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La féminisation du français, pouah ?

Le sujet de cet article portera sur ma déconvenue et mon désappointement à propos de plusieurs choses touchant à notre langue. Il est assez vieux (2013, à l’origine), je l’ai remis au goût du jour et retiré des propos que je trouve peu intelligents aujourd’hui. Eh oui, je sais reconnaître quand j’ai dit de la merde. Bref.

Aaaaah, l’Académie française. La sacro-sainte institution de notre belle langue. Si nous devons justifier l’emploi ou l’origine d’un mot, c’est grâce à elle et à ses règles. Nous nous appuyons dessus sans nous poser de questions – et de quel droit le ferions-nous ? Inventer des mots ? Non, cela ne se fait pas aussi facilement, il y a certaines exigences à respecter. Cependant, lorsqu’il s’agit de réhabiliter des mots supprimés naguère pour X raisons…

Ma consternation est grande lorsque les gens s’offusquent et en viennent à sortir que si tel mot a été supprimé, il y a une excellente raison et que c’est comme ça et pas autrement. Je ne peux pas être d’accord avec ça en sachant que certaines règles grammaticales ou orthographiques n’existent que depuis quatre-cents ans et qu’elles ont été modifiées pour exclure la femme de domaines où « elle n’a pas sa place ». Ah, vous le voyez mon lien avec le féminisme ? Sauf que d’autres règles – qui n’ont rien à voir avec les femmes – ont été mises en place il y a peu dans le but de simplifier la langue française et son apprentissage. À mon sens, certaines sont maladroites, et je pense qu’il faudrait plutôt se focaliser sur la conjugaison par exemple, ou les accords.

Je pense également qu’il y aurait fort à faire avec des règles grammaticales et syntaxiques peu claires. Des règles où on sent cruellement la suppression du genre « neutre » existant dans plusieurs langues de notre monde, même s’il en reste quelques traces, pas vraiment utilisées comme telles. Je vise bien le pronom fourre-tout « on », ou encore « ce ». Eh oui : à la base, l’ancien français possédait bien plus de mots neutres, mais petit à petit, les genres « féminin » et « masculin » ont « avalé » ce genre neutre.

La règle de proximité, vous voulez qu’on en reparle ? Le masculin l’emporte, mais seulement depuis quatre-cent ans. Cette règle a engendré plusieurs soucis et confusions, et franchement, je pense qu’il faudrait revoir ce point-là en priorité pour au moins l’améliorer.

Sinon, je cite le passage d’un article publié sur l’Académie française : « pour désigner les qualités communes aux deux sexes, il a donc fallu qu’à l’un des deux genres soit conférée une valeur générique afin qu’il puisse neutraliser la différence entre les sexes. L’héritage latin a opté pour le masculin. » Bah… non. En latin, il y avait un genre « neutre », désolée. Le fait qu’il soit « identique » au masculin – et encore, ce n’est pas toujours le cas, il suffit de voir les déclinaisons – ne signifie pas que le latin a choisi le masculin. M’enfin… On est en plein dans le juger, imposer sa vérité.

Maintenant, passons à la réhabilitation des mots disparus. Je prendrai comme exemple des noms féminins de métiers jadis supprimés parce que « les femmes n’ont rien à faire là ». Je pense à « autrice », « rectrice », « artisane ». Voici quelques exemples de mots féminins disparus dans cet article : Le mot « autrice » vous choque-t-il ?

Alors là, je ris jaune : d’un côté, ces mots existaient bel et bien avant que l’Académie française décide de les supprimer. MAIS ! J’ai lu une horreur, sur le site de l’Académie, encore une fois : « On se gardera de même d’user de néologismes comme agente, cheffe, maîtresse de conférences, écrivaine, autrice… L’oreille autant que l’intelligence grammaticale devraient prévenir contre de telles aberrations lexicales. » J’ai juste envie de dire : vous ne vous foutez pas un peu de notre gueule, là ? Autrice existait avant que vous ne décidiez de le supprimer parce que « Le masculin l’emporte » ! Pour les autres mots, je ne l’affirmerai pas, mais au moins pour « Autrice », j’en suis certaine !

Lorsque vous mettez, je cite : « « Enfin, seul le genre masculin, qui est le genre non marqué (il a en effet la capacité de représenter les éléments relevant de l’un et de l’autre genre), peut traduire la nature indifférenciée des titres, grades, dignités et fonctions. » Non non non, je suis désolée, c’est VOUS qui l’avez décidé ça. Ce n’est pas « naturel ». Il existait un genre neutre comme je l’ai dit. Donc non, non, et non. D’aucuns pourraient arguer que j’en fais un fromage. Je cherche juste à montrer certaines contradictions/horreurs lâchées par cette Institution.

Enfin, il semblerait que les membres de l’Académie française soient revenus sur ces propos et qu’il y ait une légère évolution. Selon eux, il n’existe « aucun obstacle de principe » au sujet de la féminisation des mots/métiers. L’article de TF1 info aborde plus en avant cette question.

Je n’ai pas dit qu’il était facile de bousculer les règles. J’ai conscience que c’est un travail titanesque. Ce que je n’approuve pas, c’est quand on justifie son maintien de position sur un fond de sexisme – est-il conscient ou pas ? Je me pose la question parfois ! Je bondis de mon siège lorsque j’entends les gens dire qu’on « féminise la langue à outrance ». Non, non, et non. On réhabilite des mots injustement supprimés par des machos du XVIIe siècle, ce n’est pas pareil !

Alors quand je vous entends citer l’Académie française jusqu’à plus soif, veuillez vous renseigner sur ces fameuses règles que vous considérez comme acquises et posées depuis la nuit des temps. Ce n’est pas le cas, certaines n’existent que depuis quatre cents ans ! Avant de lâcher que des mots comme « autrice » écorchent les oreilles et ne sont pas valides en grammaire, ben… acteur, actrice ? La plupart des noms en « teur » se transforment en « trice ». Puis de toute façon, « autrice » existait, il possède donc une légitimité ! Si ce mot n’avait jamais été supprimé et côtoyait son équivalent masculin, je suis certaine que les « ce mot est moche » et consorts n’existeraient pas.

Bref. Voilà mon avis là-dessus, quelque peu enflammé, comme d’habitude ^^. Avis aux trolls : des fautes se nichent sans aucun doute dans cet article. Il est inutile de chercher à les traquer. Je ne travaille pas à l’Académie française, moi.

Quant à l’écriture inclusive, le neutre… Ouh la la, on n’est pas prêt.e.s, je crois. Vraiment pas. Pourtant, j’en parlerai dans un article ultérieur.

Sinon, les sources, les voilà : (manquerait plus qu’on m’accuse de ne pas citer mes sources, naméoh!) :

L’Académie :

Féminisation des métiers, mise au point de l’Académie (2014)

Guide de féminisation des métiers (2019)

Le cas du mot « Autrice » et de plusieurs noms de métiers féminins naguère supprimés :

Auteur, auteure ou autrice

La règle de proximité, du « masculin qui l’emporte » :

Le masculin l’emporte depuis seulement 400 ans

Morphologie française et « absorption » du genre neutre par les deux autres :

Le genre neutre

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