux : « Les médicaments, ça ne sert à rien, comptons sur nos défenses immunitaires ». OK bro, vas-y, montre-moi comment tu combats une pneumonie. Je ne prends pas l’exemple du cancer, l’on serait capable de me rétorquer que « cépapareiiiiiiil ». Au passage, sortir ce genre de choses, c’est montrer que vous êtes dans la dynamique des forts vs les faibles. On n’a plus rien à se dire dans ce cas.

Bonus : Les TW, ça rend la littérature encore plus lisse, policée et fade.

Ça rejoint un peu la remarque n°6, mais je tenais à la mettre à part, parce que vraiment, ça n’a aucun sens. Je n’ai jamais été aussi libérée dans ma plume depuis que je mets des TW pour prévenir mes lecteurices. Je n’ai jamais abordé avec autant de profondeur certains thèmes durs, et ce n’est pas qu’un ressenti : mes lecteurices ont aussi trouvé que ma plume s’était débridée de ce côté-là.

Avec les TW (et pas que ça, bien sûr, des prises de conscience personnelles m’ont aussi aidée), je ne me censure plus. Je ne m’empêche plus d’aborder certains sujets, d’écrire des scènes crues, alors… On repassera, pour la littérature « lisse », pas du tout. Au contraire. Bon, je dis pas, peut-être que ce que j’écris est fade (la confiance en soi, tout ça, tout ça), mais selon les personnes qui me lisent, ce n’est pas le cas. Bon, je prends mon exemple, mais je pourrais très bien citer des auteurices pour qui c’est pareil.

Maintenant, je vais revenir sur six arguments anti-TW qui me semblent compréhensibles. Mon ton sera donc beaucoup plus posé.


1. Les TW, ça spoile l’histoire.

Oui, je comprends ce que certaines personnes entendent par là. Attendez, ne me tombez pas dessus, laissez-moi m’expliquer. Donc, je disais, c’est un problème en cours de résolution : nous essayons de trouver un système pour mettre en place ces TW sans que ça gêne læ lecteurices qui ne veulent pas les lire, mais qu’ils soient là pour læ lecteurices qui en ont besoin. Il y a la méthode du QRcode, utilisé par certaines ME. Bon, c’est pas encore très au point, et puis perso, j’ai toujours pas trouvé sur mon téléphone comment activer l’option, alors bon…

Ce n’est pas adapté pour les personnes souffrant de TDAH par exemple, car ça rajoute une étape supplémentaire dans la fonction exécutive ; plusieurs mutus ont mis en place des symboles qui renvoient à tel TW. Comme ça, d’un simple coup d’œil, on sait à quel TW on a affaire, et ça illustre le bouquin, c’est pas génial ? Mettre un simple avertissement en début de livre et dire que la liste de TW est à la fin du livre, pas au début (bon, là aussi, ça rajoute une étape peut-être)…

Bref, on teste plein de choses. Après, je tiens quand même à dire un truc qui, là, mériterait que cet argument du « ça spoile » figure un peu dans le top 10 : si pour vous, une scène de torture/viol/etc. est un spoil et forme un plot twist, ce n’est pas terrible terrible en fait. Vraiment. Personnellement, ça prouve juste que votre intrigue est mauvaise, déso pas déso.

2. Il suffit juste de mettre « public averti ».

C’est là que je vais aussi répondre plus en détail à la remarque 8 du top 10. Alors, il y a différents publics. Le genre/sous-genre du roman peut aiguiller læ lecteurice (si c’est un thriller, on va parler de mort, de crimes ; si c’est de l’horreur, on va parler de monstres, de sang). Parfois, un avertissement général est mis au début du livre, ou après le résumé, et c’est une chose très appréciable, un bon début. Non, vous voyez, je ne crache pas dans la soupe, je sais reconnaître les personnes qui sont attentives à leurs lecteurices.

Après, ça ne suffit pas. Tout le monde ne réagit pas aux mêmes thèmes, et dans Trigger Warning, il y a « trigger » : on réagit à quelque chose de précis, qui prend de la place dans le roman. Certains thèmes sont plutôt secondaires, mais les lister peut être pas mal pour que læ lecteurice sache que ça y est. Iel a le temps de s’y préparer s’iel veut malgré tout lire le(s) passage(s) en question. Il ne s’agit pas de « materner » les lecteurices (ça aurait dû apparaître dans mon top 10, tiens).

Je vais donner mon propre exemple, pour que vous compreniez mieux. Je vous l’ai dit, je ne suis pas quelqu’un d’impressionnable au niveau littérature. Il y a cependant des scènes qui m’ont littéralement retournée de l’intérieur, rendu tellement malade que j’ai failli ne pas continuer le livre. Il y a aussi un film que j’ai carrément arrêté de regarder car j’ai fait un malaise devant (y avait pas de détails sur les avertissements de contenu, le film date d’avant la démocratisation des CW, ceci explique cela). Voilà deux anecdotes, une sur un livre, une autre sur le fameux film :

– Pour le livre, nous allons parler du tome 3 de la saga La bicyclette bleue : Le diable en rit encore. Du moins, il me semble que c’est ce tome-là. Et donc TW : mort bébé. Il y a une scène où un personnage féminin commet un infanticide. La façon dont c’est fait, et ensuite ce qu’elle fait une fois le bébé décédé… À aucun moment, je n’aurais pu prévoir en ouvrant ce livre que j’allais tomber sur une scène pareille.

L’histoire se passe pendant la 2de guerre mondiale. Moi, je suis préparée au thème de la guerre, des tortures, des nazis, etc. Oui, des infanticides, mais dans le cadre de la guerre. Là, c’était pas tout à fait le cas. C’était le geste d’une femme désespérée. Bon après, peut-être que ma mémoire me joue des tours, peut-être que ça m’a tellement traumatisée que ce n’est pas dans ce tome-là que j’ai lu cette scène, ou peut-être que ce n’est pas la femme qui a commis l’infanticide. Quoi qu’il en soit, j’aurais aimé être prévenue. PRÉVENUE. Je demande pas à être « ménagée », mais PRÉVENUE. C’est bon, c’est rentré dans vos têtes ?

Il n’était pas possible de deviner l’existence d’une telle scène, dans CE contexte, en lisant le résumé ou en sachant globalement de quoi le roman allait parler. Bon, je suis peut-être trop idiote, peut-être pas une lumière, cela dit (oui, je sais très bien que certains esprits chagrins l’ont pensé très fort). Je suis certaine que je n’aurais pas réagi aussi violemment. Parce que disons-le, dans le livre, y avait des thèmes aussi horribles, mais y étant préparée, j’ai pu les lire sans trop de problèmes. Ça va, je m’en sors bien pour une « petite nature ». Non vraiment, je ne peux plus m’encadrer ces termes, sauf quand c’est lâché sur le ton du sarcasme.

– Le film, maintenant : ExistenZ. TW : aiguilles, seringues, violence. Il y a une scène où on voit un personnage être connecté à la console pour plonger dans le jeu virtuel. En gros, pour ça, c’est par un tuyau au bout duquel il y a une aiguille. On enfonce ça dans le bas du dos du personnage. Je suis tombée dans les pommes après avoir vu la scène qui montrait tout. Ça ne m’était jamais arrivé avant. Je n’ai pas été prévenue que j’allais assister à ça.

Voilà, fin. J’espère que ces deux exemples vous permettront d’y voir plus clair. Oh, je sais ce que vous pouvez me répondre :

3. Oui, mais le moindre truc peut choquer n’importe qui, tu l’as dit toi-même !

Ce que je vais dire est aussi adapté pour la remarque 4 du top. Je ne pense pas que vous allez aborder chaque truc potentiellement déclencheur de traumas dans votre roman. Sinon, en effet, la liste dépassera la longueur de votre histoire… Ensuite, vous savez très bien qu’on ne met pas de TW pour dire qu’un personnage dort, va à l’école, etc. On met des TW pour dire par exemple qu’on va aborder des troubles du sommeil, du harcèlement scolaire, etc. Bref, c’est comme un glossaire. Après, je sais que certaines personnes n’aiment pas les glossaires, mais au moins, elles reconnaissent leur utilité. Enfin, sauf les amateurices de drama (oups pardon, c’est sorti tout seul).

4. Certaines personnes mettent des TW qui n’en sont pas : homosexualité, etc. Je ne comprends pas la démarche.

Alors je vous avoue, moi non plus… Je fais référence à un vieux drama, là. Alors non, les TW, ça ne sert pas à signaler qu’il y a des thèmes LGBTQIA+ ou ce genre de choses ! J’ai bondi de ma chaise, je vous jure. Quant aux personnes qui font ça, ben… Il y a des extrêmes partout, est-ce que pour autant on va interdire/basher une pratique ? À tout hasard, la piscine : une minorité de personnes urinent dans l’eau, donc on va interdire la piscine ? Ou alors, ça peut s’expliquer autrement : les personnes qui mettent des TW de ce style veulent signaler un problème, comme de l’homophobie, mais n’emploient pas les bons termes. C’est possible aussi, et là par contre, je comprends.

5. Les TW peuvent créer de l’appréhension alors qu’à la base, on n’est pas sensible à ces sujets.

Il peut y avoir un effet de ce style-là, c’est important de le signaler. Après, est-ce que pour autant, il sera majoritaire ? Va-t-il y avoir un effet Streisand ? Lorsque l’on fait de la prévention routière ou médicale (ou autre, là j’ai que ces deux exemples qui me sont venus), on peut s’attendre à développer le même genre d’appréhension. On sait pourtant que cette prévention c’est utile, on ne remet pas en question la nécessité d’en faire. Bon, le fait que ce soit bien fait ou mal fait, c’est un autre débat. Les TW, c’est pareil. Oui, vous allez en bouffer de cette phrase, jusqu’à ce que les détracteurices (pas tous les anti-TW, hein, je parle de celleux qui taclent et n’ont rien d’autre à faire de leur vie) en fassent une indigestion.

6. Il y a des personnes qui mettent des TW pour des « caméos » (en gros : thèmes qui sont juste mentionnés). Exemple : Mettre un TW pour juste dire qu’un personnage est mort, sans développer, sans montrer. En plus, si c’est juste une mention, c’est le même effet que de lire « TW « mention du thème ».

Je suis un peu d’accord que dans ce cas de figure, cela ne sert pas à grand-chose. Pour mettre tel TW, il faut un minimum de contenu sur le TW en question. Après, peut-être suis-je mal renseignée ? Si quelqu’un a une justification, je veux bien l’entendre. Je suis loin d’avoir la science infuse, je ne suis pas une personne complètement déconstruite, complètement safe, et ne le serai jamais.

7. Est-ce qu’on peut vraiment appliquer les PEGI ou TW à la littérature ? Ce n’est pas un peu compliqué ?

Cette question est légitime. Les livres sont un média différent des films, jeux vidéo, etc. C’est pourquoi on cherche un système qui est adapté. Alors certes, faire une liste de TW peut sembler indigeste, peut poser problème, etc., mais on y travaille. D’ailleurs, comme je l’ai dit ailleurs, il y a des auteurices qui ont proposé des systèmes assez sympas, ça vaut le coup de se pencher dessus. Puis le système des TW ne demande qu’à évoluer, qu’à être de mieux en mieux adapté, alors…

Conclusion : les TW posent le problème de l’accessibilité à un certain contenu. S’ils sont posés, læ lecteurice a plus de chance de pouvoir lire ce contenu sans problème, sans avoir peur de tomber sur quelque chose qui pourrait læ rendre malade comme ça m’est arrivé. Par ricochet, l’auteurice se sent plus libre d’aborder certains thèmes et de le faire en profondeur. Du moins, pour moi. Après attention avec ça quand même, les TW ne sont pas un token d’immunité, et ils ne sont pas un prétexte pour écrire n’importe quoi, hein. Bref.

Je me dis avec espoir que, peut-être, en posant le mot « accessibilité », on acceptera un peu mieux l’existence des TW ?

J’en doute, vu qu’il existe quand même des personnes qui sont « contre » l’accessibilité. Genre : « Y a trop de places réservées aux personnes en situation de handicap sur le parking, et moi je fais comment ? », ou « Trop de logements réservés seulement à un certain public, et moi ? », ou « C’est chiant de mettre le texte alternatif sur les images, c’est une perte de temps » (alors que c’est fait pour les personnes ayant des déficiences visuelles, qui souffrent de cécité…), ou bien « Les personnes qui refusent de passer par le téléphone et privilégient les mails, elles nous emmerdent à la fin » (coucou les mutiques, les personnes souffrant d’anxiété généralisée, vous êtes des merdes en fait si on traduit). Je ne vais pas tout vous lister, hein. J’en ai le ventre retourné en écrivant ces mots. Une telle cruauté, une telle méchanceté, un tel égoïsme…

(Alors attention : égoïsme ici dans le sens péjoratif. Il faut être égoïste dans la vie, apprendre à faire les choses pour soi, mais bon là, ce n’est pas le sujet de l’article 😉.)

Dernière chose : que vous soyez pour ou contre quelque chose, c’est votre droit. En revanche, quand je vous vois vous moquer des personnes qui sont pour les TW, tourner ça en dérision, balancer des hot takes, phrases passives agressives, comme quoi « y en a marre des wokes », « Y en a marre des petites natures », ne vous attendez pas à de l’indulgence derrière. Si vous-mêmes, vous avez des traumas et que, pourtant, vous pensez comme ça, c’est bof bof.

Vous gérez peut-être bien à votre manière, mais n’imposez pas aux autres votre façon de faire. Les personnes qui demandent des TW n’exigent rien, sinon une meilleure accessibilité. Alors oui, on peut faire preuve de virulence. Seulement, ce ne serait pas le cas si certaines personnes anti-TW n’étaient pas aussi oppressives, aussi promptes à vouloir nous dégommer la gueule dès qu’on souhaite parler des TW.

Tenez, prenons l’exemple des attelles pour les poignets : une mise à disposition facile va permettre aux personnes qui en ont besoin (entorses, douleurs) de s’en procurer. Leur présence ne gêne pas les autres, qui ne sont pas obligés de s’en servir.

Les TW, c’est pareil.

Quant au « bah vous n’avez qu’à nous ignorer », facile à dire. C’est comme dire à un gamin/ado qu’il n’a qu’à « ignorer le harcèlement » qu’il subit. Ah ben oui, hein. Oui, oui.

Cet article se termine enfin. Dernier truc : notre virulence vous gêne, vous, les anti-TW qui aimez nous taper dessus ? Vous ne vous posez pas la question de savoir si votre virulence à vous nous gêne, surtout quand vous adorez nous taper dessus… Oups.

Pour Evana, qui sortira chez Le Labyrinthe de Théia, j’ai fait le choix de mettre une liste de TW. Je ne vous oblige pas à la consulter. Elle est là pour les lecteurices qui le souhaiteraient. Bon, par contre, je vous demanderais d’être indulgent.e.s si par mégarde, nous aurions oublié de lister un TW. L’erreur est humaine, merci.

Pour compléter le sujet, je vous recommande quelques articles écrits par d’autres personnes. Je ne suis pas d’accord avec tout, attention. Sur les cinq articles, il n’y en a qu’un où l’autrice explique son sentiment mitigé à propos des TW, je n’ai pas tellement trouvé d’article bien construit à ce sujet à part le sien.

To pull or not to pull the trigger warning ? De Crazy

Avertissements de contenu : du trigger warning au taboo warning, de Mort-gane

Les trigger warning et les romans, de mécanismes d’histoire

Les trigger warnings en bibliothèque, de Planète Diversité

Publication et Trigger Warning : utilité, portée… censure ? de Aude réco

Cet article a 3 commentaires

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    1. Justine_CM

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