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Pourquoi je n’aime pas donner des conseils

Cet article complétera ceux déjà publiés, notamment Pour être unæ auteurice, il faut être linéaire, Doit-on mériter les livres que l’on lit, et Être auteurice pro. J’en profite pour dire que si j’ai eu l’air d’aller dans l’injonction ou de donner des conseils non sollicités, je m’en excuse (non, pas taper, je sais, Désoline, tout ça, tout ça, haha !), et je vous invite à me signaler les passages problématiques pour que l’on en rediscute.

En 2006, j’ai commencé à publier mes premiers poèmes sur La Passion Des Poèmes.

2007, c’est l’année où j’ai commencé à pratiquer l’art de la critique constructive pour la poésie. Un art vite étendu aux nouvelles et aux romans.

Cela fait quatorze ans que j’en donne (des critiques constructives) et que j’en reçois. Loin de moi l’idée de prétendre que je suis une experte sur la question. La preuve, encore aujourd’hui, j’apprends encore des choses.

Il n’empêche, au bout de quatorze ans, pourquoi ne pas devenir une coatch d’écriture ? Pourquoi ne pas faire comme beaucoup d’auteurices sur les RS et publier des conseils, même sous forme de petits posts ? Certaines personnes viennent aussi me voir en privé pour que je leur donne des conseils…

C’est plutôt cool sur le papier. En vrai, je suis mal à l’aise, et je vais vous expliquer pourquoi.

Je tiens à éclaircir une chose avant de commencer : aucun syndrome de l’impostrice ou sentiment de légitimité ne guident mes mots. Ce n’est pas à cause de ça que je n’aime pas donner des conseils. Je sais que j’en ai les capacités, que je suis pédagogue aussi (eh, j’ai été institutrice, même si je n’ai fait que des suppléances dans le privé et que je n’ai jamais réussi à décrocher le concours), mais voilà, je ne souhaite pas en faire une activité annexe, comme la bêta-lecture ou la correction.

– D’abord, il y a des personnes très compétentes qui fourmillent sur le web et les RS. Des personnes bienveillantes, qui n’imposent rien et qui vous diront toujours qu’elles ne détiennent pas la vérité absolue. Oui, parce que bon, il est vrai qu’il y a aussi des personnes qui proclameront que seule telle méthode marche et pas une autre (exemple : une histoire ne peut être écrite qu’avec un plan et pas autrement). Ces personnes-là, ne les écoutez pas. Bref, je divague.

– Certes, des personnes compétentes et bienveillantes, il y en a beaucoup, vous ne savez pas vers qui vous tourner. Testez, expérimentez, trouvez les conseils (et les personnes) qui vous conviendront le mieux. Alors oui, là, je suis en train de donner un conseil, ni plus ni moins, haha. Mais vous voyez l’idée. Et pour les personnes qui me répondront que chacun est unique, que mes propres conseils leur parleront plus que d’autres, certes, mais d’autres raisons font que je ne souhaite pas me lancer là-dedans.

– Je suis avant tout une autrice. À côté, je fais de la bêta-lecture, de l’alpha-lecture (moins, mais ça m’arrive) et de la correction. J’ai un certain bagage, je continue d’apprendre, et je m’épanouis là-dedans. Devenir coatch d’écriture, ce n’est pas ma came, je n’en ai pas envie, tout simplement.

– Quand je fais de l’AL, BL ou de la correction, je ne suis pas là pour dire à l’auteurice « Je te conseille de faire comme ceci/comme cela ». Je relève les couacs (forme et fond), je donne mon avis personnel, je donne des liens (surtout en correction) pour appuyer mes propos. Je fais des suggestions, l’auteurice peut prendre ça comme base ou faire autrement. Bon par contre, en correction, quand il y a des fautes, il y a des fautes hein, il n’y a pas matière à discussion.

– Je reste une personne très, très, très prudente. Quand une personne vient me demander une AL, une BL ou une correction, je tiens à ce que tout soit très clair dès le départ, quitte à faire une sorte de contrat écrit. Les mésaventures que j’ai pu connaître, où certaines personnes auraient voulu que « j’écrive/fasse leur boulot à leur place », ou venaient se plaindre après de ma façon de faire alors que c’était ce qu’elles m’avaient demandé, ça m’a vaccinée (urg, désolée pour ce verbe qui est peut-être inapproprié compte tenu le contexte…).

Une des règles d’or avec moi est que je n’impose rien, que je ne détiens pas la vérité absolue. En revanche, qu’on ne vienne pas me reprocher d’avoir été pointilleuse si on me l’a demandé. Qu’on ne vienne pas non plus me reprocher de relever et corriger les fautes aussi, faut pas déconner.

– Si côté BL/AL/corrections, j’arrive plutôt bien à gérer ça, je ne suis pas certaine d’y parvenir en tant que conseillère ou coatch… Donner un conseil n’est pas anodin. Émettre une critique non plus cela dit, mais ce n’est pas tout à fait pareil. Bon, déjà, il faut faire attention à notre manière de formuler, ça c’est clair. J’ai toujours la crainte que mes propos soient mal compris ou de mal expliquer… En revanche, la façon dont tel propos/telle critique/etc. sera perçu.e par l’autre, cela ne dépend pas que de nous… Cela dépend aussi de l’autre. C’est pareil pour le conseil. Je ne suis pas responsable de la façon dont sera finalement reçu le conseil/la critique dès l’instant où j’aurai été parfaitement claire, où j’aurai prévenu l’autre en face de moi.

Vous pouvez me trouver un peu paranoïaque, légèrement psychorigide, mais je l’assume. C’est pour ces raisons aussi que je ne serais pas forcément une bonne coatch ou une bonne conseillère. En plus, une part de subjectivité entrerait en ligne de compte : pourquoi je privilégierai tel conseil et pas un autre pour telle personne ? OK, je suis censée connaître un minimum le fonctionnement de cette personne, mais être autrice moi-même, BL, AL et correctrice me suffisent déjà.

Je préfère pointer les points forts et les points faibles d’un texte, sans donner des conseils derrière. ‘fin, je vais suggérer oui, j’ai déjà expliqué plus haut, mais voilà. Puis, bon, les personnes avec qui je travaille vous le diront. Après, même avec elles, je suis très frileuse à l’idée de donner des conseils. Je préfère suggérer, les laisser tester. Ensuite, je leur livre mon ressenti, les aiguille un peu, mais le principal, c’est qu’elles trouvent leur équilibre seules.

Je suis moi-même une… Je ne peux pas dire « autodidacte », puisque je ne pars pas de rien pour faire tout toute seule, mais vous voyez l’idée. En vrai, je ne sais pas ce que je suis… Quoi qu’il en soit, je ne rentre pas dans les cases, je ne suis pas scolaire dans mon approche. Et rien que pour ça, je ne suis pas la bonne personne pour coatcher/donner des conseils.

Oui, cet article est ENCORE brouillon. En même temps, vous devriez être habitués depuis le temps. Mes billets sont toujours spontanés et partent dans tous les sens… 😊

Et vous, que pensez-vous des conseils ? En donnez-vous ? Êtes-vous coatch vous-mêmes ou faites-vous des posts « conseils » sur les RS ?

Quelques liens vers des contenus gratuits (blog, vidéos), pour se faire une idée avant d’aller plus loin par exemple avec des ouvrages, des masterclass :

TataNexua (Youtube)

Julie Ferrier – Apprendre le storytelling (site)

Stéphane Arnier (site)

Diverses newletters comme celles de Cécile Duquenne, Coralie Raphaël…

Il y a à prendre, à laisser, quoi qu’il en soit, comme dirait Stephen King : montez votre propre boîte à outils :).

Cet article a 3 commentaires

  1. CharlotteK

    Très intéressant !
    J’ai un peu la même vision sur les conseils et la façon de les utiliser !

    1. Justine_CM

      Merci :). Ça fait des années que j’ai la même ligne directrice.

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