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Aujourd’hui, je prends ma plume non pas en tant qu’autrice et artiste randopuzzlelière, mais en tant que travailleuse.

Je suis aide à domicile, et je ne me contenterai pas de faire ce qu’on appelle le « service minimum ».
Après tout, le but d’une grève est de revendiquer des droits. La seule chose qu’il pourrait se produire, c’est que le patronat alerte la préfecture pour nous réquisitionner.

Alors ouais, je vais perdre une journée sur mon salaire, qui n’est pas bien haut.

Perdre une journée de salaire, ou ne pas voir la couleur de ma retraite un jour ?

On ne va pas se mentir : si on ne fait rien maintenant, alors ce sera terminé. Les personnes âgées coûtent cher, les malades creusent la dette, vous le connaissez ce discours puant. Si vous le cautionnez, vous devez réellement prendre la mesure des conséquences puisque vous en serez complices.

Ma mère a cinquante-cinq ans, est aide-soignante, vous la voyez encore travailler jusqu’à soixante-quatre ans, ou plus si elle n’a pas tous ses trimestres ?

Et moi ? À soixante-quatre ans, je n’aurai pas tous mes trimestres. Je devrai traîner mon corps jusqu’à quel âge ? En sachant que je m’occupe de personnes qui auront le même âge que moi, voire seront plus jeunes ?

Ah, et le fameux « Si ça ne va pas, allez voir ailleurs, formez-vous, changez de métier, et gnagnagna », discours de privilégiæ. Discours d’une personne qui ne connaît pas la réalité du marché du travail (ou qui n’a pas à s’en inquiéter) et préfère bêler que « les jeuuuuuuunes veulent paaaaas travailleeeeer » – ou les vieux. Ou tout le monde tiens, bah oui y a que des personnes fainéantes… sauf qui ?

Les politiques savent ce qu’iels font.

La retraite devrait être basée sur les critères suivants :

– L’âge où l’on a commencé à travailler.

– La pénibilité du travail en question.

– La santé de la personne qui travaille.

– S’adapter au marché du travail en plus du reste.

Etc.

Des bases pleines de bon sens, non ? Hmmm ? Oups, j’ose m’exprimer à ce sujet alors que je ne suis qu’une précaire qui n’a pas fait de grandes études. Sauf que moi, je suis sur le terrain, je sais un minimum de quoi je parle.

Là de ce que je vois, on préfère se comparer aux pays voisins, sans prendre en compte leur propre système économique, sans réaménager le temps de travail (coucou l’Espagne et sa semaine des 4 jours), parce que vous voyez bien : « La Fraaaaaaaance est en retaaaaard ». En retard de quoi ? Certains pays ont reculé l’âge de la retraite et l’ont regretté (coucou la Suède). Et, Ô surprise, l’économie, c’est pas trop ça. Bah oui, avec la moitié de la population retraitée en-dessous du seuil de pauvreté, alors qu’on parle de gens qui ont bossé toute leur vie, dans des conditions assez dures…

Mais bon. Nos politiques le savent très bien, et ce ne sont pas les intérêts du peuple qui prévalent.

Bref. Vous avez saisi l’idée.

Et pardonnez-moi de vous le dire : l’ultra-gauche n’existe pas plus que l’ultra-droite. La gauche n’est pas l’extrême-gauche.

Les politiques savent ce qu’iels font. Ils savent employer ce vocabulaire « d’ultra » à leur escient. Iels savent diaboliser la gauche, faudrait pas dire trop fort que nous sommes en marche vers l’esclavage. Pour l’extrême-droite, on lui préfère le terme « d’ultra-droite » pour « adoucir », mais non, en fait.

Il s’agirait d’arrêter de courir et d’ouvrir les yeux. Cette réforme des retraites est une preuve de plus qu’on nous détruit nos droits. Et le « gneugneuh ça sert à rien de faire grève », ah bah on va aller loin comme ça hein. Bien sûr, il s’agit de prendre d’autres mesures ensuite.

C’est justement en ne faisant rien qu’on se fera couillonner.

Après, c’est peut-être ce que vous voulez. Peut-être que vous ne vous sentez pas concernæs, parce qu’après tout, « faire grève, c’est pour les wooooookes ».

Ouais vraiment, les gens, arrêtez de vous en remettre à la propagande des médias (détenus par les proches de Macron) et réfléchissez, notamment au fait que des milliardaires ont signé des tribunes pour indiquer qu’ils sont prêts à payer plus d’impôts pour éviter cette réforme. On rappelle qu’ils en paient moins que vous et moi (3.5% en moyenne).

À moins que vos parents, s’iels travaillent encore, aient un métier très bien payé et dans d’excellentes conditions, je doute fortement que cette réforme sera « pour leur bien ». Vous ne vous sentez pas concernæs ? Pensez à elleux.

Ah, et concentrez-vous un peu : au lieu de me juger à l’aune de mon emploi de l’écriture inclusive et consorts, veuillez adresser le fond du propos : le droit de grève, c’est pas une distraction. Le droit de grève, c’est pour défendre nos droits.

Oh, mais oui qu’on a des droits. Oui, oui. Se tuer au travail, trimer pour engraisser certaines personnes, n’en fait pas partie 😊.

Sur ce, moi, j’ai une grève à préparer. La précaire que je suis vous salue bien bas.

Je remercie Julie Animithra pour la relecture et pour les précisions sur certains points, notamment les statistiques. N’hésitez pas à consulter ses RS : Facebook, Twitter, Instagram…