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Lettre ouverte d’une « instit’ pas instit’ » (maternelle)

Dans une autre vie, j’ai été enseignante suppléante dans le privé, de la maternelle au CM2. Je republie en deux articles distincts mon vécu sur ma dernière suppléance, qui fut littéralement la descente aux enfers pour moi (coucou, le burn-out…).

[Avertissement : lettre écrite en juin 2016, quand j’étais encore institutrice suppléante dans le privé. Seules les fautes ont été corrigées, et j’ai ajouté quelques précisions.]


Cette formulation peut vous interloquer et vous amener à dire : « Elle ne se considère pas comme une enseignante, celle-là. » Ce que je vais vous raconter ici vous détrompera, du moins, je l’espère. Vous comprendrez pourquoi j’ai choisi cette fameuse formulation.

Je vais vous livrer ici une partie de ma vie, raconter mon histoire sur un fait qui peut toucher n’importe quel autre enseignant – et même n’importe qui, parce que… Je parle par énigmes, je sais. Une sale habitude que j’ai. Je vous promets de me livrer ici, parce que j’en ai besoin, même si ça va être assez pénible pour moi.

En revanche, vraiment, je ne vous demanderai qu’une seule chose, surtout si vous êtes parents : lisez-moi jusqu’au bout. Je ne vous demande pas de me comprendre par la suite, mais d’avoir au moins une certaine prise de conscience sur ce que signifie être bienveillant. Il s’agit d’une façon d’être que l’Éducation Nationale tente de promulguer depuis la loi de la Refondation de l’École. Je ne suis pas là pour dire si c’est bien ou non. Certaines décisions me semblent totalement inadéquates, d’autres non. C’est pas du tout le sujet de cette lettre. On est pas là pour parler de l’Éducation Nationale, mais de moi.

Depuis le mois de janvier, je suis en suppléance en maternelle dans une école de village. Nous sommes en juin, l’année n’est pas encore finie. J’ai des Toutes Petites Sections, des Petites Sections et des Moyennes Sections. L’après-midi, j’ai les Grandes Sections en Phonologie. Lorsque j’ai appris qu’il me faudrait gérer tout cela, j’ai eu peur. Je n’avais eu, lors de mes suppléances précédentes, que des classes en école élémentaire (du CP au CM2) surtout, même si j’avais déjà été confrontée à la maternelle. C’était toujours en Moyenne Section, et ma plus longue suppléance en maternelle avait duré deux semaines. Pour l’école élémentaire, par contre, j’ai eu des courtes et des longues suppléances, dont une d’un an en 3/4 temps, en CE1.

Là, il s’agit d’une suppléance de six mois sur un triple – voire quadruple… – niveau. Bon, de toute manière, beaucoup d’enseignants du premier degré passent par là. Je n’allais pas en mourir. Je me disais en décembre : « C’est une chouette expérience que tu vas vivre là, même si tu vas être très souvent épuisée. » En maternelle, ce n’est pas le travail de correction qui nous épuise : c’est la gestion de la classe. Enseigner en maternelle et en élémentaire, c’est pas vraiment la même chose, ce sont deux mondes différents. On ne se la coule pas douce avec les « petits », ah ah, oh que non ! Ce n’est pas si simple…

Je remplace donc une collègue partie en congé maternité. J’ai assisté aux derniers jours de classe en décembre pour voir l’organisation. J’ai vu que les enfants adoraient cette maîtresse en maternelle, certains énormément. Il en était de même pour les parents, ils étaient tous sous le charme. Elle m’a assuré que c’étaient des enfants et des parents vraiment « cools ». Pourtant, à ce moment-là, je me suis dit : « Ça va être dur de prendre le relais », plus que lors de mes autres suppléances. Des comparaisons entre cette maîtresse et moi seraient inévitables. Je me suis préparée à ça, ainsi qu’à d’autres petites choses. La routine, quoi. Pourtant, j’avais quand même plus d’angoisse que lors de mes autres suppléances.

Je n’ai rien vu venir. Affronter des petits qui supportent mal le changement de maîtresse, surtout en maternelle, je m’y attendais plus ou moins. C’est normal. Commettre des boulettes aussi – personne n’est parfait, je débarque, logique. En plus, préparer entièrement ma classe de maternelle… c’était tout nouveau. Lors de mes précédentes suppléances en moyenne section, je donnais le travail à faire que l’enseignante que je remplaçais avait préparé… Bref. Voir une petite fille aller mal… Non, là, je ne m’étais pas assez blindée. J’aurais dû, cela m’aurait peut-être évité d’en arriver à ma situation actuelle. Mais bon, on ne peut refaire le passé…

Cette petite, qui est en moyenne section, a commencé à pleurer tous les matins au moment de quitter sa mère, puis à ne plus vouloir effectuer certaines choses liées à la vie de classe – sauf le travail en atelier. Elle collait tout le temps l’assistante maternelle du matin, refusait de participer aux récréations, le goûter du matin… Après, ce n’était pas tout le temps. Elle jouait aussi avec les copains, racontait sans problème ce qu’elle faisait à la maison lors du temps de langage par exemple, elle participait…

Bien entendu, sa mère s’inquiétait, me questionnait. Puis, arrivèrent quelques petites remarques : « Avec maîtresse *, elle ne faisait pas du tout cela », « Est-ce que vous criez souvent ? Ma fille a peur lorsque vous le faites… », « Elle ne veut plus aller à l’école », « Elle dit que le travail que vous donnez est trop dur », etc. Lors de ces semaines, j’étais à l’affût pour cette petite, je tentais de l’apprivoiser, de tout faire pour qu’elle ait envie de venir à l’école.

En mars, la directrice m’a conseillée de prendre rendez-vous avec cette maman et m’a assistée. Ce qui faisait que nous étions trois. La première erreur que j’ai faite, c’est d’avoir eu peur de prendre les devants pour poser ce rendez-vous bien plus tôt, sans forcément que la directrice soit là. Ces appréhensions, hélas, sont nées à cause du ressenti que j’avais. Je vous expliquerai par la suite.

Lors du rendez-vous, cela a été la dégringolade. La petite a très mal supporté le départ de sa maîtresse, qui lui manque beaucoup. Eh oui, elle a fait partie de ces enfants qui ont développé un lien très fort avec ma collègue. Je n’ai pas le même caractère que celle-ci et « les changements à la maternelle l’ont bouleversée ». Par exemple, j’élève la voix de temps en temps alors qu’elle, c’était plutôt rarement. Là-dessus, un mauvais point pour moi sans doute. Je l’avoue. Après, je le travaille, cette suppléance est une occasion excellente pour moi afin d’apprendre à vraiment poser ma voix, à appliquer la bienveillance et à la comprendre. C’est indispensable en maternelle…

Ensuite, cette mère a évoqué le « changement de physique » : ma collègue est grande et blonde, moi petite et brune. Ceci aussi « a bouleversé tous ses repères », d’après le pédiatre. Zéro réaction de la part de la directrice. Bon, c’est peut-être normal. Sa fille angoisse d’aller à l’école, ne mange plus le matin avant de venir. Le travail que je donne est « trop dur » alors que, la mère l’a constaté elle-même, il n’y a pas de problèmes dans le travail qu’elle fait, aucun bonhomme rouge, bien au contraire.

Elle parlait surtout du déroulement des ateliers, quand je leur demande de chercher un peu tout seuls avant qu’on en parle ensemble pour apprendre cette nouvelle notion. Souvent, la consigne que je donne est de « chercher, trier, etc. » pendant que je vais voir comment ça se passe dans les ateliers des petits et des tout petits. Le but n’est pas qu’ils réussissent pendant ces phases de recherche, mais qu’ils découvrent.

Autre point : la petite n’aime pas que je lui fasse des bisous ou des câlins. Les premiers matins, je tentais de la consoler en la voyant pleurer, et je faisais preuve de maladresse puisque la petite réclamait l’aide-maternelle. Des faits qui se sont donc déroulés il y a deux mois au moins. J’ai cessé cela. Cependant, la mère a remis le sujet sur le tapis tout en insinuant que je continuais à forcer la petite… Je n’ai pas apprécié et je l’ai détrompée, sans doute pas assez fermement, mais bon.

Pendant cet entretien, j’ai écouté cette maman sans presque pouvoir parler. J’étais mal. Je me culpabilisais. Je me sentais démunie, j’avais l’impression que c’était moi qui avais rendu cette petite fille malheureuse… Le choc pour une enseignante. Première fois que je vivais une situation pareille. Je n’avais aucun recul, et je n’entendais pas ce que me disait la directrice après le rendez-vous – c’est-à-dire de ne pas m’en faire, que ce n’était pas ma faute. Je n’y croyais pas, parce que cette mère en était intimement convaincue, et qu’un parent qui constate la détresse de son enfant, il a le devoir d’en informer l’enseignant…

J’ai parlé de cette histoire à certaines personnes. Toutes ont le même discours. Pourtant, je suis engagée dans une spirale infernale déjà, dès mars, dès ce rendez-vous. Même ma mère a essayé de me secouer un peu, impossible. J’en ai parlé à des collègues, aux assistantes maternelles, etc. Elles me disent que cette maman n’a jamais causé de problème à personne. Donc je me dis que tout vient de moi, finalement.

Cette maman est parvenue à me faire remettre en question comme jamais je ne l’ai fait. Ai-je quelque chose à me reprocher ? Une multitude, sans doute. J’ai voulu regagner sa confiance, ainsi que celle d’autres parents – bruits de couloirs le plus souvent, parce que tous les autres rendez-vous que j’ai pu avoir avec les autres parents se sont bien passés. J’ai voulu prouver que je suis capable malgré mes erreurs d’avancer et de donner envie d’apprendre.

Les mois ont passé. J’ai eu d’autres petits revers, mais jamais aussi importants que celui-là. J’ai été malade aussi, même si je ne me suis jamais posée en arrêt. C’étaient des petits maux chroniques : une sinusite qui m’a provoqué une névralgie faciale pendant plusieurs semaines, des extinctions de voix, des rhumes, des nausées, des maux de ventre… Je me suis mise sous homéopathie (la moi actuelle rigole. Eh oui, ma foi hein.) pour tenter de réguler le stress que je me coltinais tous les jours.

Il y a eu mes écrits du concours de recrutement de professeur des écoles à la mi-avril, puis l’annonce des résultats début mai… où j’ai dû faire face à une situation irréaliste : j’avais eu mes écrits. Je dois me préparer pour l’oral, maintenant. J’ai mis les bouchées doubles, j’ai pris du recul par rapport à ce que je vis en classe : des enfants qui testent les limites des adultes depuis peu, des jours difficiles avec les jours fériés et les ponts, un temps plus qu’exécrable, une classe excitée… qui était pourtant si calme en début d’année, surtout avec maîtresse * !

Nous arrivons enfin à cette semaine fin mai. J’aurais tellement apprécié que le coup de massue dont j’ai été victime soit reporté à la semaine prochaine. Vendredi, je passe mon dernier oral, alors forcément… mais remontons un peu en arrière, à quelques semaines plus tôt. Début mai, il faut trouver quoi faire pour la sortie de fin d’année. Miracle : avec l’assistante maternelle de l’après-midi et la directrice, nous avons trouvé pour moi et ma collègue qui gérait les Grandes Sections et les CP – suppléante comme moi, mais depuis le mois de mai seulement.

Dans les temps, j’ai mis un mot et demandé quatre accompagnateurs en plus de moi, cette collègue, et les deux assistantes maternelles. J’ai suivi le protocole de l’école sans m’en écarter d’un iota. La seule chose où j’ai merdé, c’est de ne pas avoir montré le mot à la directrice avant et apposé le logo de l’école sur le mot, que cela fasse plus « officiel » – après, elle m’a assuré que ce n’était pas grave, que ce n’est pas ça qui a déclenché la suite des événements. J’ai mal formulé le propos concernant le nombre d’accompagnateurs désiré par contre – oubli de précision qu’il en fallait deux pour ma classe et deux pour celle de ma collègue… Bien sûr, les parents se sont engouffrés dans la brèche. Toutefois, ce simple incident peut-il provoquer autant de réactions mécontentes… ?

Le fameux protocole : prendre les premiers parents à se manifester pour accompagner. Au bout d’une journée, hop, c’était déjà fait. Tout s’est envenimé : certains parents se sont sentis lésés. Certains ont commencé à râler de cette « façon de choisir les accompagnateurs ». Sauf que je n’ai fait qu’appliquer la politique de l’école. Idem pour ma collègue. Je ne parlerai qu’en mon nom, mais elle aussi a subi cette levée de boucliers ahurissante.

La semaine dernière, une maman met un mot pour prévenir qu’elle se déplacera « par ses propres moyens ». Sachant qu’une fois sur place, chaque accompagnateur aura son groupe d’élèves… Non, Pas possible de laisser passer ça. Cette maman aurait perturbé la sécurité des élèves en s’ajoutant comme ça. Après, cette maman, je la « comprends », elle m’a expliquée de vive voix par la suite pourquoi elle voulait agir ainsi. Ce n’était pas du tout contre moi, mais elle n’est pas souvent disponible pour participer à une activité de l’école. Pour une fois que là, elle pouvait, ben elle arrivait trop tard pour se proposer en tant qu’accompagnatrice…

C’est l’attitude de la seconde maman venue se plaindre qui m’a tout d’abord abattue… puis fichue dans une colère noire. La semaine dernière – nous sommes en juin –, elle me demande si elle peut accompagner. Je lui dis que nous avons déjà notre quota. Elle m’annonce alors que sa fille ne viendra pas du coup. Bon, très bien. Cela aurait pu s’arrêter là, mais non. Hier, elle me donne une lettre… où elle m’adresse un sermon. Elle ajoute de vive voix qu’elle est « mécontente et prendra un rendez-vous avec la directrice ».

Dans cette lettre, elle remet en question la façon dont sont choisis les accompagnateurs. Sauf que… c’est toujours comme ça que les autres années, les maîtresses de maternelle ont fait. Oui, j’insiste lourdement sur ce point. Midi arrive. On discute de ce problème avec ma collègue et la directrice.

Celle-ci prévoit une réunion entre elle et les parents pour « apaiser les tensions »… et aussi pour annuler la sortie s’il y a lieu. Mettre en danger des élèves à cause de parents prêts à débarquer sur le lieu où l’on veut se rendre, bouleverser l’organisation, hors de question. Puis elle parle de la fameuse lettre de cette maman, puisque je lui ai transmise cette dernière. Là, ma collègue de CM2, qui a eu le fils de cette maman, lâche que celle-ci est pénible ; qu’elle peut se montrer « sournoise ». Des propos qui surprennent la directrice, mais cette collègue ne se démonte pas et explique ses mésaventures.

J’ai senti un poids qui me pesait sur le cœur depuis de nombreux mois s’ôter. Je ne suis plus la seule à avoir entrevu le côté « sombre » de cette maman, que même l’aide-maternelle n’a jamais connu. Cette maman avec qui j’ai eu un rendez-vous en mars à propos de sa fille malheureuse… Oui, cette maman-là. Alors qu’on me rabâche sans cesse qu’elle n’a jamais fait d’histoires. Ma collègue de CM2 vient de remettre en cause cette affirmation. Elle confirme aussi mes premiers ressentis en rencontrant cette maman quelques mois plus tôt.

Après des mois de stress, où j’ai frôlé la dépression (la moi actuelle intervient pour dire que je ne l’ai pas que frôlée. Morte de rire, HEIN.), de galère parce que je suis une personne qui prend les choses trop à cœur, qui retient tout ce qu’on peut lui dire… La colère est montée. Progressivement. Hier soir, j’étais une boule de rage. Cela ne s’est pas arrangé lorsque j’en ai parlé à ma mère, et que j’ai aussi reparlé du rendez-vous datant du mois de mars. L’histoire du « physique ». Oui, rappelez-vous. Les mots de ma mère m’ont giflée : « Une minute, là, c’est de la discrimination. Elle t’a attaquée sur le physique ».

À ma collègue de CM2, j’ai raconté le déroulement de ce fameux rendez-vous, parlé aussi de ces mots lâchés sur mon physique. Elle a ironisé en disant que j’aurais pu faire un effort de ce côté quand même – humour, hein –, mais j’ai vu dans son regard que… non, ce n’est pas normal.

La moi actuelle va rajouter une petite note : la directrice ne m’a jamais défendue en vrai. Elle n’a pas remis cette maman à sa place quand elle m’a fait ses remarques sur mon physique. Comment vouliez-vous que je relève, moi, si « on » trouve ça normal, hein ? Bref.

Attaques sur ma personne. Des coups par derrière, comme l’histoire des câlins du matin alors que l’incident était clos, puis la lettre. Plutôt que de me dire tout de suite qu’elle était mécontente de l’organisation, elle a préféré attendre une semaine supplémentaire pour écrire ce mot et agiter le spectre du « j’en parlerai à la directrice » pour m’enfoncer. Sauf que là, la directrice ne compte pas donner raison (il était temps que tu réagisses.). Le fait que le matin, elle s’attarde un long quart d’heure dans la classe est une pression pour moi. J’ai le sentiment d’être ainsi observée, mais… ce n’est pas sain. Tout autre parent qui m’aurait aussi observée, cela ne m’aurait fait ni chaud ni froid. Elle… C’était un peu : « À quand la boulette de la suppléante ? »

Là, je décide de faire confiance en mes ressentis. Je ne l’ai pas fait avant, alors qu’ils étaient justes, et j’aurais continué à douter comme ça si ma collègue de CM2 n’avait pas raconté son histoire…

Cette maman ne m’a jamais accordé sa confiance. J’ai vécu un enfer et, malheureusement, ce n’est que maintenant que je me rends compte de ce que j’ai subi. Je peine encore à l’écrire, puisque je trouve ce mot bien trop fort, mais ma mère m’a secouée hier soir : c’est une forme de harcèlement. J’ai été une proie facile.

En faisant cette rétrospective, je me rends compte de certaines choses. Si je me suis mise autant la pression, si je m’en suis limite rendue malade, c’est aussi parce que j’ai été entraînée malgré moi dans ce cercle vicieux. Ces derniers mois, je n’ai pas été seulement une maîtresse en maternelle, mais aussi une « psychologue ». Écouter les enfants, aller jusqu’au bout pour dénouer leurs contrariétés, jusqu’à parfois ignorer qu’ils me testaient un peu… tout cela parce que je ne voulais pas voir un autre parent franchir la porte de ma salle de classe et lâcher les mêmes paroles que la maman de cette petite. Ou que celle-ci aille se plaindre de moi à la directrice et semer le doute sur mes capacités.

C’est idiot, mais au moins pour mes ressentis en ce qui concerne cette maman, je sais que j’ai raison. Dès le départ, j’ai senti que non seulement, elle ne m’acceptait pas en tant que nouvelle maîtresse, mais qu’en plus, elle a développé de l’aversion envers moi, de manière subtile… même physiquement.

Hélas pour elle, il en est de même pour moi. Sauf que chez moi, c’est une réaction de défense et que jamais je ne me permettrai de faire une quelconque remarque sur elle, et pas seulement par « bienveillance ». Je reste professionnelle et intelligente. Chez elle, c’est sans doute une réaction de défense aussi. Elle doit sans doute penser que j’ai provoqué le mal-être de sa fille – qui va beaucoup mieux maintenant, je vous rassure ! La maternelle, une vraie jungle.

Je n’ai pas écrit cet article pour que l’on plaigne les enseignants. Non, vraiment pas… Je voulais surtout montrer les difficultés que l’on peut rencontrer pour rattraper la confiance d’un parent lorsqu’on commet un faux pas, d’une part (surtout en maternelle…). Je voulais aussi mettre l’accent sur une réalité qui n’est pas aussi grave que si c’était un élève qui le subissait : le harcèlement. Enfin, surtout moral lorsqu’un enseignant est touché. Après, honnêtement, je ne saurais toujours pas dire si cette maman en a usé envers moi, mais d’une certaine pression psychologique, c’est certain. Si je me la suis en partie imposée, certaines choses m’y ont conduite.

Si vous êtes parents, j’ai un dernier message à vous adresser : en tant qu’enseignante, je ferai toujours des erreurs, mais sachez que je ne serai jamais insensible à la détresse d’un enfant, ou même un simple « mal-être ». Ne m’apprenez pas mon métier, s’il vous plaît. Je vous le demande en toute humilité. Je ne me permettrais pas de le faire pour le vôtre, ou même de juger votre rôle de « parent ». La bienveillance, c’est dans les deux sens. Moi comme vous pouvons être maladroits, mais il y a certaines choses qui peuvent prendre une tournure bien plus grave. Si nous ne travaillons pas ensemble pour le bien-être de votre enfant, alors il n’y a plus d’espoir pour qu’il y ait une réelle communication entre nous.

J’aime mon métier. N’en doutez jamais. Je ne suis peut-être pas une bonne maîtresse en maternelle, mais au moins, je fais tout ce que je peux pour le devenir…

Update du jeudi 18 mars 2021 : cette lettre ne raconte pas tout. Le second article dont je parlais plus haut abordera certains faits que j’ai occultés, volontairement ou non, et sur « l’après » : burnout, dépression sévère, chômage, crises d’angoisse à répétition, etc. La dépression d’Héloïse, dans Un pétale par sourire, c’est la mienne.

Si je suis aide à domicile aujourd’hui, c’est en partie à cause de cette histoire.

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